Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)
ALBUMSC'est grâce à Liraloin que j'ai découvert cet album, épais, à la belle couverture toilée et aux pages cartonnées et découpées. Au fil des pages qui se tournent, passent les années de ce bébé en couverture. Quasiment chacune s'orne d'une découpe figurant un souvenir, quelque chose qui reste en mémoire, parfois pour longtemps, parfois pas du tout. Et ainsi défile sa vie jusqu'à la vieillesse et l'après.
C'est un album délicat, pudique et extrêmement fort dans ce qu'il dit, montre, suggère, laisse imaginer!
Dès qu'il est question des Brontë, je suis intéressée, aussi, il me fallait cet album qui revient sur leur enfance et sur la création de leurs tout premiers écrits: des tout petits livres, augurant des plus grands. Un bel album aux douces illustrations emplies de détails dont je vous ai parlé ICI.
Cet album se présente comme un carnet grand format (A4), ce qui de prime abord, déconcerte. Le titre et les noms sont pixellisés et les escargots, dessinés façon gravure, en léger relief.
La poésie de Lisette Lombé pose une unique question, tout en jouant avec les cinq sens: "A hauteur d'enfant", que vois-tu / sens-tu / entends-tu...? Les réponses oscillent entre candeur et nostalgie. Sont-elles vraiment celles d'un enfant d'ailleurs? Je ne le pense pas. Il me semble que c'est l'enfant resté en nous, l'être que nous voudrions parfois retrouver qui les dit, elles seraient donc plus le fruit de l'autrice elle-même, de l'enfant qu'elle a été, et que nous avons été nous aussi. Alors forcément, on transpose.
Les illustrations toutes pixellisées de bleu et blanc, et d'un peu de couleurs ponctuellement, nous offrent différentes perspectives de (d'autres) réponses. Elle s'accompagnent parfois d'une découpe judicieuse, orientant notre regard, voire nos mots.
ROMANSIssue d'une famille de pasteurs néerlandais, la jeune narratrice (et possiblement autrice), revient après plusieurs mois d'absence dans la maison parentale, un presbytère quelque part dans la campagne française.
Les changements chez chacun des membres de sa famille la saisissent.
Il y a Opa, son grand-père, que la maladie d'Alzheimer a considérablement affaibli et qui lui demande souvent qui elle est. Il y a son père qui a fait un burn-out l'année passée et qui peine à s'en remettre. Il y a son frère, Nicolaas, qui s'apprête à embrasser la carrière familiale mais qui s'interroge, qui doute, qui fuit. Et il y a sa grand-mère, Oma, toujours là dans son effacement, comme sa mère.
Tous semblent être à un tournant de leur vie, à un point de bascule, c'est d'ailleurs ce que veut dire le titre en néerlandais, quand en français, nous disons que nous sommes "sur le fil".
L'écriture douce de l'autrice s'accompagne et s'enrichit de mots dans cette langue pour saisir au fil de petits paragraphes ou courts chapitres, des moments de bonheur passés ou présents. Pour rester dans la lumière, du côté de la vie et de la joie d'être ensemble dans les petits et moments quotidiens comme dans les grands.
Un premier roman à découvrir et une autrice à suivre, assurément!
Premier de sa famille ouvrière à avoir fait des études supérieures, notre narrateur quitte sa Toscane natale pour l'Angleterre et Londres surtout, pour y travailler. Ce qu'il va y trouver ne correspondra pas à son imagination ni à son attente. Ainsi va-t-il aller de petits boulots en petits boulots, l'attendu pizzaiolo, puisqu'il est Italien et même si le restaurant déborde de clichés. Le premier est tenu par une marâtre sicilienne qui mégotte sur tout, le deuxième par des Turcs. Il va être préposé à la plonge avant d'être homme de ménage d'un centre commercial et travailler en compagnie d'un homme à la carrure de Pavarotti, spécialiste du débouchage de WC... Autant ses différents jobs sont manuels et exercés par la manne exploitable des immigrés, autant il déboulonne les clichés par sa culture artistique, littéraire, philosophique, etc. L'une de ses cibles est Margaret Thatcher, car elle incarne bien le mépris de la classe ouvrière, la fracture sociale et sociétale. Cynisme et humour noir sont au rendez-vous de ce roman qui n'offre pas beaucoup de lumière ni de chaleur, même sous le beau soleil d'Italie.
