En deux mots
Andoun va quitter son village de Nyokon pour habiter Douala où elle pourra aller à l’école. Mais elle va se heurter à l’incompréhension de sa famille, surtout quand elle devient fille-mère sans pour autant vouloir renier son désir d’émancipation. Elle va réussir à partir pour Paris avec sa fille et devenir Anne-Marie. Mais là encore, le fossé entre ses aspirations et la réalité va se révéler difficile à combler.
Ma note
★★★★ (j’ai adoré)
Ma chronique
La Camerounaise qui voulait réaliser ses rêves
En choisissant de romancer la vie de sa grand-mère pour son premier roman, Kiyémis nous raconte le destin d’une femme camerounaise du village de Nyokon en 1954 jusqu’à Paris aujourd’hui. L’occasion d’étudier le statut de la femme dans les deux pays mais aussi de décliner avec force la thématique de l’exil, du patriarcat, du sexisme et du racisme. Le tout avec poésie et une belle soif de vivre.
Pour vivre, toute la famille d’Andoun travaille aux champs. De longues heures durant, elle sème, plante, récolte. Un travail usant qu’elle n’aime pas. Mais, elle fait comme toutes les autres. Et chante pour se donner du courage. « Sa grande sœur Madeleine, sa petite sœur Monique, sa cousine Marthe, d’autres fillettes encore, en pagne aussi, entonnaient le même chant d’encouragement. C’était le chant de celles qui savent qu’elles vont rester des heures courbées, sur le champ des hommes. »
La situation va cependant changer le jour où Madeleine trouve un mari. « La famille du marié était l’une des premières familles de Nyokon à avoir quitté les champs pour aller en ville. Le fils était devenu un maître d’hôtel, à l’Akwa Palace. » Andoun part la rejoindre dans la grande ville pour y suivre des études. Mais son beau-frère la considère plutôt comme une employée de maison et elle doit déchanter.
La belle jeune va pourtant attirer les regards et être invitée à une soirée où Roger, un jeune militaire, la séduit. Encore naïve, elle se laisse caresser, embrasser et dépuceler. Quelques semaines plus tard, elle va constater qu’elle est enceinte et demander au père de prendre ses responsabilités. Roger va se défiler et laisser le champ libre à Isaire Koundéré, un pauvre pêcheur qui voit l’avantage à épouser cette fille-mère. Il conclue le marché avec son père, mais Andoun se refuse à cette union, à se voir, elle et sa fille Freya, sentir le poisson en permanence. Aussi décide-t-elle de prendre la fuite et de trouver un emploi capable de lui fournir de quoi les faire vivre. Après avoir travaillé dans un institut de beauté, elle va développer une activité de massage à domicile et trouver une certaine aisance financière. Ce qui lui permet tout à la fois de repousser Koundéré lorsqu’il l’a retrouve – « Je ne repartirai pas avec toi, jamais. J’ai fui une fois, je fuirai une autre fois, encore et encore. Je prendrai ma fille, le soir, et je partirai de nouveau. Je ne me fatiguerai pas, tu sais, je suis jeune. Chaque nuit, tu dormiras en sachant que je veux fuir » – et de solliciter un double visa pour aller en France étudier les soins esthétiques.
Grâce à sa volonté farouche, elle parvient à ses fins et emménage chez son frère et sa belle-sœur. Mais à nouveau son Eldorado se transforme en enfer. À nouveau, elle prend la fuite. « La réalité était sombre. Elle n’avait plus rien. Plus de passeport, plus d’économies, plus de lien avec son frère, aucun moyen de rentrer au Cameroun et à peine de quoi vivre ici. Elle eut soudain très froid. La panique se répandit dans ses veines, sa vue se troubla et des larmes se mirent à couler toutes seules. »
Un ami accepte l’héberger avec sa fille dans une chambre de bonne. Elle doit se contenter de petits boulots, des ménages ou encore un poste de garde-malade et va parvenir à sortir la tête de l’eau.
Kiyémis a choisi de courtes poésies en vers libres pour agrémenter ses fins de chapitres. Ils disent les rêves et les souffrances, les espoirs et les chants qui traversent Andoun, devenue Anne-Marie en France. Des rêves au milieu de fleurs jaunes.
« Les fleurs jaunes, encore.
La terre rouge, encore.
Les chants de sa mère, de ses sœurs. Encore. »
Une manière originale de donner encore davantage de relief à son propos, mais aussi de passer de la réalité – souvent implacable dans sa dureté – aux forces de l’esprit. Elles permettant de réagir face au sexisme, à cet homme qui sans vergogne prend l’innocence d’une jeune fille et refuse d’assumer son acte, au racisme, quand la couleur de peau devient un critère d’exclusion, et au poids des traditions patriarcales que, j’en suis convaincu, Kiyémis n’a pas fini de combattre.
