Un thriller d'anticipation qui fait froid dans le dos.
Oscar fronça les sourcils et se remémora à voix haute les actes de barbarie auxquels nous venions d'assister.
- Des réunions secrètes, une assemblée qui crie des mots bizarres, un personnel soignant qui y participe et torture des patients. On dirait les prémices d'une secte.
- Les prémices ? Leurs adeptes me semblent déjà bien organisés. Ils ont des locaux sécurisés, un service d'ordre, probablement la complicité de la direction de l'hôpital. Ils y reçoivent des malades et un chirurgien y opère comme un boucher.
- Oui... et dans un de leurs laboratoires, j'ai fait des photos de cette cuve où sont conservés des morceaux de chair humaine.
Dans une société peinant à se relever d'une pandémie mondiale, Oscar et son ami vont aider un père à sortir sa fille d'un centre de soins peu scrupuleux, dédié aux suites graves de l'épidémie. Ils se retrouvent pourchassés par quatre tueurs d'un groupuscule violent dont les membres adoptent d'étranges comportements.
Thierry Dufrenne a travaillé dans la Santé pendant quarante ans. Le monde médical lui a inspiré de nombreuses nouvelles et cinq précédents romans, tous publiés aux éditions Ex Æquo. La pandémie de 2019 lui a inoculé cette fiction violente et horrifique à l'allure de complot mondial apocalyptique.
Je voudrais tout d'abord commencer par remercier les Éditions Ex Æquo pour m'avoir proposé leur livre en SP via le site SimPlement.
J'en profite pour valider la catégorie n°51 Concernant la plume de Thierry Dufrenne, j'ai apprécié la retrouver après l'avoir découverte dans Le roman commence par une note de l'auteur qui nous explique un peu ce qui l'a poussé à l'écrire. Rappelons que c'est une œuvre de fiction, mais qui se base sur la pandémie du Covid, sous un autre nom et avec des conséquences bien plus meurtrières.
(Couverture contenant toutes les couleurs primaires (bleu/rouge/jaune)) du Défi Lecture 2024.
Concernant la couverture, j'aime beaucoup sa composition, ainsi que ses couleurs. Le résumé parlant de pandémie, on voit un virus coloniser ce qui pourrait être apparenté à des cellules... voire à la Terre pour celle au milieu.
Nécrophonie. Elle est toujours fluide et agréable, très explicative du monde médical, mais encore une fois sans
Le premier chapitre nous ramène un peu en arrière, pour nous permettre de comprendre. Nous faisons la connaissance de notre personnage principal, qui restera anonyme (je n'ai pas le souvenir d'avoir croisé son prénom). Nous savons cependant qu'il est manipulateur en radiologie médicale depuis presque quarante ans au CHU de Semier, célibataire et sans enfant. C'est aussi quelqu'un qui a des valeurs et de l'empathie pour les patients.Lorsque plusieurs patients victimes de comportements violents emploient les même termes étranges, notre protagoniste commence à se poser des questions sur ces étranges coïncidences. C'est aussi sans compter le centre Cadmos de son CHU qui éveille sa méfiance tant il est impossible d'y pénétrer ni d'en apprendre quoi que ce soit.
Nous arrivons ensuite au prologue qui nous plonge tout de suite dans le bain avec une fusillade. Alors oui, on ne comprend pas tout, et c'est bien normal. Mais notre attention est bien éveillée.
Le monde peine à se remettre de la pandémie du SARS-
C'est pourquoi, lorsqu'Oscar, un collègue brancardier vient frapper à sa porte pour lui demander de l'aider à sortir sa nièce de là, il ne va pas hésiter longtemps. Il aurait su ce que cela allait déclencher, l'aurait-il fait ? Parce que cette exfiltration va être le point de départ d'une traque acharnée, de meurtres sadiques et sanglants ainsi que de révélations supposées pour le moins glaçantes. J'ai énormément aimé retrouver l'univers médical de l'auteur avec le CHU de Semier, hôpital fictif de ses histoires. Le personnage principal, lui-même un vétéran de ce domaine, est agréable à suivre, avec ses convictions, ses peurs, ses déductions et son courage. Il est aussi la preuve qu'entre la théorie et la pratique, il a un fossé et que cette dernière peut tout à fait chambouler des certitudes et une façon de voir les choses pourtant bien ancrées. Nul ne peut prédire avec certitude sa façon de réagir tant qu'il n'est pas réellement confronté à la situation en question.
Je tiens d'ailleurs à préciser qu'un moment en particulier est très brutal,
Thierry Dufrenne intercale de temps en temps des
Mémoires de guerre , sorte de journal intime à la première personne, principalement centré sur la vie des soignants durant la pandémie. Si je suppute que cela doit être celui du protagoniste, je n'ai pu m'empêcher de penser que
Concernant la fin, elle m'a un peu laissé sur la mienne, de faim. Cette dernière est très ouverte et ne nous livre que ces suppositions, aucune certitude. Cependant, si un T2 venait à voir le jour, cela changerait bien entendu la donne. ;-)
En résumé, j'ai passé un très bon moment entre les pages de ce livre. Sur une base de pandémie semblable à celle du Covid, l'auteur part ensuite dans une fiction rythmée avec des conséquences médicales violentes et glaçantes, parsemée de traque et de meurtres, sur fond sectaire tendant vers un complot mondial apocalyptique. Il est cependant dommage que la fin un peu abrupte et très ouverte n'apporte que des suppositions.