Les grandes Oubliées, Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq

Par Livresque78

Une fois n'est pas coutume, je vous parle aujourd'hui de non-fiction. Ce n'est pas un genre que j'affectionne particulièrement, je préfère la fiction, indubitablement. Mais ce texte me fait de l'œil depuis un moment, je le trouve ambitieux et il paraissait en plus qu'il était jubilatoire. Que demande le peuple ?

Voici la quatrième de couverture :

De tout temps, les femmes ont agi. Elles ont régné, écrit, milité, créé, combattu, crié parfois. Et pourtant elles sont pour la plupart absentes des manuels d'histoire.
" C'est maintenant, à l'âge adulte, que je réalise la tromperie dont j'ai été victime sur les bancs de l'école. La relégation de mes ancêtres femmes me met en colère. Elles méritent mieux. Notre histoire commune est beaucoup plus vaste que celle que l'on nous a apprise. "
Pourquoi ce grand oubli ? De l'âge des cavernes jusqu'à nos jours, Titiou Lecoq s'appuie sur les découvertes les plus récentes pour analyser les mécanismes de cette vision biaisée de l'Histoire. Elle redonne vie à des visages effacés, raconte ces invisibles, si nombreuses, qui ont modifié le monde. Pédagogue, mordante, irrésistible, avec elle tout s'éclaire. Les femmes ne se sont jamais tues. Ce livre leur redonne leurs voix.

Le pari de Titiou Lecoq était fou mais elle réussit avec brio. Elle nous dresse, avec humour, légèreté et précision historique, un panorama complet mais accessible du rôle des femmes pendant les différentes périodes historiques. Premier constat : on a souvent pensé que les femmes étaient absentes des grands faits historiques parce qu'elle restait dans la sphère privée, mais ce modèle social c'est celui d'une société somme toute récente, et très éloignée du modèle des groupes préhistoriques ou antiques.

Par des analogies avec le monde animal, avec les autres cultures, Titiou Lecoq nous invite à ouvrir les yeux sur ce mensonge : les femmes ont toujours eu un rôle important. On l'a tu, pour diverses raisons, qu'elle expose avec talent et fougue, mais il y a eu des guerrières, il y a eu des reines, il y a eu des révolutionnaires. Mais différente de l'homme, la femme est vue longtemps comme un homme mal fait, une anomalie, puis comme un être incontrôlable, enfin comme un individu inférieur.

Titiou Lecoq redonne sa place à la moitié de l'humanité. Elle fait résonner des noms inconnus : Catherine Bernard (reléguée au rang de plagiaire par Voltaire, qui l'imite beaucoup), Claire Lacombe, Etta Palm aux côtés d'Olympe de Gouges, Charlotte Delbo... C'est un texte qui ouvre la voie à la lecture de bien des ouvrages, qui constituent autant de preuves de l'implication des femmes dans la vie politique et sociale.

La non-fiction ne deviendra pas mon genre de prédilection mais cette œuvre de Titiou Lecoq est nécessaire et donne un nouveau souffle à notre vision de l'humanité, un nouvel élan nécessaire. Elle le fait sans exagération, sans pédanterie, sans exigence, elle le fait naturellement, comme un avocat qui voudrait faire entendre la vérité tout simplement. Merci Titiou Lecoq !

Priscilla