Les Aiguilles d’Or, ou Gilded Needles, en version originale, est un roman de Michael McDowell. Publié pour la première fois en 1980, les éditions Monsieur Toussaint Louverture l’ont traduit en français et publié en 2023 dans « la bibliothèque de Michael McDowell ». Après le succès des six tomes de Blackwater, le roman était attendu par les lecteurs. Il en annonce d’autres à paraître, jusqu’en 2025.
Comme indiqué par son titre, plutôt celui d’origine, Les Aiguilles d’Or se déroule pendant le Gilded Age, à New York. Cette période « dorée » a commencé après la guerre de Sécession. Le chemin de fer, les banques et beaucoup d’entreprises y ont connu une croissance fulgurante. La croissance a aussi été démographique et économique. Les aiguilles d’or ou aiguilles de Chinois sont des aiguilles utilisées pour la consommation d’opium.
Dans Les Aiguilles d’Or, le lecteur va des beaux quartiers de la ville au Triangle d’or, un quartier pauvre où saleté, misère, jeux et prostitution règnent en maîtres. Il suit la famille Stallworth, faite d’un juge, d’un avocat et d’un pasteur, et la famille Shanks qui pratique des avortements clandestins, organise des paris pour les combats entre femmes et dont les enfants participent aux complots dès leur plus jeune âge. Le juge Stallworth est impitoyable, Lena Shanks est un génie du crime. Les Stallworth veulent « éradiquer le mal » plutôt que d’aider les miséreux, Lena Shanks veut se venger du mal qu’on lui a fait à elle et à sa famille. Une guerre est déclenchée.
J’ai (plus qu’) aimé :
– découvrir Michael McDowell avec une autre histoire que Blackwater.
– son écriture toujours fluide et envoûtante. Il est très difficile de poser ce roman.
– qu’il y ait beaucoup de personnages mais qu’il soit impossible de se perdre.
– que l’auteur donne une épaisseur à chacun de ses protagonistes.
– le fait que le texte soit très visuel. Les descriptions sont superbes : odorantes, crasseuses, poisseuses. Le lecteur voit la ville, entend ses bruits. Il imagine malgré lui une série ou un film tiré de cette histoire.
– être dans New York à cette époque.
– le fin travail de recherches que l’auteur a réalisé pour déployer une intrigue historique comme celle-ci.
– l’aspect sombre de cette fiction.
– le fait qu’il s’agisse également d’un roman social. L’étude proposée ici est pertinente.
– les scènes marquantes. Il y a de grands moments dans ce roman.
Les Aiguilles d’Or est une œuvre à plusieurs niveaux de lecture, une carte aux ramifications voulues et impeccables, un roman maîtrisé dans le moindre détail qui captive, donne des frissons, fait s’exclamer tout haut et en même temps réfléchir sur la nature humaine. Un livre parfait ? Peut-être…
Présentation de l’éditeur :
Dans le New York de la fin du XIXe siècle coexistent deux mondes que tout oppose mais à peine séparés d’un coup de pistolet. D’un côté, l’opulence et le faste, les draperies soyeuses, les bijoux sertis et les sels parfumés. De l’autre, l’alcool frelaté et les jeux truqués, le vice monnayé, l’air saturé d’opium et la nudité corrompue. C’est à la frontière indistincte entre les deux, au cœur de l’infâme Triangle Noir et ses quelques kilomètres carrés de vices, qu’une famille fortunée va machiavéliquement chercher à asseoir sa notoriété en faisant mine de débarrasser la ville de sa corruption. Les Stallworth, dirigés d’une main de fer par leur patriarche, James Stallworth, influent et cruel juge, assisté de son fils Edward, pasteur presbytérien aux sermons incendiaires, et de son gendre Duncan Phair, jeune avocat à la carrière prometteuse, ont un plan implacable : déraciner le mal en éradiquant purement et simplement une lignée corrompue de criminelles, les Shanks.
Avec la complicité d’une presse prête à tout pour vendre du papier, d’une justice partiale et expéditive et de la peur viscérale qu’inspirent les déclassés, une machinerie infernale va se mettre en branle et n’aura de cesse que lorsqu’elle aura réduit sa cible en poussière. Seulement attention, à New York en 1882, la mort rôde quel que soit le quartier, toujours prête à frapper.
À mi-chemin entre un roman social et un roman à sensation, avec une touche de Dickens et un soupçon de Sweeney Todd, Les Aiguilles d’or brille par sa compréhension de la nature humaine et frappe par son écriture puissamment cinématographique. Le récit de cette lutte des classes, des pouvoirs et des sexes, tissé avec une précision aussi historique que diabolique, fait naître un plaisir presque coupable grâce à un savoureux mélange de justesse, d’authenticité et de démesure.
éé