NB. Tout d’abord, un grand merci pour m’avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
Et, refleurir
Kiyémis
Éditions Philipe Rey
Premier roman
384 p., 22 €
EAN 9782384820054
Paru le 1/02/2024
Où ?
Le roman est situé au Cameroun et en France, à Nyokon, Douala, Sangmélima, Nkongmondo, à Paris et en banlieue, ainsi qu’à Crécy-la-Chapelle, Meaux
Quand ?
L’action se déroule de 1954 à nos jours.
Ce qu’en dit l’éditeur
Née dans le village camerounais de Nyokon, Andoun est entourée du bruit des houes retournant la terre des cultures d’arachides. Mais ses rêves sont plus grands que cette vie dans les champs. À chaque instant, elle souhaite casser la routine dans laquelle son village entend l’installer. Entre une volonté d’étudier contrariée, une grossesse imprévue et une indépendance arrachée, chaque pas vers son destin produira une onde de choc, transformant définitivement la jeune femme, ses proches et tous ceux qui croiseront son chemin.
De Nyokon à Paris, en passant par Douala, Andoun devra affronter la résistance de sa famille très conservatrice. Tiraillée entre son envie d’appartenance et ses désirs de flamboyance, elle tentera de dépasser les préjugés des mondes traversés. Avec ce premier roman inspiré de l’histoire de sa grand-mère, la poétesse Kiyémis rend hommage aux rêves déraisonnables, à la témérité, à la capacité de renaître de celles qui choisissent de suivre leur destinée hors des sentiers tracés.
Les critiques
Babelio
Lecteurs.com
Madmoizelle
RFI (Vous m’en direz des nouvelles)
RFI (chemins d’écriture)
Les premières pages du livre
« Prologue
Certaines nuits accouchent de rêves passagers.
Leur présence est éphémère.
Visiteurs temporaires,
Nichés derrière les yeux,
Ils s’emparent des lieux,
Ne laissent rien derrière eux,
Et lorsque,
Au battement de paupières suivant,
Le jour arrive comme un billet retour,
Ils s’évaporent.
Les voilà repartis comme ils sont venus.
C’était toujours la même chose.
Andoun se retrouvait dans les champs, derrière le village.
Le vert d’abord, partout.
Un vert émeraude, lumineux, débordait à perte de vue. Ce vert, qui accrochait la lumière, combattait dans l’air le chaud des routes ocre, et recouvrait tout d’un manteau de vie. Les plants d’arachides tapissaient les vallées, et puis, au loin, les collines, puis, au loin, des villages dont elle ne connaissait pas le nom. Les épis de maïs dévoraient l’horizon.
Derrière elle, le soleil s’était déjà levé. Elle en sentait les rayons embraser son dos. La chaleur lui intimait d’accélérer le rythme.
Plus vite, Andoun !
Plus vite !
Elle enfonça ses petits orteils dans la terre. Il fallait trouver appui pour se courber vers le sol granuleux, semer les graines qui fleuriraient bientôt. C’était son travail à elle, petite fille, aider à faire fleurir la terre. Ses minuscules mollets se soumirent à l’ordre. Elle se fléchit sur elle-même, fit disparaître une graine et tapa de plus belle contre la terre.
Andoun avait l’habitude de cette danse avec le temps et le soleil. Il fallait semer les gousses, les enfouir profondément, remettre la terre et tasser. Bientôt l’astre brûlant serait à son zénith et tout labeur deviendrait impossible.
Il faisait déjà chaud et la sueur, témoignage moite de ses efforts, mouillait le tissu de son pagne.
Plus vite, Andoun,
Plus vite.
Tape la terre, Andoun, tape.
Il fallait offrir son corps, ses genoux, ses muscles bandés, des coups, encore et encore, pour qu’enfin, à force d’imprécations, de supplications, de flexions, de torsions, la terre puisse leur livrer son cadeau.
La substance. La subsistance.
Les fruits.
La Vie.
Derrière la petite fille, des voix familières se mêlaient aux bruits des plants qu’on arrache et aux râles s’échappant des corps des travailleuses.
Comme souvent, l’une d’entre elles, une cousine, une sœur peut-être, s’était mise à chanter. Puis les autres la suivirent.
La voix leur donnait du courage.
La mélodie s’enracinait en Andoun.
Comme toutes les autres.
Sa grande sœur Madeleine, sa petite sœur Monique, sa cousine Marthe, d’autres fillettes encore, en pagne aussi, qui entonnaient le même chant d’encouragement.
