Plusieurs versions de la naissance de Sav-Loar circulent dans le royaume. Toutes racontent comme de jeunes magiciennes poursuivies par les capes d’or se réfugièrent dans la forêt des Songes et y érigèrent une ville secrète. Sans être entièrement fausses, ces légendes sont approximatives, car les fondatrices de cette ville n’avaient rien des adolescentes terrifiées et à peine pubères qu’elles décrivent. Elles étaient des femmes dans la fleur de leur féminité, à l’apogée de leur art, au zénith de leur colère. Elles étaient d’anciens membres du Clos traquées par leurs pairs, ayant assisté au massacre de deux centres d’entre elles par la peur de la différence et la soif de domination. Sav-Loar, le lever de lune, devint le pendant clandestin d’Astria l’éclatante. Ainsi débuta la nuit des magiciens.
Pourquoi ce livre ? Lu il y a tout juste un an, L'Héritage des Rois-passeurs m’avait suffisamment plu pour me donner envie de lire la suite.
Moi qui croyais que ce serait une suite indirecte, je me suis largement fourvoyée ! Car Les Illusions de Sav-Loar entrecroise tellement les fils de sa trame avec ceux du premier opus que je me suis dit que l’un ne peut aller sans l’autre. Ce fut d’ailleurs difficile de replonger dans l’univers d’Ombre pour cette raison : j’ai eu du mal à me souvenir des détails et des personnages préalablement vus, si bien que j’ai ressenti un moment de flottement.
Ce flottement général a eu du mal à passer. L'intrigue prend son temps, met en place ses personnages dans un contexte violent, avec des changements succincts et rapides qui nous font passer du coq à l'âne. Si tout est assez clair, il faut quand même suivre !
Malgré cet enchaînement vif de l’intrigue, je me suis ennuyée dans le premier tiers et ce fut aussi difficile dans le second. Ce second volume est déjà bien épais, il y a énormément de choses à développer pour rendre cet univers aussi crédible qu’il l'est. Le recours aux ellipses a lieu plusieurs fois… et ce procédé m’a frustré. Je reproche à l’autrice un manque d’attachement quant aux personnages, du fait qu'ils ont pour la plupart développé une carapace autour d'eux pour se protéger de l’hostilité ambiante. Le choix de passer sous silence leur apprentissage, quelle que soit leur voie, ne tend pas à les rendre plus accessibles. Au contraire, cela entretient l’aura de mystère et ce sentiment qu’ils sont supérieurs à nous. D’ailleurs, certains personnages secondaires perçoivent également la même chose de Bleue et Fèl, étant donné leur regard sur elles.
Du fait des ellipses et d’un manque d’approfondissement des personnages, j’ai eu du mal à comprendre où l’intrigue nous menait. À raison, puisque il faut attendre le dernier tiers pour obtenir l'élément déclencheur qui va réunir tout ce beau monde. Là, j’ai vraiment adhéré à ma lecture et, elle qui avait traîné plusieurs jours sur mon bureau, j’ai lu la fin d’une traite.
Si j’ai eu du mal à apprécier les personnages, je n’en admire pas moins leur courage. De plus, je trouve que les protagonistes développent une belle situation, notamment Fèl qui devient quelqu'un d’important malgré elle. Bleue, détachée de tout, colle parfaitement au traumatisme qu’elle porte, je ne peux la juger plus que cela. J’ai adoré Guilhem et Oreb, pour l'équilibre humour et sérénité qu’ils apportent. Enfin, revoir d’anciens personnages a fait chaud au cœur, même s’il m’a fallu un petit temps pour les resituer - en dehors de la reine, évidemment.
Un second tome avec quelques défauts, notamment un rythme très inégal et des personnages qui manquent de développement du fait des trop nombreuses ellipses. Je me suis un peu ennuyée au départ mais la fin rattrape la donne avec de l'action et de l'émotion. C’est un bon roman de fantasy et cette duologie est idéale pour se lancer dans le genre.
16/20
Les autres titres de la saga :
1. L'Héritage des Rois-passeurs
2. Les Illusions de Sav-Loar
- saga terminée -