Les Classiques de Priscilla – Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley

Classiques Priscilla Meilleur Mondes d’Aldous Huxley

De ce classique de la science-fiction dystopique, bien antérieur au mastodonte qu'est 1984 de George Orwell, je ne connaissais que la première partie, par extraits que l'on trouve souvent dans les manuels de 3 e au chapitre sur " Progrès et rêves scientifiques ", il était temps que je me lance. Et il fallait bien un Café du Classique pour ce faire !

Voici la quatrième de couverture : Voici près d'un siècle, dans d'étourdissantes visions, Aldous Huxley imagine une civilisation future jusque dans ses rouages les plus surprenants : un État Mondial, parfaitement hiérarchisé, a cantonné les derniers humains " sauvages " dans des réserves. La culture in vitro des fœtus a engendré le règne des " Alphas " , génétiquement déterminés à être l'élite dirigeante. Les castes inférieures, elles, sont conditionnées pour se satisfaire pleinement de leur sort. Dans cette société où le bonheur est loi, famille, monogamie, sentiments sont bannis. Le meilleur des mondes est possible. Aujourd'hui, il nous paraît même familier...

Ce roman se découpe en trois parties d'inégale qualité mais surtout presque de genres différents. Pendant un exposé glaçant du monde tel qu'il est organisé ici, nous découvrons la manière dont les hommes sont créés, éduqués, modelés avant de faire connaissance avec quelques exemplaires un peu plus spécifiques. Ces exemplaires seront centraux dans les parties suivantes.

La grande force de Huxley, c'est d'avoir senti, dès 1932, tout ce que les technologies et la science pouvaient engendrer comme dérives : l'eugénisme, la planification à l'extrême, la création de castes infranchissables, l'abrutissement par la drogue " apaisante ". On est propulsés dans une société aseptisée et effrayante. Bien sûr, notre monde ne va pas si loin. Les enfants grandissent encore dans le giron de leur mère, puis au sein d'une famille, mais cette projection glace les sangs dans ce qu'elle dit de ce qu'on " pourrait " faire. Cette première partie m'a un peu malmenée, l'univers reste flou même si construit brillamment. Et on le sent parfaitement dans la cacophonie orchestrée par l'auteur au chapitre trois, incroyablement oppressante : on entend toutes les règles, martelées sans aucun sens, on lit presque sans comprendre, comme par hypnopédie.

Très vite, ensuite, on rencontre Lenina, une jeune femme à la plastique parfaite qui a pour seul problème de passer trop de temps avec le même homme, dans une société où la sexualité est un besoin primaire qu'on doit assouvir dès qu'on le souhaite, avec n'importe qui, avec tous, même ! Elle rencontre alors l'homme différent, le psy, celui que tout le monde regarde de travers et qui méprise tous ces individus lobotomisés, Bernard Marx. Mais dans quelle mesure peut-il y avoir des gens différents dans un tel monde ? Y a-t-il encore une place pour un héros ?

Au programme d'un week-end à deux, Lenina et Bernard visitent une réserve habitée par des gens de l'ancien monde. Là où il pourrait y avoir révélation, il y a juste un autre extrême. Tout se passe comme si les choix possibles dans cet univers étaient tout aussi horribles. Le Sauvage n'est pas le modèle à suivre. Le Meilleur des Mondes n'est ni celui de Ford, ni celui de la réserve. On ne tient pas sans soma dans le monde idéal, on ne tient pas sans Shakespeare et sans ceinture dans celui de la réserve. Alors ? La peste ou le choléra ?

Classiques Priscilla Meilleur Mondes d’Aldous Huxley

Toutes les portes de sortie seront entrebâillées par Huxley. On sentira poindre le vrai désir (peut-être même l'amour), on comprendra tout ce que la littérature peut apporter dans la compréhension des sentiments et de soi-même, on frissonnera devant la solution de la violence ultime. Mais aucune de ces portes ne sera jamais forcée. Aucun personnage n'osera utiliser ce bélier. Ils sont trop lâches, trop seuls, trop extrêmes...trop quelque chose ! C'est donc une dystopie sans héros, sans combat, sans rébellion. Il m'a manqué quelque chose. Mais ce qui est sûr, c'est que c'est peut-être cette absence d'espoir, d'humanité, de vie tout simplement qui rend l'ensemble encore plus glaçant... Vous ne croyez pas ? Ou alors ce sont aussi ces couvertures... ? 😉

Priscilla