Itaguaï, une petite ville brésilienne à la fin du XIXème siècle. Simon Bacamarte, psychiatre diplômé, « le plus grand parmi les médecins du Brésil, du Portugal et des Espagne » crée un asile d’aliénés, la Maison Verte, pour parfaire ses connaissances sur cette pathologie et accessoirement la soigner. Il y fait enfermer les fous de la ville mais bien vite la cadence augmente et presque la totalité de ses habitants s’y retrouve parquée !
Au début du récit les habitants s’émerveillent devant cette avancée de la science, puis s’inquiètent devant la masse des internés, le conseil municipal est en ébullition, il y a des pour et des contre, l’apothicaire y trouve son compte financièrement parlant tandis que le barbier va mener une révolution populaire, ce qui nous vaut des retournements de veste et d’opinion quand le pouvoir tombe, avant qu’une contre-révolution n’engendre les mêmes réactions.
Un texte délirant, ironique et très amusant donc, permettant à l’écrivain de dénoncer les dogmatismes scientifiques et politiques. En chamboulant les fondements de la folie on en vient à s’interroger, qui sont vraiment les fous, les internés ou le psychiatre ? Ou encore, serions-nous tous, plus ou moins, fous ? Les politiques ne sont pas épargnés non plus par l’ironie grinçante de Machado de Assis, qui condamnent en se retranchant derrière l’avis scientifique (« Si les gouvernements sont impuissants à éliminer la folie, sont-ils au moins habilités à la discriminer et à l’identifier ? »), engendrant la peur et la délation dans la population.
Pas mal du tout et finalement toujours moderne.