Wonder woman hors-la-loi : les amazones contre les états-unis d'amérique

Par Universcomics @Josemaniette

 Parmi toutes les nouvelles séries DC comics récentes, la plus attendue, pour ce qui nous concerne, était probablement celle consacrée à Wonder Woman, écrite par Tom King et dessinée de manière absolument époustouflante par Daniel Sampere. Nous y voici déjà, puisque Urban comics propose la semaine prochaine le tome 1 de Hors-la-loi, le nouveau grand récit qui mérite absolument votre intérêt le plus sincère. Une fois n'est pas coutume, nous allons commencer avec le travail du dessinateur : Sampere n'a jamais été aussi exceptionnel et c'est peu de le dire ! Chaque vignette est une œuvre d'art en soi; l'héroïne qu'il présente est une synthèse merveilleuse de tout ce que nous apprécions trouver chez Diana. Elle est belle, forte, majestueuse, imposante, élégante, et dans les scènes de combat, elle dégage une aisance impressionnante, qui la place à part sur un piédestal, très loin au-dessus du commun des mortels, dont il faut le souligner, elle ne fait pas partie. King poursuit son travail de déconstruction (ou dans ce cas précis, d'analyse minutieuse) pour écrire quelque chose d'inédit, de pertinent, capable de coller à l'actualité et au préoccupations contemporaines. Wonder Woman est une amazone, c'est-à-dire fondamentalement une "femme" qui appartient à une race de déesses, dont les valeurs et la structure sociétale ne sont pas exactement les mêmes que les nôtres (et plus particulièrement que les États-Unis d'Amérique). Les hommes, dont beaucoup se sentent déjà menacés par les revendications féministes du 21e siècle, sont tous indésirables sur l'île Paradis, le repère féerique des compagnes de notre héroïne. Si les Amazones vivent parmi nous et sont présentes dans tous les États-Unis, la cohabitation va être mise à très rude épreuve le jour où un meurtre de masse est commis dans un bar. 19 hommes ont été battus à mort et laissés dans un bain de sang, tandis que les deux femmes ayant assisté à la scène ont elles été épargnées. L'auteure de ce crime est une amazone, les premiers indices, les premières pages, nous laissent à penser qu'elle a été molestée et que sa réaction a été ultra violente. Reste que le gouvernement américain réagit à sa manière, c'est-à-dire en donnant la chasse aux Amazones, en décidant de les expulser du territoire américain, quitte à utiliser la manière forte, c'est-à-dire les exterminer. Et c'est un certain Sergent Steel qui est chargé de mener à bien l'assaut, qui comprend, bien évidemment, l'objectif ultime de s'en prendre à Diana, la plus célèbre de toutes. Wonder Woman, quoi.

King fait ce qu'il sait faire de mieux, en prenant appui sur un domaine qu'il maîtrise à la perfection, grâce à ses anciennes activités professionnelles. Il plonge dans les arcanes de la politique, la manière dont le gouvernement est capable d'instrumentaliser un fait divers et d'orienter l'opinion, pour parvenir à ses fins. King explore la veine complotiste, avec la présence d'un groupuscule qui contrôle ce même gouvernement, plus particulièrement la figure du Souverain, une sorte de roi véritable du pays, dont il tire en secret les ficelles. Les présidents l'écoutent et lui obéissent, c'est lui qui impose son agenda et sa vision du monde au reste de la nation. Mais que peut-on vraiment imposer à Wonder Woman, elle qui est capable de défier une armée toute entière, de soulever des chars d'assaut pour balayer les soldats qui se dressent contre elles, d'affronter quelques uns de ses pires ennemis, dans une coalition assassine, qui n'a guère de chance face à celle que rien n'arrête définitivement. King n'oublie pas non plus d'écrire des dialogues sincères et parfois profonds, notamment lorsque Diana et Steve Trevor sont amenés à se confronter. L'homme qu'elle aime est au service de l'armée américaine, il doit être soumis à son devoir, pour autant il devient aussi le pion de ses supérieurs dans une machination où chaque acte de violence en appelle un successif, encore plus violent. Le lecteur est de plus gratifié de scènes extraites du passé qui ajoutent solennité et grandeur au personnage de Wonder Woman, et d'une parenthèse assez étonnante : alors que l'Amérique donne la chasse à la plus grande héroïne de la planète, celle-ci décide de passer la journée avec un enfant malade et condamné, qu'elle emmène sur son île, là où aucun "mâle", quel que soit son âge, n'est censé poser le pied. Et ça n'est pas sans heurts. Encore et toujours, Sampere accompagne le récit dans ses chemins de traverse, par des planches qui laissent pantois. Du grand art. Un numéro spécial consacré à Trinity, la "fille" de Wonder Woman, vient achever ce premier tome. Trinity est par ailleurs celle à qui est censée être narrée l'aventure que nous lisons dans Hors-la-loi, ce qui explique l'importance qu'on lui accorde à ce stade de la série. Une publication très intelligente, soignée, fascinante.  (sortie vendredi 24 mai)


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