Publié aux éditions M+, 2024, 294 pages. Esther et Pierre travaillent au Burkina Faso pour une ONG. Quand les djihadistes prennent le pouvoir, Esther est contrainte de rentrer à Paris. Enceinte de sept mois, elle fait le trajet seule. Pierre doit la rejoindre pour l'accouchement. Mais Pierre ne la rejoindra jamais. Esther va accoucher seule, totalement démunie. Commence alors pour elle une longue route vers la maternité... Soleyne Joubert nous offre ici un roman sur la maternité et sur la manière dont on devient mère. On pourrait reprendre la célèbre phrase de Simone de Beauvoir en la changeant un peu: " On ne naît pas mère, on le devient ". Esther, seule, abandonnée, se trouve tout à fait détachée de cet enfant qu'on lui met dans les bras. Elle ne ressent rien à part un grand vide. C'est la descente aux enfers alors pour elle. Démunie, désemparée, elle va sombrer dans la dépression quitte à mettre en danger son bébé. C'est un récit poignant et dur. L'autrice colle cependant parfaitement à la réalité. Devenir mère, cela s'apprend et n'est pas automatique. Esther, qui n'a pas vraiment eu de modèle, va devoir apprendre auprès des autres femmes. En outre, Esther se retrouve seule. Pourquoi Pierre n'est-il pas rentré? Les hommes se révèlent assez lâches dans ce livre. Prompt à s'enfuir et esquiver plutôt qu'affronter la réalité. C'est un roman aussi sur le secret, les non-dits qui entourent Esther, le manque d'amour qu'il y a parfois dans les familles. J'ai beaucoup aimé ce roman parce que forcément on se retrouve un peu dans Esther, dans ses doutes, ses peurs. Elle va tisser une très belle relation avec sa grand-mère pour surmonter cette épreuve, à l'abri des regards et des jugements. " La toile des femmes " est un magnifique roman, nécessaire, sur la maternité.