Isak est un jeune homme de 25 ans qui travaille comme aide à domicile dans une petite ville du Smalland au sud de la Suède. Il vit modestement auprès de sa petite amie Madde, et veille sur son grand-père qui habite un chalet près du lac Lunnen. C'est dans cette résidence de vacances que sont décédées vingt ans plus tôt sa mère et sa soeur dans un terrible incendie. Isak se remet à peine de ce drame qui a bouleversé son enfance lorsque son père qu'il n'a pas vu depuis cherche à le contacter. Accablé par le drame, il n'a pas su s'occuper de son fils et l'a confié à ses grand-parents maternels avant de parcourir le monde pour assouvir sa passion d'artiste-peintre. Depuis il connait une renommée internationale mais est atteint d'un cancer incurable, raison pour laquelle il souhaite revoir Isak. Après quelques hésitations, Isak et Madde acceptent de passer quelques jours en sa compagnie sur l'archipel isolé du Gotland. Sur place, le père les accueillent dans une étonnante villa qui leur réserve quelques surprises. Peu à peu, alors que les liens familiaux semblent se tisser, le piège se referme.
AprèsSarek publié l'an passé, Ulf Kvensler revient avec un thriller tout aussi maîtrisé : la construction du récit alterne entre les souvenirs d'Isak et son séjour en prison où il se confie à son avocate. Dès le départ nous savons que le séjour sur l'archipel de Gotland s'est mal terminé, mais les informations sont distillées au compte-goutte et il vous faudra êttre très patient pour comprendre le mécanisme de ce piège dans lequel tombe Isak. La mise en abime instaure une profondeur au roman notamment dans ses premiers chapitres, très fluides et addictifs. Des évènements assez étranges soulèvent l'intérêt, posent des touches de suspense qui prodiguent au récit une tension intenable. Toutefois certains passages sont assez longs et agaçants notamment les repas où plats et boissons s'enchainent presque interminablement alors que le lecteur attend des explications et des faits qui tardent à venir. Il faut être patient quasiment jusqu'à la moitié du livre pour embrayer vers le dénouement.
Il n'y a pas ou peu dans ce récit de descriptions de paysages qui ont fait la richesse des pages de Sarek, toutefois la tension psychologique y est assez intense: dans la peau du personnage d'Isak qui est le narrateur, on frise parfois le fantastique et l'horreur sans pouvoir différencier le réel de ce qui ne l'est pas. Ce roman est une nouvelle fois l'occasion pour l'auteur de proposer une réflexion sur la notion de pouvoir. Tout comme pour je reste quelque peu sur ma faim pour le final, car je n'ai pas eu réponse à toutes mes attentes, notamment sur l'un des personnages fort intrigant de ce roman. Cela dit, Au nom du père reste une lecture très divertissante ! Je remercie vivement les Editions de La Martinière via NetGalley pour cette lecture.