Maggie OFarrell – Hamnet ***

Par Laure F. @LFolavril

Éditions 10-18 - 2021 - 403 pages

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Plein été 1596, dans la campagne anglaise - à Stratford. Hamnet est un petit garçon rêveur. Facilement distrait, il a " tendance à glisser en dehors des frontières de la réalité, du monde tangible. " Lorsque sa soeur jumelle Judith tombe brusquement malade, il cherche de l'aide mais ne trouve qu'une maison désertée ; Agnes, leur guérisseuse de mère, est partie s'occuper de ses ruches, cueillir ses plantes médicinales à Hewlands, leur père est à Londres pour son travail. Il n'y a que son grand-père, le vieux gantier sournois et véreux, qui ne lui inspire que de la peur. La peste est entrée dans la famille, le drame s'insinue dans la famille, inéluctablement.

Hamnet, cela ne vous rappelle pas le titre d'une célèbre pièce de théâtre?

Le récit alterne dans une première partie deux temporalités : l'été 1596 au présent et la rencontre entre les parents, dans le passé ; Agnes qui est alors cette jeune femme - " cette diablesse qui respire la sauvagerie " - sur qui toutes sortes de folles rumeurs courent - elle se balade tantôt avec une crécerelle sur l'épaule, tantôt avec un écureil ; son lien avec la nature est puissant, elle sent les choses et peut entrevoir l'avenir d'un être rien qu'en lui serrant la main. Et le jeune précepteur qui donne des cours dans une ferme en lisière de forêt, qui écrit au grenier, attendant de devenir le dramaturge qu'il rêve d'être.

Hamnet est un roman qui m'a bouleversée et que j'ai dévoré en une poignée de soirées - la magie des mots de Maggie O'Farrel à encore opéré ; son roman possède un souffle romanesque indéniable : décidément, quel talent de conteuse !

" Agnes pendant longtemps, s'est représenté la mort sous la forme d'une salle éclairée de l'intérieur, plantée au milieu d'une lande. Les vivants habitent cette salle, tandis que les morts errent tout autour, pressant leurs mains, leur visage et leurs doigts contre ses vitres, cherchant à tout prix à y entrer, à rejoindre les leurs. Certains à l'intérieur de la salle peuvent les entendre et les voir ; certains peuvent leur parler à travers les murs ; mais la plupart n'en sont pas capables. "