L'arpenteur - 2023 -
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" L'été de mes treize ans, le temps était une longue route enroulée trois fois autour du monde. " Nous sommes en 1957 à Saint Georges, une petite ville du sud de l'Utah. Tom a treize ans ; depuis ses sept ans, il est fasciné par les essais nucléaires qui ont lieu dans le désert du Nevada. Le monde se pare dans ces moments d'une aura singulière, comme s'il basculait dans une dimension secrète. Tom traîne avec sa bande de potes - Phil dont le père est revenu fou de violence de la guerre de Corée et Louis, son fidèle acolyte - ensemble ils assistent aux explosions, ce sont comme des fêtes pour eux, ils sont émerveillés - les nuages roses qui surgissent dans le ciel, les cratères qui se forment au sol... La zone test ressemble à une autre planète.
Pour soutenir les essais nucléaires, la ville organise un concours de beauté, Miss Atomic. Maxine, la soeur de Tom, qui fait rend fous tous les garçons, va y participer.
Lorsqu'est annoncée une explosion encore plus importante que les précédentes, Tom, Phil et Louis sont bien décidés à la voir de plus près.
Miss Atomic est un roman sur la fin de l'innocence ; l'autrice dépeint avec acuité cet âge charnière où l'on se déleste de son costume d'enfant pour enfiler celui de l'adulte en devenir, dans lequel on flotte encore, dans lequel on se sent perdu - l'adolescence. L'adolescence confrontée à la violence des adultes - qu'elle ait lieu dans le désert ou chez soi. L'effervescence du début du roman laisse bientôt place à une atmosphère tout à fait angoissante, tellement bien décrite que l'on se sent véritablement oppressé. La beauté de la nature constrate violemment avec l'action contre-nature des hommes, leur violence... Les descriptions sont saisissantes, autant celles des ciels ravagés par les explosions que celles des émotions adolescentes.
" Chaque fois que je voyais l'explosion, j'étais cloué sur place. La lumière blanche ferreuse qui envahissait le ciel m'obligeait à détourner les yeux quelques secondes. Elle était quivie par un grondement tonitruant, comme si quelqu'un tirait un coup de fusil tout contre mon oreille. Puis mes flammes apparaissaient. L'explosion passait par toutes les couleurs, de l'indigo à l'amarante. On discernait de temps à autre un rose tendre qui rappelait l'emballage des bonbons de la station essence, et parfois même un violet presque noir, celui d'un monstre de conte déployant sa collerette. Lorsque les flammes se répandaient sur le ciel immense et limpide du Nevada, nous restions sans voix, transis par la puissance de l'explosion, tellement sublime, disproportionnée, qu'elle ressemblait à une hallucination grandiose. "