Œil perçant est un jeune chasseur talentueux dont le comportement heurte les traditions de son clan. Trop autonome, trop enclin à remettre en cause le fonctionnement de sa communauté, il se marginalise peu à peu, au point de devoir quitter les siens pour suivre les traces de son père et de sa mère mystérieusement disparus. Alors que la période paléolithique touche à sa fin et qu’elle va bientôt laisser la place à la révolution néolithique, les mutations sociétales en marche chez certains de ses congénères éblouissent le jeune homme. Agriculture, domestication des animaux, place de la femme, les évolutions sont aussi rapides qu’importantes et Œil perçant va à l’évidence avoir un rôle crucial à jouer dans cette période charnière de l’histoire de l’humanité.
Je ne sais pas à quel point le roman est documenté, à quel point il respecte les travaux historiques, archéologiques, voire sociologiques liés à l’époque qu’il met en scène, mais le réalisme est de mise et on a furieusement envie de croire à la véracité des scènes décrites et des interactions entre les protagonistes. La figure progressiste d’Œil Perçant permet de dénoncer des pratiques ancestrales devenant peu à peu inacceptables et montre un basculement vers une société davantage « civilisée ». La nature est également omniprésente, la rudesse des conditions de vie est soulignée avec maestria, tous les éléments du quotidien s’insèrent avec fluidité dans un récit qui, au-delà de son réalisme, se veut avant tout un roman d’aventure épique plein de souffle.
Inutile de vous dire à quel point j'attends la suite avec impatience.
Le clan des Brumes d’Antonio Pérez Henares (traduit de l’espagnol par Anne-Carole Grillot). Hervé Chopin éditions, 2024. 215 pages. 21,50 euros.