Titre : La somme de nos vies

Auteur : Sophie Astrabie

Édition : J’ai lu

Genre : Contemporain

Pages :  378

Parution : 12 mars 2021

Camille, jeune fleuriste qui rêve sa vie, visite des appartements qu’elle n’a aucune intention d’acheter.
Marguerite, quatre-vingt-sept ans, met en vente son appartement qu’elle s’est pourtant juré de ne jamais quitter.
Derrière leurs fenêtres qui se font face, dans cette rue parisienne, la vie de l’une n’apparaît à l’autre qu’en reflet. Les mensonges de Camille à son entourage et les secrets de Marguerite enfouis soigneusement depuis l’enfance se croisent et se répondent.

Comment prendre sa vie à bras-le-corps quand on a décidé d’en vivre une autre ?

Ça fait un petit moment que je voulais découvrir la plume de Sophie Astrabie. J’ai choisi ce livre qui était dans ma pal, parce que j’ai l’occasion de la voir dans un salon dans quelques jours.

Et franchement, après avoir terminé ce livre, je n’ai qu’une question ? Pourquoi je n’ai pas lu cette autrice avant ? J’ai tout adoré dans ce livre, la plume, l’histoire, les personnages…

Marguerite a l’impression de se cogner au mur invisible de la solitude. Chaque joie, chaque espoir se heurte inlassablement à cette vitre dressée devant elle, cet isolement en pleine foule.

Camille est fleuriste depuis quelques années, pourtant sa famille la pense en étude de droit, prête à passer le barreau. Pour sa famille, il n’y a que les grands métiers qui comptent, avocat ou médecin, un métier avec une plaque apposée sur un mur. Pourtant, Camille est très épanouie dans son travail, elle aime les fleurs, elle aime ce qu’elles représentent, mais elle a honte de le dire à ses parents. Parce que Camille a tendance à vivre la vie par procuration, c’est aussi ce qu’elle fait avec ses voisins d’en face. Avec les trois immenses fenêtres de son appartement et la proximité de l’immeuble d’en face, elle étudie ses voisins, s’imagine leur vie. C’est ce qui va la pousser à se rendre dans une agence immobilière, elle n’a absolument pas les moyens et l’intention d’acheter un appartement, non, elle veut juste se rendre chez les gens et imaginer leur vie.

Marguerite vit dans le même quartier que Camille, à quelques rues de là, à plus de quatre-vingts ans, Marguerite se sent très seule, surtout depuis que sa meilleure amie est décédée. Sur un coup de tête, pour tenter de rompre sa solitude, elle va pousser la porte d’une agence immobilière pour mettre son appartement en vente. Elle n’a aucune intention de le vendre, cet appartement, c’est toute sa vie, elle y vit depuis ses neuf ans. Mais elle se dit que des visites lui feront un peu de compagnie. Elle va très vite sympathiser avec Thomas, l’agent immobilier qui est très à l’écoute malgré les conditions un peu étranges de Marguerite.

Le destin va réunir Marguerite, qui ne veut pas vraiment vendre son appartement et Camille qui ne veut pas acheter d’appartement, lors d’une visite de l’appartement de Marguerite. Et il faut dire que le destin fait parfois très bien les choses…

Camille s’aperçoit que pendant longtemps, elle avait eu peur de la peur et que ce sentiment était bien plus puissant que la peur elle-même.

Wahou, quelle lecture, j’ai trouvé cette histoire vraiment prenante et incroyable.

J’ai été beaucoup touchée par l’histoire de ces deux femmes.

Camille, qui ne s’est jamais vraiment senti à sa place dans sa propre famille, n’a aucune confiance en elle. Elle passe son temps à dire qu’elle est avocate comme le pense sa famille, c’est d’ailleurs ce qu’elle dit à Thomas. Pourtant, elle est à sa place dans cette boutique de fleurs, sa patronne le sait et l’encourage à faire ses preuves en lui laissant les clés de la boutique. Camille est réellement passionnée de fleurs, on le ressent dans ses gestes, dans ses idées, j’ai d’ailleurs appris quelques petites choses sur les fleurs. Camille vit sa vie par procuration, passant son temps à observer les fenêtres des immeubles devant lesquels elle passe. Elle préfère inventer des vies aux autres que de se confronter à sa propre vie. Elle m’a fait de la peine, j’ai facilement compris pourquoi elle faisait ça, il faut dire que ses parents et sa sœur ne lui facilitent pas la vie. J’ai aimé voir son évolution, principalement grâce à sa patronne et Marguerite, elle va petit à petit reprendre les rênes de sa vie. Elle va s’investir dans la boutique, n’ayant pas peur de ses choix et de prendre ses responsabilités. Elle va transmettre sa passion pour les fleurs à ses clients pour leur plus grand bonheur. Camille va enfin pouvoir vivre sa vie au lieu de la rêver.

