Éditions Dargaud, 2023 (173 pages)
Ma note : 17/20
Mariée très jeune au colonel Delmare, un homme rustre et violent, Indiana se sent quelque peu prisonnière d’une vie morne et sans saveur. Au Lagny, le domaine familial, notre héroïne finira par rencontrer un jeune monarchiste coureur de jupons : Raymon de Ramière. Se noue alors une véritable passion amoureuse du côté d’Indiana qui tentera dans un premier temps de lutter contre ses sentiments, avant d’expérimenter la désillusion. Heureusement, celle-ci pourra toujours compter sur le soutien de son cousin et ami d’enfance : sir Ralph.
Autant vous l’avouer tout de go, cette lecture fut un énorme coup de cœur. Je connais encore trop peu les écrits de George Sand, mais après avoir lu La mare au diable il me tardait de découvrir d’autres intrigues tissées par cette grande dame de la littérature classique. À quatre mains, Claire Bouilhac et Catel Muller réalisent ici un travail soigné pour cette adaptation BD du premier roman de la “bonne dame de Nohant” (publié en 1832).
Du graphisme au choix des couleurs, en passant par le découpage de l’intrigue en différentes sous-parties : tout me semble réussi. Le prologue et l’épilogue donnent la parole à George Sand, ce que je trouve bien pensé. Ceci permet en effet de replacer l’oeuvre initiale dans son époque tout en abordant le contexte de sa publication. Qu’une femme du XIXe siècle remette en question le modèle du mariage, tout en parlant désir féminin, était sacrément osé pour l’époque ! Quant à l’épilogue situé à Nohant, il éclaire mieux la fin de l’histoire, dramatique comme cela était en vogue dans la littérature romantique.
Un mari dur et autoritaire. Un amant séducteur et inconstant. Un admirateur discret et fidèle. Le portrait de tous ces personnages pourrait sembler de facture classique. On ne s’ennuie cependant pas une seule seconde tant s’enchaînent les surprises et rebondissements. J’ai aimé les planches consacrées à l’île Bourbon (qui représentent une tentative de fuir le Lagny, puis un renouveau possible). Le personnage de Noun, la femme de chambre, est également intéressant et je ne m’attendais vraiment pas à ce qui finit par lui arriver. Les décors, tenues, phrasés nous transportent quant à eux dans un voyage dans le temps réussi.
Après avoir lu l’adaptation BD de La princesse de Clèves (des mêmes autrices), cette lecture fut de nouveau une jolie surprise. J’espère, et j’aimerais tellement, que Bouilhac et Catel poursuivent leur collaboration en adaptant d’autres classiques de la littérature française. Quant à George Sand… nul doute que ce roman graphique ne fait que renforcer mon envie de continuer à découvrir sa plume, ses romans mais aussi son vécu.