Inukshuk, l'homme debout est une correspondance épistolaire entre deux personnes : un homme qui a fui au pays des inuits pour apprendre à survivre à un deuil, une femme restée à Paris. Entre eux, des beaux mots, des mots tendres, des anecdotes, des histoires du quotidien avec comme dénominateurs communs : la découverte du lexique inuit et sa poésie imagée, le parallèle avec le vocabulaire français, la confrontation des cultures.
Inukshuk, l'homme debout offre une lecture agréable et instruite. Hervé Le Tellier sait nous emmener loin et arrive à accrocher le regard par les anecdotes courtes, par des instantanées de vie qui en appellent d'autres. L'écriture, comme toujours, est à la fois riche lexicalement et simple dans le phrasé. L'auteur fait preuve de modestie et ne cherche pas à montrer un savoir, il est plutôt là pour le partager dans le simple but de générosité. Il dépeint avec pudeur l'absence liée à un deuil.
J'aurais pu être fascinée par cet écrit (j'admire déjà son contenu) mais je reconnais être restée à côté de l'histoire. Peut-être parce que j'ai eu le sentiment d'y lire davantage un exercice de style littéraire (comme le souhaite le mouvement Oulipo que suit Hervé Le Tellier). Il m'a manqué le souffle épique et romanesque, l'émotion, un truc qui me raccroche aux personnages, un truc qui me secoue. Et pourtant, j'ai apprécié d'y découvrir de nouveaux mots, des coutumes, des mœurs qui m'étaient étrangers. Mais cela ne m'a pas suffi à retenir la proposition littéraire faite de Inukshuk, l'homme debout, malgré des qualités intrinsèques indéniables.
Une lecture en demi-teinte, louable et intéressante par certains côtés mais qui a manqué d'accroches pour la lectrice que je suis.
Éditions Folio
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