Barbara Kingsolver, née en 1955 à Annapolis dans le Maryland, est une écrivaine américaine. Sous forme de romans, d'essais, de nouvelles ou encore de poèmes, ses écrits reflètent son intérêt pour la justice sociale et la biodiversité. Elle vit aujourd'hui dans les Appalaches. On m’appelle Demon Copperhead, son nouveau roman, vient de paraître.
Damon Fields, surnommé Demon Copperhead, est né sur le sol d’un mobil-home au fin fond des Appalaches, d’une jeune mère droguée vivant seule. C’est un Melungeon, une ancienne communauté métissée vivant initialement dans l'est du Tennessee, la Virginie-Occidentale, l'est du Kentucky et la Caroline du Nord depuis au moins 200 ans et peut-être depuis plus longtemps. Autant dire que la vie débute vraiment mal pour le gosse et c’est son parcours chaotique que nous allons suivre tout au long de ce roman.
Placé dans plusieurs familles d’accueil pas très fréquentables après le décès de sa mère, il va devoir trimer pour à peine être nourri ; après avoir fugué il partira à la recherche de sa grand-mère paternelle qu’il ne connait pas, ses qualités physiques le fond repérer par un coach de football américain qui le prend sous son aile et l’on pense qu’il va s’en sortir, devenant une vedette locale de son sport, mais une grave blessure stoppe sa carrière et le plonge dans la drogue (médocs)… Ce ne sont là que quelques épisodes de son odyssée, parsemée par de rares moments heureux, les voisins de sa mère où vit son copain Maggot, plus tard une professeur de dessin qui l’encouragera à travailler son talent pour cet art, ou bien Angus, la fille de son coach de foot, qui s’avèrera la seule à jamais le comprendre et peut-être l’accompagner dans son rêve ultime, voir un jour l’océan.
Le roman ressemble à beaucoup d’autres déjà lus, c’est vrai, mais Barbara Kingsolver connait son métier et use d’un procédé qui a toujours fait preuve d’efficacité, faire de Demon le narrateur de sa propre histoire. Et lorsque c’est un gamin qui s’exprime, du moins ici, si le fond de l’intrigue est tragique, le ton en est plutôt « amusant » parsemé de nombreux traits d’humour et nous évite le mélo (« Charles Dickens, un type hyper vieux, mort depuis un bail et étranger en plus de ça, mais putain, il les connaissait, les gamins et les orphelins qui se faisaient entuber et dont personne n’avait rien à branler. T’aurais cru qu’il était d’ici. »)
Le roman dénonce les failles des services sociaux, la spirale infernale de la drogue et plus largement, le regard que la société porte sur les plus mal en point des siens.
La lecture est aisée, le rythme rapide et les évènements s’enchainent les uns aux autres sans faiblir. Tout serait parfait, si ce n’était si long. Six cents pages !!! Et pourquoi pas huit cents ? A la fin j’en pouvais plus, mais si ce point ne vous rebute pas, c’est un très bon bouquin.