Et la vague les emporta...

Je remercie les Editions La Table Ronde

collection La petite vermillon pour cette nouvelle lecture.

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Traduction : Frédérique Daber

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Molly Keane 

Biographie de l'auteure :

Molly Keane (1904-1996) est née en Irlande dans une famille où « la chasse, la pêche et l’Église étaient d’importance, mais l’éducation confiée aux gouvernantes ». Entre 1928 et 1952, elle publia dix romans et des pièces de théâtre sous le nom de M. J. Farrell. Un pseudonyme qui s’imposait par souci des convenances à moins que ce ne fût pour se préserver de toute vengeance. Après un silence de trente ans, elle signe sous son vrai nom Good Behaviour (Les Saint-Charles), qui remporte un vif succès, puis trois autres romans. Elle s’éteint à l’âge de 90 ans, acclamée par la critique.

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Présentation de l'éditeur

Lady Charlotte règne en despote sur le domaine de Garonlea. Son mari, ses quatre filles et son fils Desmond lui obéissent au doigt et à l'œil. Quand ce dernier décide de prendre pour épouse la merveilleuse Cynthia, belle, drôle, et redoutablement intelligente, Lady Charlotte sent le vent tourner. À juste titre. Cynthia emménage en face du domaine familial et redouble d'efforts pour rendre sa demeure plus accueillante, à grand renfort de parties de chasse et de garden-parties.
Avec cette fresque de l'aristocratie anglo-irlandaise, Molly Keane enquête, sans jamais se départir de son regard acéré et malicieux, sur les origines des haines et des jalousies humaines.

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Ma chronique : 

La magnifique préface de Nathalie Crom vient apporter un éclairage essentiel et qui vous plonge directement auprès des personnages qui peuplent la maison de famille Garonlea au centre de toute l'histoire de ce roman singulier.

Nous sommes en Irlande au début du XXe siècle, Lady Charlotte French-McGrath est la maîtresse de Garonlea, un immense et sombre domaine gothique avec ses créneaux et ses tourelles. Elle tient d'une main de fer tout son petit monde à commencer par son mari Ambrose, ses quatre filles Muriel, Enid, Violet, Diana et son fils Desmond. Le mariage de Desmond avec la pétillante Cynthia sera le début de sa fin. Le jeune couple décide de quitter le domaine familial pour s'installer non loin de là à Rathglass. La Première Guerre mondiale, apporte son lot de malheur. Nous allons suivre alors la vie de Cynthia qui vit les années folles au rythme du jazz et qui s'étourdit en participant aux chasses à courre, en buvant et en organisant de somptueuses garden-parties. Mais le temps passe , les années se font plus lourdes et Garonlea est là, inchangé, qui n'attend que sa revanche.

L'écriture est précise et apporte un témoignage sur les mœurs de l'époque, cela m'a fait immanquablement penser à la série Downton Abbey. Elle s'attarde aussi sur les lieux et les jardins avec des descriptions qui sont une véritable ode aux jardins anglais. Garonlea semble un personnage à part entière, inapte au bonheur, sombre avec une âme faite du malheur de ses habitants. Nous plongeons avec délices au sein de cette famille protestante, avec son étiquette, ses corsets et ce changement générationnel qui vient apporter fraîcheur et renouveau mais pour combien de temps ? Et la vague les emporta se déroule sur plus de vingt ans donnant toute la mesure du temps qui passe. Bonne lecture.

Citations :

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 Avec David les choses étaient si différentes que c’en était presque inquiétant. Avec David elle était vaincue et ravie, brisée, affolée et, à cause de cela, elle ne l’en aimait que davantage. Mais en ayant raison d’elle et de sa vanité, en devenant plus proche d’elle que qui que ce fût d’autre, David avait détruit cette force, cette dureté, ce désespoir intense qui l’avaient séduit d’abord. Au lieu de la femme qu’il avait jadis rencontrée, il tenait à présent entre ses bras une amoureuse d’autant plus dépendante qu’elle avait été toutes ces années indifférente et indépendante. C’était un peu comme avoir pris d’assaut une ville blanche et mystérieuse au sommet d’une colline espagnole et découvrir qu’à l’intérieur de ses murs les rues et les maisons sont bien alignées et pourvues de tout le confort, avec partout des écriteaux disant « Sam Suffit » et « Mon Repos ».


 Les gens qu’il préférait dans la vie se trouvaient être d’heureuses vieilles filles. Chez Diana, il y avait une gentillesse disponible, une puissance d’amour en attente qui n’avait rien de triste ou de refoulé mais qui était au contraire un des éléments de son charme. Contrairement à ce qui se passe bien souvent pour ceux qui vivent pour les autres, elle ne recelait aucune amertume. Elle possédait une grande dignité, de l’équilibre et pas d’affectation.

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