Paideia
Par Claire GARAND
Chez La Volte
Avertissements de contenu : eugénisme, harcèlement, violences verbales et physiques, descriptions graphiques de blessures, validisme, guerre.
Dix petites filles dans dix stations en orbite autour de la Lune, derniers espoirs de l’humanité morte sur une Terre empoisonnée.
Parce que l’une d’elles rêve d’arpenter les planètes, qu’elle est le souffre-douleur des autres, et surtout parce qu’elle est moins intelligente (4,2 seulement sur l’échelle de Breuil-Rostocka alors que les autres sont 4,5 ou 4,6). Ainsi, pour se faire accepter de ses condisciples, elle relève un défi stupide et découvre ce qu’on leur cache : leur destin de futures mères de l’humanité, sur la Lune terraformée, où elles passeront toute leur existence.
Paideia, c’est un roman où on ouvre la première page et on en ressort deux jours plus tard, tout décoiffé, et clairement complètement changé par notre lecture.
Ce qui m’a d’abord décoiffé, c’est la narration à la première personne. Nous sommes dans la tête de Quatre-Virgule-Deux, cette gamine de sept ans en orbite avec neuf autres de ses paires, génétiquement modifiées pour porter une nouvelle humanité sur la Lune terraformée pour en être le berceau. Notre narratrice rêve de visiter la galaxie, elle fait d’ailleurs ce rêve récurant où les habitants de Mars érige une statut en son honneur !
Depuis sa naissance, cette enfant apprend l’histoire de comment l’humanité s’est détruite, le codage, l’invention pour rendre la Lune encore plus viable à la nouvelle humanité, pléthores de langues mortes qui mettent à la même hauteur le grec ancien, le maya et le swahili. Un relent de passéisme est très présent dans ce qu’apprennent les petites filles, c’est assez cynique.
Il existe de nombreux parallèles entre ce que vie cette petite fille du futur à l’Histoire de la conquête spatiale contemporaine. La plume de Claire Garand est réfléchie, puissante et ne laisse rien dépasser. Une lecture que je recommande chaudement.