C’était le chant de celles qui savent qu’elles vont rester des heures courbées, sur le champ des hommes.
Devant ses yeux, le pagne d’une femme plus grande, plus âgée, bougeait en rythme.
Elle voyait le nœud de son foulard s’agiter furieusement au-dessus de sa tête.
Ses mouvements étaient précis, experts, rapides.
Elle tapait, arrachait, et faisait pleuvoir les gousses autour d’elle.
Andoun reconnaissait bien là le travail de sa mère, une efficace travailleuse.
Bientôt, elle porterait le fruit de leur labeur et irait vendre ces dizaines d’arachides au marché.
Tous ces efforts leur permettraient, à Andoun et à sa famille, de survivre.
La fillette savait bien qu’elle devrait imiter l’exemple de sa mère, de ses sœurs. Il fallait contribuer à la tâche, en bonne fille de famille.
Après tout, le terrain ne se retournerait pas seul, les arachides ne sécheraient pas d’elles-mêmes. La verdure ne renaîtrait pas spontanément.
Elle avait son rôle à jouer dans cette chorégraphie éprouvante.
Chacune avait sa parcelle de terrain à travailler.
Pourtant, ses sœurs avaient toujours été plus efficaces.
Leurs gestes se fondaient dans ceux de sa mère.
Leurs voix dans celles des chanteuses.
Et parfois, Andoun abandonnait sa tâche et jetait un coup d’œil vers elles, leurs gestes en rythme.
Peu à peu, la fillette se rendait compte qu’elle n’arrivait plus à manipuler la houe. Ses mains étaient moites, et le manche de bois, éraflé par des années de bons et loyaux services, glissait entre ses doigts.
La houe était son alliée dans le travail de cette terre. Andoun devait la tenir d’une poigne ferme mais le manche se dérobait.
Malgré des années de pratique, elle n’arrivait pas à maîtriser l’outil. Elle tapait à côté, dépouillait les feuilles des plants.
La terre volait partout, les feuilles s’arrachaient et elle craignait de se voir reprocher une nouvelle fois sa lenteur par sa mère.
Elle reprit de plus belle, pensant très fort qu’elle aurait aimé être ailleurs.
Et puis la houe se volatilisa d’entre ses mains. Elle disparut purement et simplement.
La fillette battit des paupières, la chercha dans les plis de sa jupe, pour voir si elle ne l’avait pas fait tomber. Introuvable.
Elle se redressa.
Le champ était silencieux.
Plus de chansons, ses sœurs n’étaient plus là.
Sa mère non plus.
Le bruit des houes avait cessé.
Les voix des femmes avaient disparu.
La fillette voulut ouvrir la bouche pour appeler sa mère.
Sans succès.
Elle n’arrivait plus à prononcer le moindre mot.
Comment on disait « Maman », déjà ?
Elle ne savait plus, elle avait perdu sa langue natale.
Tout était resté derrière elle.
Apeurée, la fillette arracha un plant d’arachide. Elle serra si fort l’une de ses gousses qu’elle sentit la coque s’enfoncer et érafler la paume de sa main.
Elle enracina ses pieds plus profondément dans le sol argileux, espérant trouver un refuge dans la terre. Rester stable. Puis elle ferma les yeux très fort. Peut-être que, si elle attendait quelques secondes, elle se réveillerait de ce cauchemar et retrouverait sa mère et ses sœurs.
Elle n’osait pas rouvrir les yeux. Accroupie, les pieds plantés dans le champ de son père, la tête entre les genoux, tétanisée, elle attendait que tout retourne à sa place. Mais elle n’entendait plus la jupe de sa mère frotter les plantes vertes.
Seulement le silence.
Plus rien n’était comme avant.
Elle laissa passer un temps.
Il s’étira en longueur. Un autre le suivit.
Deux, puis trois.
Des minutes-décennies.
S’accroupir ne changerait rien, décida-t-elle.
L’immobilité, c’était l’antichambre de la mort.
Alors elle se redressa.
Elle était toujours seule.
Lorsqu’elle ouvrit la main, une longue tige verte avait remplacé la racine d’arachide.
Au bout de celle-ci, une sphère d’un jaune intense.
Un petit soleil, doux sur sa paume.
Lorsqu’elle releva la tête vers l’horizon, un éclair frappa ses yeux. Il lui fallut du temps pour s’habituer. L’image était tellement saisissante qu’elle l’avait éblouie.
Elle vit que les plants d’arachides avaient disparu.
À la place, des milliers et des milliers de petites tiges vertes, sur lesquelles reposaient de petites boules de lumière.
