Alma – 2023 –

*

À l’âge de vingt-cinq ans, on a diagnostiqué à Judith un cancer, métastasé. Les traitements curatifs ont cessé et sa mère, Florence, a insisté pour que les soins palliatifs se déroulent chez elle. Mère et fille se retrouvent dans cet appartement, seules, l’une veillant sur l’autre, jusqu’à s’oublier elle-même. Un infirmier passe chaque jour pour les soins spécifiques.

Florence est cette mère courage, qui ne lâche jamais prise. Cette mère qui a élevé seule sa fille, abandonnée enceinte par le futur père. Cette mère qui a toujours appris à se maîtriser, à tenir le coup, à ne pas montrer ses faiblesses.

Le quotidien se déroule – ce temps dédié corps et âme à sa fille. Lentement, le corps malade se désagrège. Les souvenirs de ses premiers pas de mère – son enfant naissante – se superposent au présent de Judith – son enfant mourrante. De la tumeur à la question – Tu vis ? – la frontière est mince.

Entre chaque chapitre, les compte-rendus infirmiers, brefs et désincarnés, retentissent comme un compte à rebours. Ce qu’il reste à faire est roman que j’ai lu en apnée, le ventre noué, la poitrine comprimée. Une lecture physique, viscérale presque. C’est un texte poignant, dont l’écriture m’a rappelé celle d’Amélie Cordonnier, dans la tension aussi. Comment accepter l’inacceptable, ce qui n’a même pas de mot dans la langue française? Comment survivre à son enfant?