Titre : Les cœurs silencieux
Auteur : Sophie Tal Men
Édition : Albin Michel
Genre : Contemporain
Pages : 320
Parution : 28 février 2024
Dans le silence se jouent parfois les destins…
Ce n’est pas un hasard si Sarah a choisi le métier d’infirmière : elle passe son temps à s’occuper des autres, jusqu’à s’oublier soi-même. Quand son beau-père, Pedro, perd brutalement la parole à la suite d’un AVC, elle décide d’être sa voix et de partir à la recherche de ses proches, avec lesquels il s’est brouillé depuis de nombreuses années. Tomas, un de ses fils, ne voit pas d’un bon œil cette intrusion dans sa vie et ne lui réserve pas l’accueil escompté…
J’ai eu l’opportunité de recevoir ce livre grâce à 20 minutes, je n’ai pas résisté. Je fais un peu les choses à l’envers, je commence par la fin, en effet, c’est le premier livre de Sophit Tal Men que je lis. Je dois en avoir un dans ma pal, mais j’ai commencé par celui-ci. Et une seule question me vient à l’esprit, pourquoi je n’ai pas lu de livre de cette auteure avant ??!
Sarah est infirmière à l’hôpital de Brest, elle aime par-dessus tout son travail, elle qui passe son temps à prendre soin des autres. Mais elle va un peu mettre en pause son travail quand Pedro, son ex-beau-père pour qui elle a beaucoup d’affections, fait un AVC. Suite à cet AVC, il ne peut plus parler, il va devoir rester à l’hôpital et beaucoup travailler pour pouvoir à nouveau parler. Pendant son séjour à l’hôpital, Pedro fait comprendre à Sarah qu’il aimerait renouer avec ses fils et son ex-femme qu’il n’a pas vu depuis 20 ans. Un défi loin d’être simple à réaliser pour Sarah, surtout avec Tomàs, l’aîné qui est bien décidé à ne plus entendre parler de Pedro. Pour sa quête, Sarah va devoir se rendre à Lisbonne et convaincre Tomàs de venir voir son père…
Quel gâchis, avait-il pensé. S’il avait su dès le début accepter la différence, dépasser ses peurs – du handicap, du qu’en-dira-t-on -, chasser sa colère, sa peine, il aurait pu être heureux.
Que j’ai aimé cette lecture, un véritable bijou du début à la fin. Je suis ravie d’avoir découvert la plume de Sophie Tal Men et je n’ai qu’une envie, découvrir toutes ses autres parutions. J’ai absolument tout aimé dans ce livre, les décors, les messages, les personnages, les émotions, c’est pour moi un sans-faute, c’est tout ce que j’espérais trouver dans ma lecture.
Nous avons une héroïne très bienveillante, empathique et douce, c’est le soleil de ce livre. Pourtant, Sarah n’a pas eu une vie facile, avec une mère qui lui faisait subir de la violence psychologique depuis toute petite. Mais malgré quelques moments de désespoir, Sarah a su se relever, trouver un métier dans lequel elle s’épanouit et deux amis/colocataires qui lui apportent tout ce qu’elle a manqué avec sa mère. Heureusement, durant son enfance, elle a eu un formidable beau-père, Pedro, qui s’est donné pour mission de protéger Sarah de la méchanceté de sa mère. Cette héroïne m’a beaucoup touché, je l’ai vraiment adoré.
J’ai aussi aimé Pedro, lui qui est en pleine santé, actif, se retrouver sur un brancard, ballotté dans tout l’hôpital sans comprendre ce qui se passait réellement. Pedro est un battant, même si parfois, il se laisse abattre, il se reprend vite et arrive assez rapidement à progresser. Que dire de Pedro, il m’a bouleversé, c’est un homme plein de regrets. Il s’en est toujours voulu d’avoir laissé tomber sa famille, sa femme, ses fils. Mais il n’arrive pas à leur dire combien il est désolé, combien il les a toujours aimés. Il leur avait pourtant écrit des lettres, mais il n’a pas trouvé le courage de leur donner. Pedro, qui a vu la mort de près, s’est rendu compte que la vie pouvait le quitter à tout instant est bien décidé à demander pardon à ses proches qu’il n’a pas vus depuis 20 ans, non par lâcheté, mais par honte, par peur. Pedro est un personnage qui va me rester un petit moment en tête.
Il y a aussi Tomàs, le fils aîné de Pedro, il n’arrive pas à se poser, navigue entre son appartement à Lisbonne et la ferme de sa mère dans le Finistère. Perdu entre deux vies, celle d’écrivain au Portugal et celle de fils et grand frère en Bretagne. Tomàs se sent bien à Lisbonne, mais il culpabilise de laisser sa mère, dont la santé est fragile, tout gérer, sa maison, sa ferme et son petit frère atteint de trisomie 21. Il a énormément de rancœur vis-à-vis de son père dont il ne veut plus entendra parler, celui qui les a abandonnés quand il était tout jeune. Mais il a un très bon fond, il est simplement perdu, le retour de Sarah dans sa vie va le perturber bien plus qu’il ne le pensait. Elle va réussir avec bienveillance et douceur à lui faire entendre certaines vérités.
Dans cette histoire, il est question de lien de sang et de liens de cœur. J’ai adoré la relation entre Sarah et Pedro, ils se sont adoptés tous les deux, se sont aidés mutuellement, sans vraiment s’en rendre compte. Leur lien est incroyablement puissant et beau.
J’ai aimé retrouver les décors bretons que je connais et que j’adore, j’aime toujours autant retrouver ma région dans les romans. Mais j’ai aussi adoré ce voyage au Portugal, découvrir les rues de Lisbonne au côté de Sarah. Mais surtout, que j’ai aimé découvrir la maison d’Alvo, la région de l’algarve. J’ai adoré retrouver certains écrits en Portugais, cette langue qui chante même dans les écrits. J’ai adoré découvrir des spécialités culinaires, la vie traditionnelle, la culture portugaise notamment avec la Sueca et les traditions autour des enterrements. Après avoir refermé ce livre, j’ai très envie de découvrir ce pays.
Mais surtout, dans cette histoire, il y a beaucoup de magnifiques messages. Il ne faut pas avoir de non-dits, dire à nos proches ce que l’on ressent pour ne pas finir notre vie avec des regrets. Mais il est aussi question de pardon, se pardonner à soi-même, pardonner nos erreurs, pardonner celles des gens qu’on aime, il y a beaucoup de résilience dans cette histoire. Mais surtout, il y a de l’amour, sous toutes ses formes, entre les liens d’une même famille, d’une famille reconstituée, d’une famille que l’on se crée au fil du temps qui passe. C’est l’amour et le pardon qui résonnent dans cette histoire.
Un énorme coup de cœur pour cette histoire. Un peu de ma Bretagne que j’aime tellement, un peu de Portugal, de sa culture, de ses traditions, que j’ai, maintenant, très envie de découvrir. Des héros très différents, mais tous très attachants qui m’ont tous énormément touché. Des émotions à revendre qui ont su se faufiler jusqu’à mon cœur. Une histoire ou règne l’amour sous toutes ses formes. Une histoire de non-dits, de pardon et de résilience. Un livre d’une beauté époustouflante qui saura vous toucher, une histoire de bienveillance qui met du baume au cœur et du soleil dans le ciel gris.