Elles ondulaient, agitées par un vent d’origine inconnue, et les fleurs se mouvaient lentement. Une immense vague de lumière.
Hypnotisée, Andoun restait coite devant le spectacle qui s’offrait à elle. Elle avait l’impression que la lumière la pénétrait tout entière, passant par ses globes oculaires, traversant son cerveau, pour se diffuser dans ses veines et y déverser une sensation étrange, qui lui piquait le bout des doigts.
Elle posa le regard sur ses mains.
Les traces de terre, coincées sous ses ongles courts, disparaissaient.
Finies les arachides.
Finie la houe.
Finie la sueur.
Fini le labeur.
Seule restait la douceur des fleurs, qui l’invitaient à les rejoindre.
Elle fit un pas, puis un autre, et un autre encore.
Bientôt, elle fut au milieu du champ.
Baignée par la lumière des pétales, elle avait l’impression de danser avec des milliers de soleils.
Certaines nuits accouchent de rêves squatteurs,
Des rêves qui viennent s’installer,
Prendre possession des lieux,
Des rêves qui s’entichent de nos paupières,
S’y attachent,
Pour ne plus jamais s’en défaire.
Certaines nuits accouchent de rêves-bourrasques,
De rêves-tornades,
Qui viennent faire tomber
Cloisons,
Murs et fondations,
Renversent les maisons,
Pour faire entrer de nouvelles saisons.
Certaines nuits accouchent de rêves sauvages,
Des rêves hérétiques,
Des rêves incendiaires,
Qui feront chavirer
Le destin
Des dormeuses jadis paisibles.
LIVRE 1
ANDOUN
CHAPITRE 1
Nyokon, Cameroun, 1954
– Andoun, réveille-toi ! On y va hein ?
– …
– Andoun, c’est déjà le matin !
– …
– Andoun… ne commence même pas.
Andoun se retourna sur la natte. Les voix redoublèrent d’irritation.
– Ne nous montre pas le dos, Andoun.
– …
– La mère ne va pas être contente hein.
– …
– Tu es d’abord comment hein ?
– …
– Parce que tu crois que les arachides vont sauter de la terre pour atterrir cuites et préparées dans ton ventre ?
– …
– Lève-toi, c’est toi qu’on attend !
Silence.
Andoun restait immobile.
Les voix, qui l’avaient cueillie au creux de son sommeil, finirent par s’éteindre.
Les pas s’éloignèrent.
Sortie d’affaire.
Sa mère savait très bien comment l’histoire allait finir, pensa la petite fille. Quand elle ne voulait pas se lever, cela ne servait à rien de la forcer.
Elle sortit la tête de sous la fine couverture.
Même si elle avait grandi un petit peu l’été dernier, elle gardait la couverture en guise de protection contre les corvées matinales.
Peuh !
Que quoi ?
Elle ?
Se lever aux aurores ?
Elle détestait ça. Elle savait qu’elle aurait dû suivre ses sœurs et qu’elle risquait d’être encore punie, mais son rêve était si agréable.
Andoun fuyait la journée, parce qu’elle savait qu’elle ressemblerait à toutes les autres.
La journée commençait très tôt, sur le coup de 5 heures. Les mamans attachaient leur foulard et leurs pagnes, donnaient le lait ou un morceau de mangue à leurs enfants, puis tous se mettaient en route. Il fallait marcher une dizaine de minutes, monter la colline pour arriver aux champs.
Certaines familles cultivaient les tomates, d’autres le maïs ou le manioc. En ce moment, ses parcelles à elle, la famille des Andoumalong, c’étaient les arachides.
Andoun détestait tout ce qui avait trait à la cueillette des arachides.
Des bruits de rires et de cavalcades provenaient de la rue. Voilà, ça devait être les autres enfants qui couraient pour rejoindre leur mère. Andoun referma les yeux. Elle n’avait pas de mal à imaginer la suite : le pagne attaché sur les reins, pieds nus dans la terre, le dos bien courbé, les mains qui farfouillent pour enlever le plant sans casser l’herbe ni perdre la graine. Et cela pendant des heures. Il fallait en faire un maximum le matin pour tromper le soleil. Ils ne s’arrêtaient que vers midi, lorsque la chaleur devenait trop éprouvante. Ensuite, le petit cortège redescendait la colline pour rentrer au village. Les femmes et les enfants, couverts de sueur, s’attelaient à la préparation d’une collation, souvent la même, de la salade de papaye et de la mangue.
La petite fille détestait aller chercher les arachides. Le soleil lui donnait mal à la tête. Malgré son très jeune âge, elle était convaincue qu’elle n’avait rien à faire dans la boue du champ.
