Isabelle Maroger est bouleversée par un cours d’histoire au collège. Elle y apprend que les nazis ont créé pendant la seconde guerre mondiale des Lebensborn, des maternités destinées à la sélection d’enfants blonds aux yeux bleus, notamment en Scandinavie. L’information la touche particulièrement car sa mère, Katherine, est née en Norvège en 1944 et a été adoptée par un couple français deux ans plus tard. Lorsqu’elle interroge sa maman en rentrant à la maison le soir, cette dernière botte en touche. Ce n’est qu’après la disparition des ses parents adoptifs que Katherine se décidera à faire des recherches et qu’elle découvrira qu’elle est bien née dans un Lebensborn, de la liaison d’une norvégienne avec un soldat allemand. Elle ira même jusqu’à retrouver l’identité de sa mère, malheureusement décédée. La rencontre avec son frère, ses sœurs et sa tante reste malgré tout un grand moment d’émotion. Tout l’inverse du voyage en Allemagne pour découvrir un père d’une froideur déstabilisante.
Récit au long cours se déroulant sur plusieurs années, cette (en)quête intime et personnelle touche à l’universel. Le travail de mémoire est présenté sans non-dit ni faux-semblant, en toute transparence. Une réflexion sur la transmission aussi sensible que sincère, portée par un trait naïf et vivifiant qui souligne à merveille le large spectre des émotions ressenties par chacun. Au final la recherche des origines se révèlera salutaire pour tous, poussant même Isabelle Maroger à conclure que renouer avec ses racines norvégiennes, « c’est avoir retrouvé quelques pièces de puzzle manquantes à [son] identité, et surtout à [son] cœur. »
Lebensborn d’Isabelle Maroger. Bayard, 2024. 220 pages. 22,00 euros.