Marguerite est, elle aussi, très touchante, elle m’a fait rire autant qu’elle m’a ému. Elle a un passé difficile et à son âge, elle a du mal à vivre avec la solitude. Tous ceux qu’elle connaissait sont décédés, elle est la dernière et le vit de moins en moins bien. J’ai adoré son petit mensonge pour se sentir moins seule. Avoir des visites à son appartement, qu’elle n’a pas du tout prévu de vendre. On aimerait tous avoir une mamie comme elle, elle est bienveillante et à beaucoup de sagesse qu’elle transmet à Camille, pour qui elle a eu un coup de cœur. D’ailleurs, Marguerite cache autre chose que ce petit arrangement, quelque chose de beaucoup plus fort, que je n’avais pas vu venir et qui m’a laissé sans voix…

J’ai eu un petit peu plus de mal avec Thomas, pourtant, c’est un héros vraiment bienveillant et gentil. Il se plie en quatre pour Marguerite et ses exigences un peu étranges. Lui aussi a un passé un peu compliqué, il a passé toute son enfance à déménager à cause des lubies de son père. Même encore maintenant, il doit payer les conséquences de l’instabilité de son père. Bien qu’il ait pris ses distances avec ses parents, surtout avec son père, il est malgré tout très loyal à sa famille.

Ce que j’ai préféré dans cette histoire, c’est la relation entre Camille et Marguerite, je les ai trouvés très touchantes toutes les deux. Deux générations, une rencontre par hasard et pourtant, un magnifique lien va très vite se créer entre elles. Marguerite va apporter beaucoup de conseils à Camille, qu’elle a décidé de prendre sous son aile. Elle ne comprend pas pourquoi elle se prétend être avocate alors qu’elle est une très bonne fleuriste. Marguerite va aider Camille à franchir des étapes dans sa vie, à s’accepter et à avancer pour s’épanouir.

J’ai adoré cette immersion dans la vie d’une fleuriste, j’ai aimé ces moments passés avec les plantes, j’avais vraiment l’impression d’y être. Ça doit être un métier passionnant, soigner les plantes, les mettre en valeur, sans parler des messages qu’elles font passer. J’ai d’ailleurs appris quelques petits trucs grâce à cette lecture, notamment sur les chrysanthèmes. J’ai aimé toutes les idées que Camille a mis en place dans la boutique, j’ai trouvé chacune de ses idées vraiment intéressantes et originales.

La notion de famille est très importante dans cette histoire, que ce soit sur le passé de Marguerite, qui est un élément qui m’a retourné la tête, réellement, je ne m’en remets pas du wahou que j’ai poussé en découvrant sa vie. Thomas qui a eu une enfance compliquée à cause de son père et de ses lubies, des multiples déménagements qu’il a subis comme une punition. Il doit aujourd’hui assumer les casseroles de son père. Mais aussi de Camille qui n’a pas la même définition d’Ambition et Réussite que ses parents. Elle qui a toujours été poussée à faire un « grand » métier, trouve son bonheur en tant qu’artisan.

C’est d’ailleurs une autre chose que j’ai trouvé intéressante dans cette histoire, les métiers. Pour certains, les métiers sans étude, les métiers d’artisanat ne méritent aucune reconnaissance, comme pour les parents de Camille. Alors que ces métiers sont nécessaires et peuvent apporter, à leur échelle, du bonheur aux gens, les fleurs, par exemple, peuvent soigner les maux de certains ou de certains, comme un médicament. Tous les métiers sont dignes, peu importe le niveau d’étude, il est bon de le rappeler.

Avec ce livre, je découvre donc la plume de Sophie Astrabie et quelle magnifique surprise, vraiment. J’ai relevé énormément de citations tellement ses mots m’ont parlé et m’ont touché. J’ai trouvé sa plume très poétique, avec énormément de beaux messages. Ces messages m’ont touché en plein cœur, m’ont parlé vraiment personnellement, ils m’ont fait beaucoup de bien.

Et sans doute est-ce symptomatique du problème de Camille : mettre la vie des autres dans la lumière et garder la sienne dans l’obscurité.

C’est un énorme coup de cœur, j’ai absolument tout aimé dans ce livre. Je me suis beaucoup attachée à Camille et Marguerite. Les personnages de ce livre ont tous eu un passé difficile (bon j’avoue que celui de Marguerite m’a laissé sans voix). C’est un livre avec beaucoup de tendresse et de bienveillance. La plume de Sophie Astrabie est très belle et l’autrice nous livre beaucoup de très beaux messages dans son histoire. Des messages qui m’ont parlé personnellement et m’ont fait beaucoup de bien. Une histoire dans laquelle il est question de vivre sa vie, d’ambition, de choix de vie et bien d’autres choses encore. Il y a beaucoup d’amour et d’amitié dans cette histoire, les liens entre les personnages sont réellement beaux et forts. J’ai dévoré cette histoire, tournant les pages avec frénésie tant j’ai été happée dans cette histoire, d’ailleurs, je serais bien resté dans la boutique de Camille, parmi toutes ces fleurs qui embellissement encore un peu plus l’histoire.