Et puis, depuis plusieurs semaines, elle faisait ce rêve. Le vert. Les arachides qui se transformaient en énormes fleurs jaunes. La sueur qui disparaissait. Plus de houe. Plus de plant. Plus de chaleur. Andoun voulait rejoindre la douceur des fleurs jaunes.
Où trouver le chemin vers ce champ-là ? Elle n’en avait jamais vu à proximité du village.
Andoun sortit de la chambre où elles dormaient, ses sœurs et elle, en espérant trouver la case vide. Une voix sévère la fit sursauter :
– Andoun, qu’est-ce que tu fais encore là ?
Elle se retourna et vit sa mère qui la regardait en fronçant les sourcils.
Sa mère était une petite dame, qui avait passé sa vie à labourer les champs de son père, puis de son mari. C’était une femme travailleuse, qui n’avait jamais rechigné à la tâche, même durant chacune de ses neuf grossesses. Sur ses mains, on devinait les heures passées à arracher, bêcher, piler, cuisiner, malaxer. L’incarnation de la mère de famille respectable.
– Tous les enfants sont déjà en route, et toi, tu dors encore ?
Le soleil se lèverait bientôt sur le village, et la lumière du jour pénétrait déjà l’habitation, éclairant le visage de sa mère.
Aucun doute, elle était contrariée.
– La mère, je… commença-t-elle, essayant de plaider sa cause.
– Si tu as le temps de parler, tu as le temps de marcher, interrompit froidement la mère.
Andoun ferma la bouche. Elle connaissait ce ton. Si elle essayait de discuter, sa mère risquait de se fâcher. Et elle n’aimait pas quand sa mère se fâchait, surtout qu’elle savait que dans sa case à elle reposait, contre le mur, une longue chicotte. Elle étouffa un soupir.
– Viens là, je vais arranger ton pagne, dit sa mère. On est déjà en retard, le soleil risque de noircir ta peau !
– Papa, j’ai mal au ventre.
– C’est comme ça que tu vas nous gâter les enfants, elle se prend déjà pour une petite princesse, s’exclama la mère, un tissu à la main.
– J’ai parlé, non ? Elle ira la première demain.
– Voilà bien ta manière de gérer ta préférée.
La voix agacée de sa mère disparut et ils restèrent tous les deux.
– Papa, j’ai encore rêvé des fleurs jaunes…
Silence.
– Ma fille, tu sais, ces rêves-là, il ne faut pas y faire attention.
– Mais j’ai demandé à Monique et Sophie ! Elles n’ont pas ce genre de rêves, elles…
Secoue les épaules !
Secoue les épaules !
Danse pour les hommes,
Danse pour la fécondité
De la terre.
Danse pour que ses fruits,
Ses jus précieux,
Viennent inonder le village.
Pour ta famille,
Pour ton village.
Danse
Et chasse les ténèbres,
Danse
Et le feu brûlera encore,
Danse, ma chère,
Danse avec tes sœurs,
Et, ensemble,
Offrez vos mouvements à la joie,
À la vie,
À la nuit.
Finies les salades de papaye et tapioca, se réjouissait Andoun, en songeant à la fête qui se préparait.
Pour un temps, ses lèvres connaîtraient autre chose.
Tout le village bouillonnait, tendu vers le soir.
Elle irait regarder sa mère, assise devant son énorme marmite à l’arrière de la maison, pilant la farine pour la semoule de manioc.
Le bruit du mortier tonnait, à chaque mouvement de bras, comme la promesse d’une semoule parfaite.
Les jours de fête, Andoun n’avait pas envie de se dérober à ses obligations. Non, ces jours-là, tout son corps était chargé d’une énergie nouvelle. Elle irait chercher l’eau au puits, elle irait prendre du charbon, ramasser du petit bois. S’il le fallait, elle serait capable d’arracher la parcelle de son père, entière.
Elle croiserait une famille voisine revenant du marché les bras chargés du plantain, de la tomate, de l’avocat, de l’huile rouge. Entre les lèvres de l’une des filles, le soupir d’une chanson qui serait chantée le soir même par les femmes du village.
Dans les yeux d’Andoun, l’anticipation du festin.
Elle reconnaîtrait bientôt l’odeur de la viande de bœuf que les hommes braisent au loin.
Sa langue danse en pensant au jus qui viendra baigner sa bouche.
Bientôt le refrain, bientôt la nourriture, bientôt l’abondance, bientôt la joie.
Nyokon, lors des fêtes, c’était l’obscurité qui reculait. La pénombre, habituellement dangereuse, devenait propice aux jeux d’enfants.
