La souris qui voulait sauver l'ogre: Une enquête de la cellule Cornelia

Je remercie les  Editions Eyrolles

 pour l'envoi de ce  nouveau titre.

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Françoise Guérin

Biographie de l'auteure :

Françoise Guérin est psychologue clinicienne, spécialisée dans les liens parent-bébé. Son premier roman, "À la vue, à la mort" (Editions du Masque) a remporté le Prix du roman policier du Festival du film policier de Cognac 2007, et a été adapté à la télévision. En 2023, elle remporte le prix des lecteurs du Gujan thriller festival pour son roman "On noie bien les petits chats", paru chez Eyrolles.

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Présentation de l'éditeur

Qu’est-ce qui a bien pu pousser Pauline, brillante étudiante en classe préparatoire, à se jeter du toit de son lycée ? Maya Van Hoorenbeck, fine psychologue, est envoyée à Sète par la cellule Cornelia. Elle découvre que Pauline n’est pas la première à se donner la mort au prestigieux lycée de la Rédemption. Aidée de Sidney Moore, son acolyte québécois, et de Mrs. Robinson, sa fidèle doberman, Maya interroge l’entourage de Pauline et brosse le portrait d’une jeune femme pleine de fougue, militante écologiste investie. Comment a-t-elle pu arriver à une telle extrémité ? Et qui pourrait avoir intérêt à sa disparition ? Thriller psychologique haletant, La souris qui voulait sauver l’ogre nous plonge dans la fabrique des élites. Un univers aussi exclusif qu’impitoyable…   Françoise Guérin est psychologue clinicienne. Son premier roman, À la vue, à la mort (Éditions du Masque) a remporté le Prix du roman policier du Festival du film policier de Cognac 2007, et a été adapté à la télévision. En 2023, elle obtient le Prix des lecteurs du Gujan thriller festival pour son roman On noie bien les petits chats (Éditions Eyrolles).

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Ma chronique : 

Un livre qui ne laissera personne indifférent, il faut dire que le thème abordé est difficile, tabou. On ne parle pas facilement du suicide. C'est par le geste fatal d'une jeune étudiante Pauline que l'autrice va décortiquer ce geste sous un angle original, celui de la cellule d'enquête Cornelia dont fait partie Maya. Maya est psychologue, elle retourne dans la ville de Sète, plus particulièrement dans l'établissement élitiste de la Rédemption où la jeune fille issue d'un milieu modeste étudiait et où elle-même a fait un court passage, il y a de nombreuses années. La proviseure tente par tous les moyens de minimiser « l'accident ». Maya aura fort à faire pour libérer la parole et tenter de comprendre les mécanismes ayant mené au drame et proposé son aide. Un gros coup de cœur pour ce roman dense et profond qui nous propose un nouveau regard sur les répercussions d'un tel acte. On comprend aussi que parmi les causes, il y a cette course effrénée vers l'excellence, la compétition à outrance, le harcèlement scolaire et les réseaux sociaux. Un combo explosif qui n'a fait que renforcer les différences de classes en broyant les plus sensibles. J'ai aimé le personnage de Pauline avec sa personnalité de battante, son engagement écologiste et cette volonté farouche de s'élever. Parallèlement, en suivant Maya on découvre toutes ses fragilités et on comprend qu'elle aussi doit se battre. Porté par une belle écriture toute en sensibilité et en respect, le message passe clairement tout en évitant l’écueil d'une énumération d'informations complexes. L'utilisation du "tu", crée une proximité et une immersion particulièrement intime pour le lecteur que nous sommes. En adoptant cette perspective, l'autrice établit un lien direct en donnant l'impression que le lecteur lui-même vit l'histoire. Cela a intensifié l'expérience émotionnelle m'a rendu le récit plus personnel. Un thriller a rebours qui remonte plusieurs pistes où la psychologie a la part belle. A découvrir absolument. Bonne lecture. 

Citations : 

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Pour quitter ceux qu'on aime, on a parfois besoin de les voir comme des bourreaux ou des monstres d'indifférence. On se récite les outrages répétés, les violences qui ont fait trace, les paroles aussi destructrices que les coups. On vacille au gré de la mémoire. On doit aussi, afin de sauver sa peau, se rappeler ce qu'on a cherché à enterrer. Le temps qu'une parole soit possible. Qu'un autre se prête à entendre ce qu'on a été contraint, si longtemps, de taire. Oublier et se souvenir, tour à tour, comme une palpitation.


Entendre les parents endeuillés. Leur offrir le temps pour dire, le temps de la parole qui hésite, qui cherche le mot juste et tente de formuler l'impensable. Leur enfant est mort. Impensable. Mort avant eux. Impensable. Mort par sa volonté. Impensable. Ils n'ont rien vu venir. Ou bien ils n'ont pas su quoi faire. Pas osé. Pas trouvé les mots. Tellement peur de dire des bêtises, de se tromper, de blesser, surtout. Peur de précipiter les choses et de nuire. Et puis voilà. L'impensable est arrivé. Et le monde continue de tourner. Il tourne. Indécent. Un manège fou qui les laisse sur le bord. Comment survivre à ça ?

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