Oxford, 1828. Robin, jeune orphelin chinois, a été recueilli par le professeur Lovell pour devenir un spécialiste des langues et des traductions. Il est formé dans un manoir, dans la campagne anglaise, puis intègre Babel, la célèbre tour qui domine Oxford. On y fait des recherches afin de trouver les meilleures appariements en langue pour faire fonctionner des plaques en argent. Ces dernières servent dans la vie quotidienne et améliorent le confort des anglais. L'Empire britannique a ainsi étendu son pouvoir sur de nombreux pays et s'apprête à conquérir la Chine. Babel est un sacré pavé de plus de 700 pages qui met en scène un quatuor de personnages qui vont s'allier afin de mener à bien leurs études dans cette mythique Babel. On suit plus précisément Robin, qui maîtrise parfaitement le Chinois, et qui va se perfectionner au sein de son université. Ce roman de fantasy repose sur un système de magie que j'ai déjà rencontré dans la trilogie des Maîtres enlumineurs de Robert Jackson Bennett. Mais ici, ce sont les mots et leur pouvoir d'évocation, leurs nuances qui permettent aux objets de fonctionner mieux et durablement. Babel c'est avant tout, en effet, un roman qui parle des mots et de leurs pouvoirs. On sent que l'autrice est passionnée. On y parle d'étymologie, beaucoup, de ressemblance entre les langues ou de leurs dissonances. J'ai trouvé cela passionnant pour ma part. L'ambiance Dark academia y est aussi pour beaucoup, nos personnages évoluant dans un milieu ultra privilégié. Babel c'est aussi le récit d'un Empire britannique et l'autrice montre la violence de son colonialisme à travers les guerres larvées qu'il mène en Chine mais aussi à travers les racisme qui touche notre cher Robin. Alors c'est vrai qu'on pourrait reprocher à l'autrice d'être parfois manichéenne ou d'enfoncer des portes ouvertes, mais j'ai vraiment aimé son partie pris. La violence est aussi au cœur de ses propos. Il y a des propos économiques ou politiques vraiment intéressants qui ne me permet pas de ranger ce roman dans la catégorie Young adult, n'en déplaise à certains. Babel est une vraie réussite, une lecture prenante et intense qui mérite son succès.