Lointain futur. Espace profond. Plus qu’une prouesse technologique, la station est une expérience. Politique, sociale, économique, philosophique. Ainsi, au sein de ce gigantesque assemblage minier peuplé d’espèces venues de tous horizons, les stationniens se définissent moins en fonction de leurs origines que de leurs pourcentages génétiques. Melting-pot utopique, la station offre de fait un refuge de tolérance unique au cœur de la Galaxie — une vie en symbiose gérée par les Paramètres qui adaptent l’environnement aux différentes morphologies, aux contraintes physiques, à toutes les essences du vivant. Ou du moins offrait… De profonds désaccords entre les Spéciens, favorables à la séparation interespèce, et les Fusionnistes, qui œuvrent pour davantage de métissage, cristallisent les tensions. Au milieu de ces courants qu’elle ne maîtrise pas, une femme, stationnienne insignifiante, va devoir choisir son camp, et par là même, peut-être, peser sur le devenir de la station et sa myriade d’habitants.
Pourquoi ce livre ? Cela fait un moment que je voulais lire un ouvrage de cette autrice et Le Bélial m’en a offert l’occasion avec ce court texte, qui a reçu entre temps quelques prix majeurs dans le champ de l’imaginaire. J’ai même eu la chance de recevoir le livre dans une Kube !
Rossignol est une histoire hors du commun et ça va être très difficile pour moi d’en parler. C’est une rencontre qui a eu lieu au bon moment et j'ai cédé sous le charme qui s'en émane.
Cet univers est avant tout une ambiance. J’ai ressenti cette impression d'être dans un endroit à part, dans un avenir très, très lointain, dans une société toujours aussi sale.
L'intrigue manque peut-être d’originalité mais permet un propos assez nouveau, du moins via un regard novateur. La novella compte un peu plus de cent pages, ce n’est pas bien épais, mais je pense que ce format court met en valeur ce récit pour le rendre plus percutant. Le rythme est d'ailleurs très présent, ce qui est permis grâce à l'alternance entre passé et présent.
J’ai beaucoup aimé l'héroïne de l'histoire, qui ne parvient pas à se fondre dans la masse mais qui, en même temps, n’est pas vraiment différente des autres. Placer l'humanité en être inférieure par rapport aux autres espèces découvertes m’a fait du bien, même si cela n'épargne évidemment pas Theena, qui est loin d’avoir une vie facile.
Sans être ampoulé, le style embrasse la douceur des métaphores et la dureté des phrases courtes. Cela en donne un texte qui mêle le style de Pierre Bottero et Stefan Platteau avec maestra (et quand on sait à quel point j’adore ces deux auteurs, vous comprenez à quel point Audrey Pleynet a frappé fort).
C’est une chronique déstructurée qui ne rend pas hommage au talent de l’autrice mais j’ai bien du mal à trouver les mots pour retranscrire tout le talent qu’il y a là-dedans. C’est l’ambiance couplée au style d'écriture qui m'ont le plus charmée. Évoluer sur cette station avec ces êtres forts différents et leur regard méprisant sur l’homme fut étrangement rafraîchissant. L'intrigue manque peut-être de corps mais les ficelles en sont maîtrisées. C’est un format court qui rend le texte percutant. Une belle découverte qui donne envie de creuser la bibliographie de l'autrice !
18/20