La Fin d’une ère d’Elizabeth Jane Howard

Finir une série de romans, c'est garder en bouche une saveur douce-amère. Partagée entre le plaisir de retrouver la famille Cazalet et la tristesse de savoir que c'était la dernière fois, j'ai tourné les pages de ce cinquième tome avec voracité et nostalgie.

Quand nos sagas favorites ont un épilogue, il est souvent court et déconnecté de l'ensemble. J'ai toujours ce sentiment dérangeant que ça a été bâclé. J'imagine que c'est un exercice particulièrement difficile : il faut conclure et en même temps donner un avenir à des personnages que l'on a suivi pendant des milliers de pages, parfois à la poursuite d'un but bien précis. J'ai rarement lu d'épilogue réussi : soit c'est mièvre, soit c'est trop rapide. Elizabeth Jane Howard a choisi d'écrire un épilogue qui fait la taille des autres volumes et ce faisant, elle évite les deux écueils : la trop grande rapidité et l'excès de bons sentiments, teintés de morale...

d’une d’Elizabeth Jane Howard

On retrouve chaque membre de la famille Cazalet à la fin d'une ère comme l'indique justement le titre. Le couple fondateur ne vit plus, ne restent que les héritiers et leurs familles. Avec eux se sont enfuies une époque marquante, une Europe en guerre. Les femmes ont pris du pouvoir, les marchés se sont effondrés, les villes sont parfois dévastées mais on est plutôt heureux en fait, on le doit ! Peut-on toutefois renouer avec la légèreté d'avant la guerre ? Peut-on relancer les entreprises du début du siècle ? Peut-on retrouver une vie de famille ?

Alors, non, pas de mièvrerie ici. Nous avions quitté les trois filles Louise, Polly et Clary(au cœur de la saga selon moi) mariées ou libérées, et heureuses. On les retrouve mères, seules ou toujours mariées, débordées et parfois désillusionnées. Le bonheur n'est pas ce qu'elles croyaient, il ne se présente pas ou elles ne le voient pas. Leurs parents, dont elles ont aperçu depuis longtemps les fêlures, se débattent comme elles avec la vie qu'ils ont choisie ou qui leur a été imposée. Faire le choix de l'amour, du luxe, de la carrière, de la famille a des conséquences et l'heure des bilans est venue.

Je n'ai pas senti de morale dans ces dernières pages. Mais un constat fort : la famille reste. Quoi qu'il arrive. On se déchire, on s'éloigne, on s'oppose mais on se retrouve et on reste unis, autour des traditions, des souvenirs, de l'amour, du passé, d'une forme de nostalgie que la modernité et le présent ne parviennent pas à effacer. Alors, au moment des derniers chapitres, alors que beaucoup de choses s'éteignent ou menacent de s'éteindre, on se prend à garder espoir pour chacun d'eux parce qu'il y aura d'autres Noëls, d'autres disputes, d'autres retrouvailles... Il ne peut en être autrement !

La Fin d'une ère, c'est donc, je crois pouvoir l'affirmer, le premier épilogue parfaitement réussi d'une saga !

Vous pouvez retrouver en cliquant sur leur photo ma chronique sur les autres tomes de la saga.

Priscilla