Fukuichi a repris l'élevage de poissons rouges d'ornement de son père adoptif. Il tente par de nombreux moyens de créer le poisson rouge parfait. Son modèle, sont idéal, sont incarnés par Masako, une jeune fille qu'il connaît depuis l'enfance, qu'il harcelait à l'école avec les copains, et qui se trouve être la fille d'un riche propriétaire terrien, et qui achète souvent des poissons rouges. C'est d'ailleurs cet homme qui a financé ses études et lui a permis de continuer la pisciculture. Mais les temps changent au Japon, et bien que le poisson rouge d'ornement se soit exporté, il n'est pas facile de maintenir l'exploitation...
Ce roman, qui date de 1937, est le récit d'un amour contrarié et d'une quête d'idéal. Plus que son histoire, c'est la riche postface de Lucien d'Azay qui m'a passionnée. Il nous décrit qui fut l'autrice et quel était son style, cet attrait pour le poisson rouge et les diverses hybridations qui se sont succédées.
Nous sommes avec Arc et Daffy, deux jumelles aux yeux vairons, que l'on suit de manière anachronique sur plusieurs années au fil de chapitres qui font des come-backs. Orphelines de père, elles vivent avec leur mère Addie et leur tante Clover, junkies et prostituées, à Chillicothe en Ohio, une ville dominée par une usine de papeterie et sa fumée nauséabonde. Leur avenir semble malheureusement tout tracé.
Dans leur monde qui n'est fait que de violences, la rivière a une voix, cette rivière qui charrie des corps de femmes, trouvées par Arc, et dont les rapports d'autopsie sont aussi singuliers qu'évocateurs.
Peu de choses sont belles dans les existences d'Arc et de Daffy, pourtant l'amitié est bien présente, la sororité aussi. Elles essaient de s'en sortir, comme elles peuvent. Ce que nous décrit Tiffany McDaniel n'est pas beau, c'est violent, sale, glauque. Et pourtant, son écriture nous emporte, nous transporte. Comme dans Betty, dont on retrouve plusieurs clins d'oeil. Et cette chute qui donne envie de relire le roman. Magistral!
Anaïs a rencontré l'amour de sa vie, Eden. Pourtant, il reste toujours très évasif sur sa famille et Anaïs s'imagine les pires choses, sur lui, sur eux, sur elle. Alors un jour, il la lui présente et elle apprend la vérité, l'atroce vérité: une maladie. Une maladie qui a touché son frère, sa sœur, et qui le touchera aussi, c'est génétique. Huit années merveilleuses passent avant que les premiers, et irréversibles, symptômes n'apparaissent et que ne se posent les premières questions: rester ou partir, quand, comment, pourquoi? Le temps passe encore et Anaïs reste, s'accroche, coupe peu à peu tout lien social. Elle s'use, par amour, par renoncement, par abnégation, par évidence, par honte, par culpabilité... Jusqu'à ce que...
Geneviève Jannelle nous livre un court et bouleversant roman qui ne cache rien de la dévastation psychologique et physique, tant sur l'être malade que sur (ici) sa compagne. Elle survient peu à peu, suffisamment longue pour ne pas y croire vraiment et toujours être dans l'espoir (ou le déni), mais indubitablement, isolant toujours plus l'aidant naturel comme le malade. Et même si la fin ne m'a pas convaincue j'ai été saisie par ce roman empreint de justesse. Prendre son souffle, c'est exactement ce qu'il faut faire avant de le lire!
