Des centaines de nouveaux livres de tous genres confondus sont attendus pour cette nouvelle Rentrée Littéraire. Et à nouveau, plusieurs titres m'ont donné vraiment très envie de les découvrir! Retrouvez ici ceux que j'ai lus et et ceux que je compte lire, mes avis remplaceront progressivement les présentations des éditeurs au fur et à mesure de mes lectures!
La Louisiane.Julia MALYE. Éditions Stock, à paraître en janvier 2024
Un roman magistral qui nous emmène en Louisiane, alors française, au XVIIIe siècle. Nous sommes auprès de trois femmes, Charlotte, Geneviève et Pétronille, que nous allons suivre pendant environ 20 ans, arrachées à la France en vue de peupler cette terre nouvelle. Sororité, amitié, luttes, émancipation, pouvoir sont au cœur de ce roman historique au souffle sensoriel intense et où l'on sent les nombreuses recherches de l'autrice pour nous y immergr.
Sa chronique ICI
"Elles attendent ce moment depuis des mois et maintenant qu'elles sont là, elles se sentent indécises, mal à l'aise, un peu tristes. Que leur reste-t-il à espérer, une fois le voyage terminé ?"Lyon
Nuit du 28 au 29 juin 1944, sept hommes, juifs, sont fusillés en représailles.
A leur côté, leur nom sur une feuille.
Sauf pour un... Devenu "L'Inconnu de Rillieux".
Cet Inconnu hante Murielle Szac depuis trois décennies, depuis qu'elle a découvert sa mort et son anonymat tragiques par hasard. Alors elle lui rend un vibrant hommage dans ce court, et inéluctable, roman qui retrace les dernières heures de sa vie et de ses compagnons d'infortune, enfermés avec deux jeunes Résistants.
Elle leur entremêle des paroles choisies de Tosca, l'opéra de Puccini que l'Inconnu (qui se fait appeler Ange) chante, des figures mythologiques à la sombre et honteuse histoire de la milice française qui a assisté, anticipé même, les demandes antisémites nazies
C'est un poignant " roman pour aujourd'hui" que Murielle Szac nous livre, tout en délicatesse et dramatique beauté.
" Pour que rien ne puisse recommencer".
Paris, années 50.
Le grand frère de Camille est mort, sa mère en dépression, son père réfugié dan son entreprise de camions et elle, délaissée. Aussi quand un cousin venu de Vendée vient travailler en tant que mécanicien, y place-t-elle une figure fraternelle. Il apporte au sein de ce foyer terne et triste la vie. Il leur permet de sortir, de redécouvrir Paris et ses beautés, de rire, de s'amuser. Mais un jour, alors que Camille a grandi, que des formes se dessinent, le regard du cousin sur elle change. Dans sa candeur, la fillette ne voit pas, ne comprend pas. Son corps saisit le danger avant son esprit mais il est trop tard. Elle essaie de s'en prémunir, d'en réchapper, de séduire, de s'y faire, de s'écarter... jusqu'au jour où cela va clairement plus loin.
Dans un récit sans ambages, Michèle Aubrière se livre. Car si elle a choisi la fiction, il s'agit bien de son histoire. Elle décrit les différents mécanismes d'approche du Cousin comme de défense de Camille, comment le Cousin assure sa place dans la famille, s'assure son silence auprès d'elle et ce qu'il cache en réalité... Et bien sûr les conséquences sur le très long terme pour Camille. En parallèle, et en métaphore de son histoire, se fait le récit de la maison dans laquelle son père voudra rester jusqu'au bout, jusqu'à sa destruction en vue de la transformation de Paris. La disparition, destruction de la maison, apparaît comme une étape dans sa reconstruction à elle.
un récit évidemment fort, parfois cru, et qui, s'il est nécessaire, n'a pas su totalement m'émouvoir comme je l'aurais souhaité.
