Tokyo Mystery Café – Tome 1: La disparue d’Akiba (Atelier Sentô – Editions Dupuis)
Nahel est un jeune Français qui part vivre au Japon pour réaliser son rêve: devenir mangaka. Son premier objectif est d’intégrer un atelier. Pour cela, il décide de se rendre dans le saint des saints: le quartier Akihabara de Tokyo. Surnommé « Akiba », cet endroit est un véritable temple de la pop culture. Akiba est le paradis de tous ceux qui aiment les jeux vidéo, les animés, les mangas et le cosplay. C’est là qu’on croise la plupart des otakus, comme on appelle les passionnés de culture japonaise. Nahel loge dans un appartement minuscule situé au-dessus d’une boutique électronique miteuse tenue par le vieux monsieur Mirai, mais il ne lui viendrait pas à l’idée de se plaindre du manque de confort. Le jeune homme est surtout ravi d’avoir enfin atteint le lieu de ses rêves. Hélas pour lui, la suite va être moins joyeuse. Non seulement on lui claque la porte au nez au studio de monsieur Komatsu, le mangaka pour lequel il rêvait de travailler, mais en plus il est réveillé en pleine nuit par des chants dans l’appartement à côté du sien. En regardant à travers un trou dans le mur, il découvre l’existence d’une mystérieuse voisine. Pourtant, quand il en parle à monsieur Mirai le lendemain, celui-ci lui affirme qu’il n’y a personne d’autre dans l’immeuble… Bizarre! Quelques heures plus tard, Nahel sursaute en entendant des bruits de lutte dans la boutique. Quand il descend voir, il retrouve le vieux Mirai mal en point, tandis que sa voisine invisible a été enlevée par d’étranges criminels. Pour ne rien arranger, ces derniers commencent à poursuivre Nahel. Heureusement, il va être aidé par Soba, une collégienne pleine de ressources. Celle-ci emmène le jeune Français au Tokyo Mystery Café. Ce vieux bâtiment en bois traditionnel, installé entre deux immeubles modernes du quartier, est tenu par un personnage extravagant et un peu loufoque, qui est à la fois cuistot et détective. Ensemble, il vont partir à la recherche de l’inconnue disparue.
L’Atelier Sentô est un duo formé par Cécile Brun et Olivier Pichard. Depuis plusieurs années, ces deux Français s’inspirent de leurs voyages au Japon et des rencontres qu’ils y font pour faire découvrir à leurs lecteurs un Japon inhabituel, éloigné des clichés. C’était notamment le cas dans « La Fête des ombres », une magnifique BD en deux tomes qui se déroulait dans un petit village marqué par des traditions ancestrales. Pour la série « Tokyo Mystery Café », ils ont troqué la campagne pour la ville, mais en gardant la même approche. Munis de leurs pinceaux et leurs carnets de voyages, ils ont passé deux mois à Tokyo afin de repérer tous les lieux où se déroulerait l’enquête de Nahel, du patron et de son adjointe, la collégienne Soba. « Nous avons croisé au Japon plusieurs avatars du patron du Mystery Café et nous avons vu des mangakas et apprentis mangakas lors de visites dans des ateliers », expliquaient-ils récemment dans le journal Spirou. « Nous essayons de saisir l’essence de Tokyo lors de nos voyages. Nous crobardons beaucoup et prenons des tas de photos. Cécile parle le japonais, ce qui facilite les échanges. » L’objectif de leur nouvelle série est de combiner des mystères à résoudre avec une plongée dans la culture japonaise. Dans le cas de ce premier tome de « Tokyo Mystery Café », on découvre avec étonnement le fascinant quartier d’Akihabara, qui est le coeur battant de la culture geek à Tokyo. L’occasion pour le duo de l’Atelier Sentô de faire vivre ce haut lieu de l’électronique, dans lequel les boutiques historiques sont de plus en plus souvent remplacées par des commerces dédiés à la pop culture et dans lequel on retrouve des étranges « maid cafés » tenus par des jeunes filles habillées en uniformes de domestiques. L’enquête menée par Nahel va aussi amener les lecteurs à s’interroger sur la place qu’ont encore les artistes dans un monde où l’intelligence artificielle prend de plus en plus de place. Mêlant tradition et modernité, « Tokyo Mystery Café » est une série prometteuse dans laquelle Cécile Brun et Olivier Pichard partagent avec talent leur amour et leur fascination pour le pays des mangas… même s’ils passent par une BD franco-belge traditionnelle pour le faire!