POESIEPoésies choisies par leur auteur qui dévoilent des réminiscences d'enfance, des évocations de sensations, entre famille - paysages et éléments, pour poétiser le quotidien.
" Peu de choses résistent à l'interprétation / se défendent avec succès / contre la compréhension."
L'ensemble est très doux. Il n'y a parfois qu'une phrase.
112 pages pour dénoncer, pointer, relever, encourager, compatir, accompagner. Par des poèmes aussi directs que cinglants, elle montre la violence faite aux femmes dans l'"intimité" des foyers et la difficile possibilité pour ces dernières de partir, entre reconnaissance du problème et courage de passer la porte. Nombreux sont ses poèmes qui usent de répétitions pour bien marquer à la fois le phénomène comme l'enfermement de ces femmes.
Ce livre est fait de deux parties, de poèmes et d'une analyse sur la situation des violences conjugales dans son pays, la Finlande. Et c'est saisissant! Ce pays dit ultra-sécurisé ne fait/faisait (?) pas grand-chose pour lutter contre et/ou encourager les femmes à dénoncer et quitter leurs compagnons/maris violents. Une violence de plus. Elle s'appuie sur des statistiques et preuves tangibles pour étayer son propos qui est glaçant.
Plongeon au cœur d'une nuit qui semble tant de fois vécue. Faite d'une insomnie amie. Entre attente et espérance. Composée de doutes et certitudes, de confiance et d'ombres rassurantes. Regret ou espoir de voir le jour se lever? Sera-t-il meilleur que la nuit, que les autres? Rien n'est moins sûr!
"Une existence, un coeur qui bat, du sang dans les veines.Qui diront quoi de ce que nous sommes vraiment,
De nos gestes du matin et de ceux du soir?
De nos regards et des mots que nous ne disons pas ?
De ceux aussi que nous taisons?"
Moi qui avait tant aimé Jour de courage de l'autrice, j'ai été ravie de découvrir sa poésie!
BDCe récit en forme d'enquête entremêle plusieurs temporalités et histoires autour de celle du déploiement des hypermarchés en France, et notamment de celle du Grand A (on aura bien compris de quelle enseigne il est en fait question) dans le nord de la France. Remontant aux premiers temps du commerce, de la distribution et de la production, les auteurs nous racontent le développement de ce magasin, d'abord implanté en périphérie des villes, et qui peu à peu, a déporté le centre-ville autour de lui. Intérêts politiques, économiques, sociaux, sociétaux, gravitent autour de lui et orientent notre façon de consommer et d'être. Cet album est une véritable plongée dans ce monde (dans lequel j'ai été) : nous sommes aux côtés de la direction, de la sécurité, de la logistique, des hôtesses de caisse (on ne dit pas "caissières" svp), on revient sur l'histoire des caddies, on nous explique les méthodes d'achat et de vente (notamment à Noël). C'est intéressant, édifiant et navrant. Est-il possible de lutter contre ? La postface, fort intéressante, apporte une réponse.
2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?Pour le collège, mon 12 ans a choisi de lire ce roman. C'est génial et je l'accompagne donc dans ce qui est une relecture pour moi après avoir maintes fois vu les films ensemble!
Ainsi cheminons-nous auprès de Bilbo Baggins (et non Saquet), recruté comme cambrioleur par Gandalf et les Nains de Thorin pour la reconquête de leurs trésor et mines volé par le Dragon Smaug voilà des décennies.
Le ton est riche d'humour et d'anecdotes, les descriptions nombreuses et immersives. C'est un régal!
Autre relecture avec cette biographie romancée d'Emily Brontë, lue à mon adolescence et que je retrouve avec un avide plaisir!
Jeanne Champion fait parler Emily elle-même, cite ses lettres, romans ou sa poésie, comme ceux de ses frères et sœurs qui lui sont indissociables. C'est absolument passionnant!
3/ Que vais-je lire ensuite?