Créatine.Victor MALZAC. Scribes / Gallimard, 2024
PREMIER ROMAN
Dans un long monologue à peine chapitré (leurs intitulés sont géniaux), un adolescent puis jeune homme, raconte son but (unique) dans la vie et le moyen qu'il se donne pour y parvenir: séduire TOUTES LES FEMMES en acquérant du muscle par tous les biais nécessaires et possibles. Si lui est premier degré, le livre ne l'est absolument pas et permet de pointer toutes les injonctions faites aux hommes, les héritées, transmises, sociales. Insatisfait, désireux du toujours plus, candide parfois même idiot, sensible et pudique sur des sujets anodins, notre jeune homme est au contraire beaucoup trop ouvert voire indifférent sur ce qui crée d'ordinaire des hontes. Et ainsi se raconte-t-il, lui qui a découvert son but avec Conan le Barbare, qui idolâtre Schwarzenegger, qui expulse ses pulsions et frustrations par des masturbations excessives, qui se trompe dans tous les chiffres mais que plus yen a et mieux c'est, qui a une relation conflictuelle avec son père, l'anti modèle absolu.
L'ai lu ce premier roman de Victor Malzac (qui a auparavant publié deux recueils de poésie) comme en apnée tant ses phrases sont longues, ses pages remplies et les pensées de son narrateur en boucle. C'est une forme narrative assez particulière, parfois oppressante, mais qui pointe avec d'autant plus de force les obsessions virilistes masculinistes qui ont toujours cours, et malheureusement qui reviennent même.
Et puis quelle couv'!
Maya Van Hoerenbeck, psychologue, est envoyée à Sète par la cellule Cornelia pour établir une autopsie psychologique suite au suicide d'une jeune étudiante de la Rédemption, Ecole d'études supérieure.
Pauline Cassan était une jeune fille brillante, investie, élue au Conseil d'administration, active dans son association étudiante "Décroissance" en lien avec l'environnement. Mais, venant des quartiers non aisés, elle avait dû faire face à une ostracisation toujours plus étouffante et perverse.
Maya, qui revient dans la ville de son enfance et avec un passé douloureux non résolue, agit avec méthode, interroge la Directrice de l'établissement qui n'a pas agi comme il aurait fallu, qui s'oppose fermement à son enquête, redoutant que cela n'affecte l'image de son établissement, elle rencontre plusieurs professeurs aux profils variés, engagés, désabusés ou antipathiques, les élèves, plus ou moins empathiques, et bien sûr les parents, la famille de Pauline.
J'ai beaucoup aimé cet épais thriller psychologique malgré quelques longueurs et facilités. Deux enquêtes parallèles sont en réalité menées par Maya, celle concernant Pauline, et celle de Maya sur elle-même et son passé, et j'ai trouvé que ce dernier aspect aurait pu ne pas être, ou pas si lourd. L'autrice a voulu trop en mettre. D'autant que Maya se trouve seule à Sète, son coéquipier n'ayant pu l'accompagner car plâtré d'une jambe, un coéquipier bien intuitif qui se trouve être un très bel homme venu du Québec, et avec qui tout semble naturellement se délier.
Au-delà, j'ai trouvé particulièrement intéressant cette notion d'autopsie psychologique, que je ne connais pas. Elle concerne tous les aspects qui suivent un suicide: ici, la prise en charge psychologique, voire physique, des élèves et adultes, immédiatement après les faits, voire sur le long terme, les différents interrogatoires des différentes personnes pour cerner la personnalité et la psychologie de la personne décédée et comprendre, cerner ses décisions et la dernière en particulier, comme déterminer les responsabilités de chacun. Et ceci est particulièrement bien rendu.
Au-delà, l'autrice aborde aussi les différentes sphères sociales de notre société, les apparences, les faux-semblants, l'écologie et l'environnement, l'engagement des jeunes (ou plutôt de certains), le mal-être adolescent (et ses causes).
