Michel Jean – Maikan ***

Par Laure F. @LFolavril

Éditions Points –

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Ce roman m’a rappelé ma lecture récente de l’excellent roman de Michelle Good, Cinq petits indiens. Ils ont le même thème : dans la première moitié du XXème siècle, les enfants autochtones sont envoyés de force par le gouvernement canadien dans des pensionnats qui ont pour objectif de détruire en eux l’autochtone, de l’assimiler. Seulement, en détruisant l’Indien en eux, c’est l’enfant qu’ils détruisent. Beaucoup d’enfants et adolescents y subiront des sévices et violences en tous genres.

Audrey est avocate, elle se charge de retrouver les autochtones qui ont survécu au pensionnat de Fort George, sur une île de la baie James, afin qu’ils puissent toucher l’indemnisation prévue par l’État, qui reconnaît depuis 2008 le génocide culturel qui a été commis. La jeune femme découvre qu’en 1936, trois adolescents entrent à Fort George, mais qu’après il n’y a plus aucune trace d’eux. Que sont devenus Virginie, Marie et Charles ? La seule qu’elle parvient à retrouver est Marie et elle vit désormais à l’autre bout du pays, à Pakuashipu.

Le roman alterne passé & présent – le quotidien à Fort George, les sévices sexuels, la violence ; en entrant au pensionnat, les adolescents perdent leur nom, ils deviennent un numéro. On leur vole tout, jusqu’à leur singularité, leur identité. On leur ravit leur corps, leur âme. Au présent, Audrey accueille les souvenirs de Marie. Les mots de Michel Jean sont simples et laissent transparaître d’autant plus l’horreur du passé. L’émotion affleure à mesure que le récit avance et que le dénouement se fait pressentir. Maikan est une lecture témoignage émouvante et juste, encore une fois essentielle.