Ces jours-là, elle était accompagnée de Monique et de sa cousine Marthe. Trompant la vigilance des filles plus âgées qui devaient s’occuper d’elles, les fillettes allaient se cacher derrière la case pour embêter leur meilleure amie, Boussare, qui s’était entichée du fils du voisin d’en face.
Ses frères Oscar, Stéphane et Darras jouaient au loin à se faire peur.
Leurs rires venaient perler la nuit tombante.
Mais, ce soir, Andoun n’était pas allée jouer avec sa sœur et sa cousine.
Elle n’avait pas taquiné cette amie qui regardait avec trop d’insistance l’un des garçons de la bande.
Ce soir, Andoun avait envie de rester en sécurité dans les bras de Noh Poh.
Près du feu, la petite fille se nichait au creux de son pagne, et ne ratait rien des contes dont elle avait le secret. En général, elle était seule à écouter ses histoires, mais il arrivait que ses sœurs l’imitent, pour le simple plaisir de s’asseoir à ses côtés. La petite fille adorait la compagnie de sa grand-mère.
Éloigné du feu, l’oncle Nissah mangeait en silence sa brochette de soya. Andoun le regardait du coin de l’œil. L’oncle Nissah n’était pas comme les autres.
Ce n’était pas exactement son oncle d’ailleurs, se souvint la jeune fille.
C’était l’oncle de sa mère.
D’abord, il ne parlait presque plus.
Il avait une mine toujours renfrognée.
Et puis il avait une aura bizarre.
Certains anciens prétendaient qu’il parlait une langue venue de l’autre côté de la grande mer.
Andoun ne savait pas si c’était vrai.
Elle l’avait toujours connu vieux et aveugle.
Il restait dans sa case et dans la pénombre.
Il y a des gens que l’on a toujours connus vieux.
Qu’on ne peut imaginer que marqués par la vie.
Comme si les rides prenaient toute la place.
Andoun avait un peu peur de son oncle.
Comme si elle sentait en lui la vie qui s’étiolait.
Elle avait peur que ce soit contagieux. Qu’à son contact, les ténèbres viennent l’enlever à son tour.
Parfois, son père lui demandait d’aller lui porter quelques paquets.
Andoun frissonnait sur le chemin qui menait vers la case en terre cuite.
Elle était reconnaissable entre mille.
Lorsqu’elle s’approchait pour poser son fardeau à l’entrée, elle faisait mine de ne pas voir le fusil adossé au mur extérieur.
– Noh Poh, qu’est-ce qui s’est passé avec oncle Nissah ?
Un soir comme celui-là, alors que la lune était claire et qu’on allumait un grand feu au milieu de Nyokon, elle avait osé demander à sa grand-mère l’histoire de l’oncle Nissah.
Nissah n’avait pas toujours été l’oncle taciturne.
Il avait même été coureur de jupons.
C’était un petit garçon vif et prometteur.
Toujours de ceux qui dévalent l’avenue principale pour qu’on les poursuive.
Il était le premier à faire danser les filles lors des fêtes de village.
C’était lui qui partait en brousse et lui qui ramassait le plus de bois.
Les femmes se pâmaient devant Nissah, qui était grand et fort. Sa peau était lisse et belle, elle brillait au soleil.
Il y a très longtemps, à l’époque où une langue inconnue résonnait encore dans les rues de Douala, il est parti pour l’Europe.
La grand-mère se tut un instant.
Andoun n’était pas sûre de savoir ce que c’était, l’Europe.
Un jour, les colons ont débarqué à Nyokon.
Les enfants ont couru dans les pagnes de leurs mères et les femmes se sont réfugiées dans leurs cases.
Ces kipons en uniformes, au front transpirant, aux joues rouge tomate et à l’intonation étrange. On avait entendu qu’ils étaient allés dans un village à quelques jours de Nyokon, où vivaient des proches de la famille, et ils n’avaient causé que souffrance et malheur.
Tout le monde savait que les kipons étaient porteurs de mauvaises nouvelles.
Surtout quand ils étaient équipés de leurs treillis, de leurs coutelas et de leurs longues baïonnettes.
On comprenait à peine ce qu’ils disaient.
Malheureusement, ils n’avaient pas besoin d’être compris.
Leurs armes parlaient pour eux. On devinait ce qu’il fallait faire, ce qu’ils avaient à dire.
Leurs grosses voitures s’étaient aventurées au fin fond de la brousse.
Jusqu’au champ de leur famille.
Les kipons se sont concertés avec les chefs du village. En sortant, ils ont demandé aux hommes en âge de s’aligner dans la grande artère principale.