Nul doute que l'on entendra (re)parler de la Cellule Cornelia!
Premier volet d'une trilogie, Pirkko nous fait ici deux récits. Son enfance jusqu'à ses dix-douze ans en tant qu'enfant unique dans une famille athée et politisée avec l'adhésion au Finlande-URSS, le contexte social et sociétal d'alors, les avancées technologiques, les étés passés chez Papi et mamie puis son entrée à l'école, dans différentes écoles. Le tout avec ses observations à hauteur d'enfant et ses remarques d'une maturité toute candide et juvénile. Et la genèse de ce récit suite à la mort de son père dont on découvre les derniers jours.
Pirrko dit "je" quand elle est dans l'action et "elle" quand est en réflexion. Il n'est d'ailleurs pas toujours aisé de savoir à qui renvoie ce "elle" car il y a tant d'autres "elles" qui gravitent autour d'elle. Elle s'interroge aussi sur l'identité, sur ce qui la forme, et sur le genre, répétant souvent qu'elle voudrait être un garçon. Dans la forme, il y a des sauts de ligne après le premier mot de la phrase qui font comme des respirations avant de clamer la phrase, l'idée, comme s'il fallait prendre ou avoir du courage.
Un premier volet qui sera suivi des deux autres (quand ils paraîtront) car la dénomination de "grande gueule de Helsinki" qui décrit son autrice m'interroge beaucoup! et il me semble que la vie de Pirkko doit être très haute en couleurs!
Présentation de l'éditeur: Toujours plus sombre, toujours plus dérangeant, toujours plus culte ! AprèsLa Leçon du mal, une nouvelle plongée horrifique et jubilatoire dans les méandres de la psyché humaine, avec en arrière-plan une vision acide de la société japonaise.
Dans le cabinet d'assurances où il travaille, Shinji Wakatsuki fait figure d'employé modèle. Méticuleux, rigoureux, il traque sans relâche les incohérences dans les avis de décès. Car Wakatsuki le sait : nombre d'assurés sont prêts à faire de fausses déclarations pour obtenir un dédommagement.
Jusqu'au jour où un certain Komoda le sollicite pour un constat dans sa maison.
Sur place, le choc. Le corps d'un enfant de douze ans se balance au bout d'une corde. Suicide ? L'instinct de Wakatsuki lui dicte qu'il s'est passé autre chose dans cette demeure lugubre où flotte l'odeur de la mort. Wakatsuki n'a jamais laissé un dossier sans réponse. Mais celui-ci pourrait bien le mener aux confins de la noirceur de l'âme humaine... Présentation de l'éditeur " Chaque âme a le droit d'errer sept lunes dans l'Entre-Deux. Pour se souvenir de ses vies passées. Et ensuite, pour oublier. Ils veulent que vous oubliiez. "
1990, Colombo. Alors que la guerre civile au Sri Lanka est à son apogée, le photographe de guerre Maali Almeida se réveille dans un grand bureau céleste. Une employée harassée l'informe brusquement qu'il est mort, son cadavre gît dans les profondeurs du lac Beira. Depuis cet Entre-Deux, une dernière chance s'offre à lui : Maali dispose d'une semaine - sept lunes -, pour résoudre le mystère de son propre meurtre et révéler des clichés qui changeront le cours de ce conflit sanglant et sans merci.
Il se lance alors dans une enquête rocambolesque au coeur de la capitale sri-lankaise avant que son témoignage sur des atrocités ne tombe entre de mauvaises mains, ou pire, dans l'oubli.
S'inspirant du folklore et de la mythologie du Sri Lanka, Shehan Karunatilaka brosse un portrait kaléidoscopique des vivants et des esprits, personnages romanesques ou figures historiques, qui cherchent tous vengeance ou vérité.
Et vous, quelles sont vos lectures de la Rentrée Littéraire?
Belles lectures et découvertes,
Blandine