Titre : Le rossignol
Auteur : Anne-Gaëlle Huon
Édition : Albin Michel
Genre : Contemporain
Pages : 304
Parution : 2 mai 2024
L’enfance est faite de promesses qu’on passe une vie à trahir
1994, un village de la baie de Somme. Tony a dix ans et un rêve plus grand que lui : remporter le concours du meilleur imitateur d’oiseaux. Inlassablement, il s’entraîne pour oublier le silence de son père, de leur maison, de leur famille qui n’en est plus vraiment une. Mais l’arrivée de Louis, un petit Parisien, va bousculer ses projets. D’autant que le garçon développe un don inattendu…
Que reste-t-il de nos rêves à l’âge adulte ? Peut-on rester fidèle à l’enfant qu’on a été ?
Dans le somptueux décor de la baie de Somme, Anne-Gaëlle Huon nous emmène à la rencontre de personnages inoubliables, et convoque l’enfance, ses promesses et ses secrets.
J’ai acheté ce livre le week-end dernier au salon du livre de Vannes, où j’ai pu rencontrer l’autrice. Celui-ci n’a pas traîné longtemps dans ma pal, j’avais très envie de le lire. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, mais quelle magnifique surprise, je l’ai trouvé très différent de Les Demoiselles le seul livre de l’autrice que j’avais lu. J’ai trouvé celui-ci beaucoup plus original, beaucoup plus marquant et poétique. Ce livre, c’est un ovni, un oiseau rare, je n’ai jamais rien lu de comparable…
Je l’observe. Son écharpe qui s’agite doucement dans le vent, ses cheveux en désordre, ce sourire d’enfant quand l’oiseau prend son envol. Si le Petit Prince n’était pas retourné sur sa planète, voilà aujourd’hui à qui il ressemblerait.
Cette histoire, c’est l’histoire de Tony, enfant de la Baie de Somme, fils de berger, il vit avec son père et sa grand-mère dans une petite maison de pêcheur. Comme toute sa famille, le petit garçon est passionné par les oiseaux, d’ailleurs, il les imite à la perfection. Son rêve, c’est de remporter le concours du meilleur imitateur d’oiseaux.
Sa vie va prendre un tournant quand Louis, un petit parisien, va débarquer dans sa classe et dans sa vie. Louis ne lâche pas Tony, lui courant après tout le temps, Tony va finir par accepter la présence de Louis et même lié une forte amitié avec lui. Alors que les deux jeunes garçons vont vivre mille et une vies ensemble, un jour un événement va briser cette amitié.
Trente ans plus tard, ils vont se retrouver, qu’en est-il de leurs rêves d’enfants et de leur amitié ?
L’enfance est faite de promesses que nous passons le reste de nos vies à trahir.
Dès les premières pages, j’ai su que ce livre allait laisser sa trace dans mon cœur et je ne me suis pas trompé. Je ne sais même pas comment vous dire tout ce que j’ai ressenti pendant ma lecture, c’est beau, c’est tendre, c’est captivant, j’avais l’impression de courir après les oiseaux avec Tony et Louis.
Je me suis énormément attachée au personnage de Tony, que ce soit le petit garçon ou l’homme qu’il devient. Tony a une vie un peu compliquée, il vit avec sa grand-mère de qui il est très proche et son père. Avec lui, c’est plus compliqué, il y a beaucoup de distances entre eux, Tony cherche constamment à lui plaire, à avoir des miettes d’amour de ce père qui ne fait presque pas attention à lui. Pourtant, ils ont cette passion commune de la nature et surtout des oiseaux, mais ce n’est pas suffisant. C’est pour ça que Tony veut remporter le concours, pour que son père l’aime un tout petit peu, et soit fier de lui. J’ai eu mal au cœur pour ce gamin à plusieurs reprises, Tony est finalement un enfant un peu perdu. Il va très vite se sentir chez lui quand il se rend chez Louis, dans sa grande maison. Il va notamment se rapprocher de sa maman, qu’il admire beaucoup, elle va elle-même lui apprendre beaucoup. C’est un personnage vraiment attachant, il est bienveillant, malgré tout ce que la vie lui fait subir. J’ai admiré ses connaissances sur les oiseaux, je l’ai imaginé reproduire leur chant. J’ai eu les larmes aux yeux à certains moments de l’histoire, le cœur serré face à ce gamin, cet homme que la vie n’épargne jamais…
J’ai aussi aimé Louis, ce petit garçon très particulier. Dès le début, j’ai su qu’il était différent des autres enfants, même de Tony. Louis a une très grande sensibilité, aux autres, au monde qui l’entoure et surtout aux animaux, une scène m’a particulièrement marquée d’ailleurs… Louis est dans son monde, un peu comme sa mère, parfois, il est difficile de les comprendre. Son rêve à Louis, c’est de voler parmi les oiseaux, il ne se contente pas de les imiter, non, il leur parle, prend soin d’eux, aimerait être comme eux. C’est un personnage à la fois très touchant et insaisissable, on se demande parfois d’où il vient, à l’instar du Petit Prince, comme le mentionne l’autrice.