Les ont réunis, en ont choisi quelques-uns, et parmi eux, Nissah et ses frères, puis les ont fait monter dans un bus, affrété pour l’occasion.
Les hommes ont alors disparu.
Les femmes étaient éplorées.
Les saisons se sont succédé. Certaines bonnes femmes de Makénéné disaient que les Blancs étaient venus leur voler leurs hommes pour les tuer dans des sacrifices occultes. Un jour, pendant la saison sèche, un cortège d’hommes poussiéreux s’était arrêté près de Nyokon.
Les femmes avaient accouru.
On avait reconnu les hommes disparus depuis des années.
On les avait pressés de questions.
Où étaient les autres ?
Où étaient-ils partis ?
Pourquoi si longtemps ?
Un seul avait répondu.
« Nous sommes partis en enfer. »
« Il n’y a que nous. »
– Mon Andoun, soupira la vieille dame.
« Peu qui sont encore ici s’en souviennent.
« Ceux qui comme moi étaient présents à leur retour sont partis rejoindre le pays des ancêtres.
« Mais moi, je suis encore là, je me rappelle.
« Je me rappelle l’obscurité sur leurs visages.
« Elle s’était attachée à leurs vêtements, les ensevelissait presque. Des nuages sombres peuplaient leurs yeux.
« Surtout ceux de Nissah.
« Il portait lui aussi un treillis, plein de trous, avec une breloque qui avait dû briller des années plus tôt.
« Une breloque, avait répété la grand-mère, avant de cracher sur le sol d’un air dégoûté.
La salive éclaboussa la petite fille qui s’essuya précipitamment.
– Une breloque, redit-elle un peu plus doucement. Une breloque et un fusil.
Andoun se souvenait de l’arme à l’entrée de la case. Ses parents lui interdisaient formellement de la toucher. Elle ne l’avait jamais vue utilisée, mais chaque fois qu’elle passait avec ses sœurs devant la case de l’oncle Nissah elles marchaient un peu plus vite.
– On avait fait un grand feu et tué un bœuf pour leur retour, reprit la grand-mère d’un ton si triste qu’Andoun s’en voulait d’avoir abordé la question.
« Célébrer le fait qu’ils étaient bel et bien là.
« On a beaucoup pleuré aussi.
« Pleuré ceux qui n’étaient pas rentrés.
« Ceux qui étaient morts sur des terres lointaines.
« On les a pleurés en espérant, que, même loin,
« Même chez les kipons,
« Leurs âmes trouveraient le chemin du retour.
« On espérait qu’après les deuils, les nombreux feux, les bains et les coutumes, on pourrait chasser les nuages de leurs yeux.
« On espérait que, si on portait le noir, les ténèbres se dissiperaient, au fil des mois.
« On était allées au fond des brousses et les femmes plus âgées avaient découpé des écorces. Certains se sont réhabitués à la vie du village.
« La brume n’a pas totalement quitté leurs yeux, mais le travail au champ, la saison sèche et les pluies diluviennes du pays ont délavé leurs âmes.
« D’autres sont repartis, des semaines plus tard… Où, on n’a jamais vraiment su.
« Ton oncle Nissah est resté, lui.
« Il est retourné travailler au champ.
« Mais contrairement aux autres, il ne parlait pas.
« Ses nuages à lui se sont transformés en murs avec grilles et gardiens.
« D’ailleurs, il gardait toujours le vieux fusil avec lui, contre le mur de sa case,
« Un peu comme s’il défiait quelqu’un de sauter par-dessus le mur.
Noh Poh prit ici une longue inspiration. Ses yeux fixaient le feu, mais ils n’étaient plus là.
– On lui a proposé alors des femmes.
« Oh, ma petite, tu ne sais pas, mais c’est ça qu’on faisait quand on ne savait plus.
« On envoyait les femmes combler les trous causés par d’autres hommes.
« Elles ont toutes fui, rit la grand-mère.
« Et puis, quelques mois plus tard, il a commencé à gémir.
« La nuit, un long cri a résonné, qui a réveillé le village.
« Cela venait de la case de Nissah.
« Une autre nuit, nouveau cri. Puis un autre. Encore et encore.
« Personne n’osait approcher de sa case. Comme un avertissement.
« Une menace pour tous les autres.
« Les chefs de village ont décidé d’intervenir.
« On a convoqué les gars qui étaient partis avec lui pour qu’ils nous expliquent ce qui s’était passé.
« Ils ont raconté des scènes d’horreur.
« La boue, les cafards qu’ils ont dû manger.
« Dormir avec la peur au ventre et le fusil à la main.
« Le corps tendu vers la Mort.
