Abir Mukherjee, né en 1974 à Londres, est un romancier britannique d'origine indienne. Diplômé de la London School of Economics il s’est lancé dans le monde de la finance avant d’entamer en 2017 une carrière d’écrivain de polars avec une série mettant en scène le capitaine Sam Wyndham, ancien inspecteur de Scotland Yard qui faisait partie de la police impériale et le sergent Surendranath Banerjee.
C’est toujours avec impatience que j’attends la parution d’un nouvel épisode de la série Une enquête du capitaine Sam Wyndham. Le Soleil rouge de l’Assam vient de paraître en poche et c’est le plus réussi à ce jour.
1922, Inde. Sam Wyndham quitte Calcutta pour un ashram dans les montagnes de l'Assam pour y suivre une cure de désintoxication et vaincre son addiction à l'opium avant que sa hiérarchie n’en prenne ombrage. A son arrivée en gare il croit apercevoir dans la foule un visage connu, un homme qu'il croyait disparu à jamais. 1905, Londres. Wyndham, jeune agent de police, est le témoin impuissant de l'agression de Bessie Drummond, une jeune femme qui le lendemain est retrouvée battue à mort dans une chambre fermée de l'intérieur. Sam se jure de trouver le coupable pour que justice soit faite mais aussi parce qu’il avait eu une brève liaison avec la victime...
Cet excellent volet de la série accumule les points forts. Le récit court sur deux époques en deux lieux bien différents, en alternant les chapitres. La partie londonienne est la plus puissante car outre l’intrigue policière, nous sommes plongés dans le quartier de White Chapel et dans tout l’East End où règne la misère et l’exploitation des travailleurs. Avec ce crime, la population veut un coupable et comme de juste le bouc émissaire est un Juif, la communauté juive de Londres s’étant établie là. L’écrivain pointe du doigt l’antisémitisme (« Tandis qu’un Juif en costume et chemise propre pouvait passer pour un Anglais, et c’était peut-être ce que les gens trouvaient impardonnable »). Un sujet toujours d’actualité qui a incité Abir Mukherjee à écrire ce roman, comme il l’explique dans la postface. La chasse aux sorcières fera condamner un innocent, ce qui pèsera lourd sur la conscience de Sam.
Près de vingt ans plus tard, en Assam, nous suivons la douloureuse désintoxication de Sam dans son ashram compliquée par le cadavre d’un Européen, Le Corbeau, qui va in fine relier le Londres d’hier et l’Inde du jour. Un pays où Gandhi cherche à changer la donne, où le colonialisme bat de l’aile, où l’arrogance du Blanc n’est plus acceptée par les locaux et où, même l’adjoint de Sam, le sergent Surendranath Banerjee montrera des velléités de respect.
Des personnages attachants, une intrigue policière qui tient la route et un contexte politico-social divers pour donner de l’épaisseur au roman. Parfait !