J’ai aimé cette amitié entre Tony et Louis, ils sont opposés sur bien des choses, mais leur passion pour les oiseaux va les entraîner dans de folles balades à travers la baie de Somme. Ils se soutiennent, se confient, s’entraînent à imiter les oiseaux. C’est une douce amitié qui les unit, finalement, ils deviennent comme des frères. Même leurs familles se sont habituées à voir ses deux petits garçons toujours fourrés ensemble.
Dans ce livre, cette notion d’amitié est très présente, le temps de l’innocence, des rires, des rêves partagés avec les copains. J’ai adoré suivre les deux enfants que soit dans leur balade à la recherche des oiseaux, à l’école, où l’un est studieux et l’autre plutôt cancre et au sein de leurs familles, là encore, très différente.
Bien évidemment, dans ce livre, il est aussi question d’oiseaux. Et j’en ai appris beaucoup, l’autrice nous parle d’une multitude d’oiseaux, certains plus connus que d’autres. Ici, il est question de courlis, de coucou, d’aigrette garzette et bien sûr de rossignol. En plus de découvrir leur chant, et certaines anecdotes sur leur façon de vivre, j’avais vraiment l’impression de pouvoir les observer moi aussi. C’est une ode à la nature et à la faune que nous propose l’autrice.
En lisant ce livre, j’ai été envahie d’une douce nostalgie, une plongée dans l’enfance des années 1990. Je n’ai que quelques années de différence avec Tony et Louis, alors quel bonheur de retrouver certaines pépites de mon enfance. Ces moments devant la télévision à regarder Une famille en or, ou Le juste prix, les billes que l’on collectionnait et Chantal Goya qui nous régalait dans le Club Dorothée. Les heures passées à jouer à Docteur Maboul, la bonne paye et puissance 4. J’ai connu la même enfance que ces deux héros, je me suis donc senti encore plus proche d’eux.
La plume de l’autrice est poétique, enivrante, elle transmet à merveille les émotions. Elle m’a totalement embarqué avec elle en baie de Somme. De beaux messages d’espoir, de rêves distillés avec beaucoup de tendresse et de bienveillance. Une plume magique qui nous fait voyager, qui nous emporte très haut dans le ciel, comme les oiseaux, qui sont, eux aussi, un peu les héros de cette histoire.
Les hommes n’inventent rien, fils. Ils imitent la nature et l’ignorent ensuite en prétendant la dompter.
Dès les premières pages, j’ai su que ce livre serait un coup de cœur. Un livre extraordinaire, une histoire comme je n’en ai encore jamais rencontré. Une ode à la nature et plus particulièrement aux oiseaux, on ne fait plus assez attention à eux et ce livre m’a donné envie de les écouter, de les observer. Des personnages très attachants et touchants que ce soit quand ils sont enfants ou adultes. Des drames de la vie, des rêves d’enfants, de l’espoir, des réconciliations, de l’amitié et beaucoup d’amour. Beaucoup d’émotions, une histoire qui m’a fait vibrer, qui m’a fait m’envoler très haut, qui a su me toucher au plus profond de mon cœur, un livre que je ne suis pas près d’oublier. Je serais bien resté un peu plus longtemps à écouter les Tiou! Tiou! Tiou! et les Kaow! Kaow! Kaow! dans ce fabuleux décor.