C'est lundi, que lisez-vous? #460

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

Savez-vous comment on nomme les différents groupes d'animaux? A part quelques-uns, les plus connus, je ne savais pas et cet album, tout en sobriété et originalité, m'a permis de les connaître. Et j'adore le parti-pris illustratif. Les animaux sont représentés minimalistes, en perles à repasser.

Un album d'aspect très simple et pourtant très ingénieux, dans un format carré et cartonné au toucher agréable.

Cet album nous raconte la vie de Louis Armstrong jusqu'à son succès, son enfance difficile en étant pauvre, en étant Noir dans une Amérique ségrégationniste, son goût pour le cornet, un instrument de musique de la famille des trompettes, le développement du jazz et ses rencontres avec d'autres artistes. L'originalité de cet album tient dans sa narratrice: la trompette de Louis! Côté illustrations, j'aime beaucoup les couleurs profondes choisies, le mouvement donné aux traits qui nous rendent perceptible sa musique!

J'aime beaucoup la collection ALT des Editions De La Martinière Jeunesse. Une collection de titres qui invitent à réfléchir sur des débats d'actualité à partir de la question du titre, et qui s'adressent aux ados dès 15 ans. J'aime aussi beaucoup leur format, petit et léger, comme les opus que l'on se refilait auparavant sous le manteau0

Les Contes de fées font débat quant à la place qu'ils donnent aux femmes, leur réelle signification, leurs origines et ce qu'ils transmettent, entre immuabilité et réinterprétations. Il est difficile de trancher sur la question du titre tant les contes de fées imprègnent nos sociétés, mais d'ailleurs, "en finir" avec eux, n'est-ce pas mauvais, "cancel culture" et autres? Jennifer Tamas tente donc d'apporter une réponse, mais surtout une analyse de ce que sont les contes de fées pour que nous, nous puissions y répondre en sachant de quoi il retourne vraiment.

L'urgence climatique n'est plus à prouver... et pourtant! Dans cet opus, Hugo Viel nous parle de son engagement et de ce qui l'a décidé à agir, de ce qu'il a vu, ce en quoi il croit, mais aussi des limites découvertes au fil de ses interventions et conférences. Forcément intéressant!

Roman choral, nous rencontrons plusieurs personnages, de différents horizons sociaux, maritaux, professionnels. Tous sont à la croisée des chemins, tous doutent d'eux-mêmes et de leurs capacités et utilités dans la société comme de leur valeur. Et tous habitent dans le même arrondissement et parce qu'ils ne se sentent pas à leur place, parce qu'ils ont un rêve, parce qu'ils y sont encouragés, ils vont se rendre au Centre social, et plus particulièrement à la bibliothèque. Là, ils rencontrent Sayuri Komachi, la bibliothécaire que tous décrivent à la fois différemment et à la fois pareillement. A chacun, elle donne un ou plusieurs titres de livres correspondant à leur demande, un titre qui semble n'avoir rien à voir, et un "petit plus", un objet confectionné en feutrage à l'aiguille. Et tous se croisent sans le savoir, c'est un procédé qui me plaît beaucoup.

J'ai aimé cet entrelacement de trajectoires de vie, j'ai apprécié ces différents profils mais je trouve que le texte comme les perspectives sont tout de même très occidentaux. Le récit fait aussi des longueurs lorsque les personnes réalisent les changements qu'ils ont apporté à leur vie, les leçons qu'ils en tirent.

Un roman feel-good empreint de positivité et bienveillance mais qui ne me restera pas longtemps.

C'est le dessin entre Marjane Satrapi et Zeina Abirached qui m'a attirée vers cet album, d'autant que je connais si peu de Ginette Kolinka (depuis je me suis acheté son livre!). Utilisant le "je" elle nous raconte sa vie, l'arrestation et surtout son insouciance (inconscience ?) de ce qui se passait réellement. Un ton et une vision qui changent de ce qu'on lit d'ordinaire et c'est d'autant plus poignant!

Demon Slayer - Tome 1 - Kimetsu no yaiba. Koyoharu Gotouge. Panini, septembre 2019

Japon, tout début XXe siècle, dans une montagne enneigée vit une famille d'une mère et de ses cinq enfants. Le père n'est plus et c'est désormais Tanjiro, jeune marchand de charbon, qui survient à leurs besoins. Alors qu'il est parti en vendre dans la vallée et qu'il se fait trop tard pour rentrer, il dort chez un voisin, mais à son retour, il découvre que les siens ont été tués, par un démon mangeur d'hommes sans nul doute. Seule sa sœur Nezuko est vivante mais n'est plus la même. Tanjiro est doté d'un odorat très sensible et enregistre l'odeur qui émane de l'endroit avant de repartir vers la vallée chez un médecin. Mais il rencontre un chasseur de démons qui décèle en lui un potentiel. Il l'enjoint alors d'aller voir "le vieux Sakonji Urokodaki qui vit au pied du Mont Sagiri". Ce qu'il fait avec sa sœur sur le dos, protégée des rayons du soleil. Arrivé là-bas, Tanjiro est mis à rude épreuve pour savoir s'il pourra devenir chasseur de démons, avant d'être envoyé à l'épreuve finale.

J'ai bien aimé ce premier volume qui pose caractères et environnements, qui ne sont guère accueillants. La frontière est mince entre la réalité, le fantastique et l'horreur. Il y a donc des monstres anthropophages, difficiles à tuer, des enfants morts, un maître masqué, Tanjiro doté d'un grand cœur et d'un profond sens moral, sensible et empathique, et sa sœur, devenue démone mais qui ne semble pas dangereuse. J'ai les prochains tomes, je continuerai mais ne sais pas encore si je lirai les 23 parus.

Chloé Berthoul vit à Gabarny avec son compagnon Greg, sa belle-fille Colette et son fils Raoul. Ville ordinaire, famille recomposée ordinaire, enfants ordinaires, métier ordinaire, aspirations ordinaires. Sauf que! Son grand-père qu'elle pensait mort et enterré depuis belle lurette, est bien mort, mais cela ne fait "que" six ans, et il n'est pas décédé dans un accident de voiture comme le prétendait "La Mouche" (sa grand-mère au franc-parler aussi détonnant que mauvais) mais dans son fauteuil. Chloé qui s'imagine toucher un héritage conséquent en revendant l'appartement déchante une fois arrivée à Lille, lestée d'un troisième enfant, Lapouta, petit voisin dont le père vocifère à longueur de jour et de nuit (l'alcool aidant).

J'adore l'écriture totalement décomplexée de Titiou Lecoq découverte avec sa biographie décalée de Balzac! C'est drôle, à la fois barré et "ordinaire" et elle nous livre là un roman qui s'annonce haut en couleurs! Hâte de poursuivre!

Il y a Norma, il y a Dylan, et il y a Martine. Trois personnes très différentes à tout points de vue et pourtant réunies au même endroit pour être jurés d'assises. Isabelle Lagarrigue nous plonge à leurs côté dans un tribunal et nous fait ressentir leurs émotions, leurs découvertes, leurs craintes, de la réception de la lettre, aux prémices du procès. Tout est détaillé. Leurs caractères, leurs gestes, ce qui les motive ou les freine, et surtout comment ils vont devoir, ou pas, se comporter. Et comme eux, j'ai hâte de savoir!

Somnambule.Dan CHAON. Albin Michel, 2024