Titre : Tant que le café est encore chaud
Auteur : Toshikazu Kawaguchi
Édition : Le livre de poche
Genre : Contemporain
Pages : 232
Parution : 14 septembre 2022
Chez Funiculi Funicula, le café change le cœur des hommes.
À Tokyo se trouve un petit établissement au sujet duquel circulent mille légendes. On raconte notamment qu’en y dégustant un délicieux café, on peut retourner dans le passé. Mais ce voyage comporte des règles : il ne changera pas le présent et dure tant que le café est encore chaud.
Quatre femmes vont vivre cette singulière expérience et comprendre que le présent importe davantage que le passé et ses regrets. Comme le café, il faut en savourer chaque gorgée.
J’avais trouvé ce livre dans un magasin d’occasion, et j’avoue que je m’étais laissé tenter par le résumé et la magnifique couverture.
Avec ce livre, je découvre donc pour la première fois un roman japonais, c’est très particulier, il faut l’avouer. D’ailleurs, pour être tout à fait honnête, j’ai failli l’abandonner. J’ai eu du mal avec le premier chapitre que j’ai trouvé très contemplatif, qui manquait d’émotions et puis la longueur… Je n’étais clairement pas prête. Le livre se découpe quatre chapitres, ce qui peut être très surprenant.
Dans le premier chapitre, nous découvrons l’histoire de Fumiko, son conjoint veut lui dire quelque chose d’important. Alors qu’elle s’attend à une demande en mariage, il lui annonce qu’il part du Japon pour aller vivre aux États-Unis. Leur café préféré étant fermé, ils se sont retrouvé dans un étrange café dans un sous-sol pour avoir cette discussion.
Dans ce café, il n’y a que trois places au comptoir et trois tables de deux personnes. Une seule était libre à leur arrivée, une étant occupée par un homme lisant des revues de voyages et l’autre par une femme en robe blanche, plongée dans son livre.
D’ailleurs, après le départ de son conjoint, Fumiko va apprendre que la femme en blanc, n’est pas réellement une femme, mais un fantôme.
Il y a une légende urbaine autour de ce café, une des places, celle occupée par le fantôme de la dame en blanc, permettrait de se rendre dans le passé. Il y a bien sûr plusieurs règles pour ça, personne ne peut modifier le présent, mais la principale règle, c’est de revenir avant que le café ne soit froid, tant qu’il est encore chaud…
Par sa force d’âme, l’homme peut surmonter la plus douloureuse des réalités. Cette chaise ne change peut-être pas le présent, mais si elle change le cœur des hommes, c’est qu’elle a sûrement une signification importante…
Ce livre ressemble à un recueil de nouvelles, nous y retrouvons quatre chapitres sur quatre femmes différentes.
Fumiko qui veut revenir juste un peu en arrière pour voir son conjoint avant son départ, pour réagir différemment.
Mme Kôtake qui veut retourner dans le passé pour parler à son mari avant que sa maladie ne se déclare, quand il ne l’avait pas encore oubliée.
Mademoiselle Hiraï qui veut revoir sa sœur pour lui demander pardon et lui faire une belle promesse.
Key, la femme du patron du café, qui va, elle, faire un voyage un peu particulier.
J’ai beaucoup aimé ces quatre femmes, elles ont chacune leurs raisons de faire ce voyage. Elles savent qu’elles ne pourront pas changer le présent et pourtant, elles vont toutes changer après ce bon dans le temps de quelques minutes. Après ce voyage, elles vont prendre des décisions qu’elles n’auraient pas prises autrement. Finalement, ce n’est pas parce que le bon dans le temps ne change pas le présent, que les personnes qui font le voyage ne changent pas. J’ai beaucoup aimé cet aspect-là de l’histoire. L’auteur insiste sur cette règle, mais on voit bien que le voyage a néanmoins un impact sur le présent par les personnages qui ont fait le voyage.
J’ai trouvé que ce livre était un peu trop contemplatif, je pense que c’est le style japonais qui donne cette impression. Le premier chapitre a été vraiment très long pour moi, je me suis posé plusieurs fois la question de savoir si j’abandonnais ou si je continuais. Il y a beaucoup de détails, l’auteur décrit en long, en large et en travers le petit café. Il décrit aussi beaucoup les vêtements des personnages, pleins de petits détails qui m’ont laissé un peu perplexe au début. Mais c’est aussi mon manque d’attachement à la première héroïne, je pense.
Dès le deuxième chapitre, j’ai plus accroché, on commence à entrer dans les histoires des habitués du café. On commence à comprendre les relations entre les patrons Nagare et Key et leur cousine Kazu, la serveuse qui s’occupe des voyages dans le temps.
À partir de là, j’ai trouvé les histoires de vies beaucoup plus poignantes, beaucoup plus belles, j’y ai trouvé plus d’émotions. Je suis donc contente d’avoir poursuivi ma lecture, j’y ai finalement découvert de magnifiques histoires qui m’ont touchées, des belles leçons de vie.
Ce livre nous plonge vraiment dans l’ambiance japonaise, ne serait-ce que pour le cérémonial du voyage dans le temps. On ressent cette forme de respect des autres et de tout ce qui les entoure propres au Japonais. Le livre m’a dépaysé et ça fait du bien, j’ai adoré cette parenthèse au Japon.
Avec beaucoup de douceur, l’auteur traite de sujets importants tels que le deuil, la maladie, les regrets, les liens familiaux et bien d’autres chose encore.
Sous l’effet de l’attraction terrestre, l’eau coule de haut en bas. Nos âmes exercent une force d’attraction, elles aussi. Face à quelqu’un qu’on estime et en qui on a confiance, on ne peut pas mentir. On ne peut pas s’empêcher de se montrer sous son vrai jour. En particulier dans les moments où on essaye de cacher sa tristesse ou ses faiblesses.
Après un début très lent et compliqué pour moi, j’ai d’ailleurs frôlé l’abandon, j’ai été happé dans l’histoire à partir du second chapitre. C’est finalement une très belle lecture, j’ai adoré cette parenthèse au Japon, nous sommes complètement immergés dans cette ambiance japonaise, avec les us et coutumes du pays. Cette façon de vivre l’instant présent, ce respect omniprésent des personnages. J’ai beaucoup aimé les personnages, la famille Tokita et les clients réguliers du Funiculi Funicula qui ont su me toucher. J’ai adoré cette histoire de chaise qui fait voyager dans le temps, où il faut boire son café tant qu’il est encore chaud, au risque de se faire piéger. J’ai aimé la manière dont c’est tourné et les règles qui régissent tout ça qui donne un semblant de normalité à l’histoire. De beaux messages, énormément de sagesse, c’est ce que je retiens de ce livre, qu’il faut profiter de l’instant présent.