Je remercie les Editions La Table Ronde
collection Quai Voltaire pour cette nouvelle lecture.
Traduction : Cécile Arnaud
David Park
Biographie de l'auteur :
David Park est l’auteur de onze livres, parmi lesquels The Light of Amsterdam, sélectionné pour le International IMPAC Prize, The Poets' Wives et The Truth Commissioner, adapté en téléfilm pour la BBC 2. Il a remporté le Author’s Club Award du premier roman, le Ewart-Biggs Memorial Prize et, à trois reprises, le McCrea Literary Award de l’université d’Ulster. Couronné également du Major Individual Artist Award par le Arts Council d’Irlande du Nord, David Park vit à County Down.
Présentation de l'éditeur
En 1973, Michael Miller, jeune diplomate timide, se retrouve en poste à Saigon alors que les États-Unis s'apprêtent à quitter le Viêt Nam. Travaillant comme gratte-papier dans une des multiples agences de renseignement présentes dans une ville sur le point de tomber aux mains du Viêt-cong, il donne l'impression d'évoluer dans une dimension parallèle, loin de la panique et de la violence ambiantes, jusqu'au moment où Ignatius Donovan le recrute officieusement pour le compte de la CIA... Quarante ans plus tard, Michael, devenu veuf peu de temps après avoir pris sa retraite, vit dans une maison trop grande pour lui au bord de l'Atlantique. S'il replonge dans ses souvenirs, c'est qu'il va devoir, au nom du passé, accomplir pour Donovan une dernière mission, quelque part sur la frontière mexicaine. Un espion en Canaan est un roman subtil et troublant où les blessures intimes se mêlent aux désordres géopolitiques. Dans la lignée de Joseph Conrad ou de Graham Greene, David Park fait de l'espionnage cette école mélancolique des rédemptions impossibles.
Un roman écrit à la première personne, donnant voix au jeune Michael Miller décrivant les derniers jours de Saïgon. Les États-Unis quittent le Vietnam, il a une vue imprenable et protégée en tant que jeune diplomate au service des agences de renseignements dans lesquelles il fait office de gratte papier. Lorsque Miller est recruté à temps partiel par l'agent Ignatius Donovan, il se retrouve plongé dans la noirceur des duperies qu'engendre la guerre. Pourtant il n'a de cesse que d'obtenir son approbation tout en voyant son estime de lui chuter. On assiste impuissant à cette roue qui tourne et broie tout sur son passage. La présence Américaine se veut sauveuse au Vietnam , en Irak ou en Afghanistan mais immanquablement cela ce fini mal avec les populations civiles en grand danger qui grossiront les « boat people » tout autant que ces images plus récentes où des hordes désespérées s'accrochent aux avions. Quarante années ont passé, on retrouve notre homme aux portes de la vieillesse tenter de se réconcilier avec lui-même toute honte bue entre rédemption et expiation.
L'écriture sans fioritures de David Park dresse un portrait sans concessions des derniers moments de la vie à Saïgon avec une force descriptive impressionnante. La fin d'une collaboration, un démantèlement qui se fait dans la trahison et l’abandon de ceux qui travaillaient pour eux.
Les personnages sont essentiellement masculins et sont des caractères en opposition entre l'innocence voir la naïveté de Miller, le côté fourbe et sans scrupules de Donovan. Pourtant tout au long du livre, tout comme dans la mémoire de Miller une femme sera toujours présente, en filigrane, la belle Tuyen au destin incertain. Un superbe roman qui offre une vision d'un monde tournant en boucle, où les murs et les barbelés sont toujours plus hauts et plus nombreux. Bonne lecture.
Citations :Après quelques heures de dilemme, j’ai pris ma décision, et il serait malhonnête de ne pas admettre que, s’ajoutant à une possible dimension rédemptrice, deux élans contraires sont entrés en ligne de compte. Aussi indigne que ça paraisse aujourd’hui, une partie de moi au moins y voyait un moyen de punir Donovan, tandis qu’une autre partie très différente l’envisageait comme le geste romantique que ma vie ne m’avait jamais donné l’occasion de faire.
Une maison qui a désormais trop de pièces vides, toutes soumises à la lente infiltration de la solitude. Une maison qui donne moins l’impression de protéger que d’enfermer.