Brigitte Giraud ne s’érige pas en porte-parole des familles victimes de la perte d’un proche dans un accident de la route. Sa perspective est individuelle, elle ne se veut pas universelle, elle touche à l’intime. Avec pudeur, sans pathos, sans chercher à se victimiser ou à tirer les larmes du lecteur. L’exercice était périlleux, voire casse-gueule, mais j’ai trouvé le ton juste, il m’a permis d’être impliqué tout en restant à une certaine distance « de sécurité », sauf peut-être au moment où elle se met dans la tête de son mari juste avant le drame. C’est le seul passage où je me suis senti « voyeur » et mal à l’aise avec ce que je lisais.
La rédaction d’un tel texte était à l’évidence nécessaire. Cathartique ? Ce n’est pas à moi de le dire. Je constate juste que ce retour sur la chronologie de la journée et des semaines qui l’ont précédée a permis à Brigitte Giraud de mieux cerner les choses, notamment d’écarter une forme de culpabilité aussi inévitable que pesante. Surtout, elle finit par se persuader qu’« il n’y a que des mauvaises questions » et que, (et c’est à l’évidence le plus important pour pouvoir avancer), « il n’y a pas de si ».
Vivre vite de Brigitte Giraud. J’ai lu, 2024. 190 pages. 7,40 euros.