La Seconde Guerre mondiale en BD (Vicente Cifuentes – Arnaud de la Croix – Editions Le Lombard)
Churchill, Hitler, Staline, Mussolini, De Gaulle, Hiroshima, Auschwitz, Omaha Beach, Nuremberg… Tous ces hommes et ces lieux font évidemment partie de l’Histoire, voire même de l’inconscient collectif. Mais que sait-on précisément sur chacun de ces noms? Quels rôles ont vraiment joué les différents protagonistes de la Seconde Guerre mondiale? Et comment les événements se sont-ils enchaînés pour donner lieu au plus grand conflit armé que la Terre ait jamais connu, entraînant la mort de plus de 60 millions de personnes? Alors que l’on commémore cette année les 80 ans du débarquement des forces alliées en Normandie, le scénariste Arnaud de la Croix et le dessinateur Vicente Cifuentes ont décidé de tout reprendre à zéro pour nous rafraîchir la mémoire en 300 pages. Leur idée est simple: raconter en une seule bande dessinée l’histoire complète de la Seconde Guerre mondiale. De manière extrêmement pédagogique, ils montrent en 20 chapitres à quel point ce conflit est né d’un lent processus de radicalisation politique à différents endroits du monde: la montée du nazisme en Allemagne bien sûr, celle du fascisme en Italie, mais aussi l’expansionnisme japonais en Chine dès les années 1930, mis en lumière par Hergé dans l’album « Le Lotus bleu ». Si on ajoute à cela la terrible crise économique qui frappe le monde au lendemain du krach boursier de 1929, mais aussi et surtout l’inaction des grandes démocraties face aux agressions successives de l’Allemagne et du Japon contre leurs voisins dans les années qui précèdent le déclenchement des hostilités, on aboutit à un cocktail particulièrement explosif. En plus d’être un cours d’Histoire très réussi, « La Seconde Guerre mondiale en BD » constitue donc aussi une mise en garde aux responsables politiques de notre époque, en leur rappelant que si on ne se montre pas assez fermes face aux dictateurs qui bafouent ouvertement les droits de l’Homme et les règles internationales, les conséquences peuvent se révéler désastreuses…
Il y a quatre ans, la bande dessinée « La Bombe », qui retraçait de manière passionnante la naissance de la bombe atomique ayant dévasté Hiroshima et Nagasaki, devenait un best-seller inattendu, avec plus de 100.000 exemplaires vendus. Forcément, ce succès de librairie a donné des idées à d’autres éditeurs. « La Seconde Guerre mondiale en BD » reprend exactement la même formule que celle de « La Bombe » puisqu’il s’agit d’un gros livre en noir et blanc pour lequel on a été chercher un dessinateur issu du monde des comics, c’est-à-dire quelqu’un capable de travailler très rapidement. Ce dessinateur, c’est l’Espagnol Vicente Cifuentes, qui a notamment participé à des albums de séries comme « Batgirl », « Aquaman », « X-men » ou « Suicide Squad ». Son dessin réaliste et précis s’adapte parfaitement au scénario signé par Arnaud de la Croix. Philosophe de formation et historien par passion, celui-ci a déjà signé plusieurs livres à succès tels que « Les Templiers, chevaliers du Christ ou hérétiques? », « L’Erotisme au Moyen Age », « Hitler et la franc-maçonnerie », de même qu’une biographie du collaborateur belge Léon Degrelle. Dans « La Seconde Guerre mondiale en BD », leur association fonctionne à merveille puisque ce livre se lit de manière très fluide et permet de mieux saisir les enjeux et les rapports de force de la guerre 39-45. On y retrouve bien sûr les moments clés du conflit, comme la bataille de Stalingrad et la bataille des Ardennes par exemple, mais on y découvre aussi des épisodes moins connus et des alliances surprenantes. Le fait d’avoir découpé l’album en 20 chapitres, avec des parties écrites entre chacun de ces chapitres, permet non seulement au lecteur de respirer entre les différents épisodes du conflit, mais également de faire les liens entre les belligérants et les événements. Au final, cela donne une BD intelligente et bien construite, qui séduira tous ceux qui ont besoin d’une cure de rafraîchissement sur la Seconde Guerre mondiale. Un livre plus qu’utile, donc, en cette période durant laquelle certains semblent vouloir oublier les leçons de l’Histoire.