L’Epreuve de l’individu
Par Marc VERLYNDE
Chez ABRUPT
L’individu est métaphore flottante, brouillée. Cet essai en fait l’épreuve. Loin de collecter les preuves de ses manifestations concrètes, Marc Verlynde fait apparaître les figurations de ses évanouissements, de ses virtualités. L’épreuve de l’individu miroite alors quelques-uns des moments de cette modernité plurielle, mais aussi des instants où un individu, dans la conscience de son corps, de sa mort, de son paysage ou des images où il se rêve et se dissipe, apparaît comme une esquisse éperdue d’outrepassement. Dans une écoute des voix et emprunts littéraires (à Kafka et Blanchot, à Caillois et Steiner, à Marías et Sebald, à Baudelaire et Rimbaud, à Tolstoï et Dostoïevski…), L’épreuve de l’individu esquive les silences, les revenances, de l’impossibilité de l’individu.
« L’individu est métaphore flottante, brouillée. » Que dire de plus ? Cet essai nous a emmené à un endroit de réflexion qu’on a tendance à mettre de côté – intangibilité de l’individu – tout en nous l’ayant déjà informé dès les premières pages.
L’objet-livre en lui-même est très intéressant. Si on parle d’intangibilité, celle des mots est également importante. Ça, Marc Verlynde l’a bien compris. La mise en pages est toute aussi importante que le contenu lorsqu’il s’agit d’évoquer le flottement. Les citations sont grises, certains paragraphes sont côtes à côtes, une grande présence de notes de bas de pages. Marc Verlynde casse les codes de l’édition classique.
Ce cassage est aussi visible avec son antilivre. Celui de L’Épreuve de l’individu est particulièrement beau. Vous pourrez le retrouver ici. Voyez comme c’est beau ! Voyez comme c’est totalement futuriste !
J’ai malgré tout plus de retenu pour le contenu du livre en lui-même. Les idées sont intéressantes – pour ne pas dire passionnantes – mais la plume de Marc Verlynde part tellement dans tous les sens qu’il est parfois compliqué de comprendre où il veut aller.
L’Épreuve de l’individu est autant passionnant que malheureusement peu accessibles. Autant le concept d’antilivres que la plume de l’ouvrage sont compliqués à lire et explorer pour les lecteurs moins habitués aux concepts expérimentaux.