Depuis le 6 avril la publicité à la télévision pour les livres est autorisée et ce, pour une période expérimentale de vingt-quatre mois. Le Syndicat nationale de l’édition (SNE) est contre cette mesure, les différents acteurs du secteur s’agitent. Quant à moi, béotien, je ne suis ni pour ni contre, en fait je ne comprends pas cette polémique. D’où ce billet pour avoir votre avis et en comprendre la portée.
La première crainte du SNE c’est de voir un renforcement de la best-sellarisation, c’est-à-dire une augmentation des ventes pour peu de livres de mince qualité littéraire au détriment de livres plus exigeants. Le PDG des éditions Gallimard argumente ainsi : « Vous mettez trois ou quatre livres en avant, pendant que quarante derrière, n’auront droit à aucune information ! » Même le Syndicat de la librairie française s’insurge, bien que je ne sache pas pourquoi, économiquement parlant il leur est certainement plus profitable de vendre des piles de Musso, Levy etc. que quelques bouquins d’écrivains peu connus.
De son côté, les éditions XO, seules favorables à la mesure, s’en félicitent puisque c’est grâce à cette méthode (en l’occurrence la publicité à la radio) qu’elles ont boosté les ventes des ouvrages de Guillaume Musso.
La polémique déborde le milieu littéraire, le secteur de la presse écrite et de la radio lui emboîte le pas, craignant des pertes d’annonceurs au profit de la télévision, d’où pertes de rentrées financières. Par contre, et bien entendu, le Syndicat national de la publicité télévisée (SNPTV) s’est réjoui de la mesure, prenant pour preuve que la même mesure menée depuis 2020 pour la publicité des films à la télé a été bénéfique à l’ensemble du secteur cinématographique.
J’entends bien les craintes des uns et des autres, mais je ne vois pas vraiment la différence entre aujourd’hui et peut-être demain : les best-sellers le sont parce qu’ils bénéficient d’une forte visibilité ! Parce que des éditeurs payent déjà de grosses campagnes de pub pour ces ouvrages, sans parler d’un lobbying éventuel (?) auprès des journalistes spécialisés… Au lieu de se plaindre, Gallimard pourrait réduire les frais de pub pour ses plumes déjà bien connues et reverser une partie de cet argent sur ses écrivains plus discrets mais selon lui plus talentueux ? Et puis, après tout, n’est-il pas préférable de lire des best-sellers plutôt que de ne pas lire du tout ? Le best-sellers pouvant devenir un appât pour ferrer des lecteurs vers des textes plus construits, si le monde de l’édition la jouait plus fine.