« De soi, des autres.
« La boue, le froid, la boue encore,
« La boue partout,
« Des trous pour refuges.
« Les pires atrocités de la guerre.
« La sauvagerie.
« Ma chérie, dit la grand-mère, tu es une enfant. Je n’ose t’en dire plus. Ton père ne serait pas content.
– Mais, mamie, comment sont-ils revenus de l’enfer ?
La vieille femme tenta un sourire, pourtant Andoun ne perçut aucune lumière dans ses yeux.
– L’enfer les a juste chassés,
« Remis dans un bateau, avec les pauvres habits qu’ils avaient.
« L’enfer nous les a renvoyés, abîmés.
« Maintenant, c’est notre rôle de les reprendre.
« Ils sont à nous, tu sais, ils nous appartiennent.
« Ils appartiennent au village,
« Et même si l’enfer les a abîmés,
« Les a brisés en mille morceaux,
« Même si l’enfer a déposé sur eux
« Une souillure éternelle,
« C’est à nous de les recoller.
« C’est à nous de les laver à tout prix.
« C’est notre rôle, à celles qui restent,
« De guérir
« Ceux qui partent.
Andoun ne comprenait pas vraiment les mots de sa grand-mère. Elle était mal à l’aise. Elle aurait aimé rejoindre ses amies, oublier cette conversation qui assombrissait la soirée.
Mais la vieille femme ne semblait pas vouloir s’arrêter de parler. De la bouche ridée qui s’était trop tue, les mots ruisselaient sans discontinuer.
Qui était Andoun pour décider de l’arrêter ? Son malaise et elle restèrent sagement assis, fixant le feu, en espérant qu’elle pourrait bientôt retourner jouer.
Certains ont essayé d’oublier.
Pour déraciner ces cauchemars
Des confins de leurs âmes,
Ils ont essayé toutes sortes de méthodes.
Certains ont sombré dans la bière et le vin.
Il est parti d’ici, et il a laissé quelque chose.
Il est parti là-bas et on lui a pris quelque chose.
Il est revenu,
Morcelé,
Et nous poursuivions son fantôme,
Sans tout à fait nous faire à l’idée,
Que son absence lui collait à la peau
Que son absence nous suivait tous.
Parce qu’il faut bien vivre,
Rappeler à la terre qu’on lui appartient,
Se rappeler à nous-même
Que nous ne sommes que chair,
Nous danserons.
Parce qu’il faut bien vivre,
Nous supplierons la terre
De nous soigner.
Nous supplierons nos sœurs
De prier pour notre salut.
Et dans nos rires,
Nos cris,
Dans le bruit des pieds,
Qui viendront faire hurler le sol,
Et dans nos tentatives désespérées
De s’enraciner,
Fleurira la guérison. »
Extraits
« La vie à Sangmélima n’était pas des plus simple. Pauline vivait dans un quartier pauvre de la ville. Les petites maisons en terre et toit de tôle s’enchaînaient sur des centaines de mètres. De ces mêmes baraques sortaient des enfants pieds nus, couverts de poussière. De ces mêmes baraques sortaient aussi les femmes, la plupart en kaba, ou en T-shirt et pagne, armées de leurs sacs plastique multicolores, qui dès 5 heures allaient griller les prunes, vendre les beignets au marché.
– Avant, je ne vivais pas là, expliqua un jour Pauline alors qu’elles rentraient du marché. Mais depuis la mort de Claude, je fais comme je peux. La vie, c’est la bagarre !
Et Pauline était de celles qui se battaient. Il en fallait, de l’énergie, pour survivre. Elle était veuve depuis quelques années déjà. Son mari était mort dans un accident de voiture, en revenant de Yaoundé, où il travaillait comme menuisier.
Elle n’avait pas eu d’enfants, au grand dam de sa belle-famille, qui n’avait rien trouvé de mieux à faire que de l’ignorer. Elle n’avait pas choisi son mari, comme beaucoup de femmes de son époque. Mais pourtant, au fil du temps, elle s’était attachée à lui. Maintenant qu’il avait été enterré ici, à Sangmélima, elle voulait rester auprès de lui et de sa tombe, pour lui rendre ses
derniers hommages. » p. 149
« Koundéré, je n’appartiens à personne. Nous n’avons pas signé les documents du mariage. Je ne repartirai pas avec toi, jamais. J’ai fui une fois, je fuirai une autre fois, encore et encore. Je prendrai ma fille, le soir, et je partirai de nouveau.
Je ne me fatiguerai pas, tu sais, je suis jeune. Chaque nuit, tu dormiras en sachant que je veux fuir.
– Je t’enchaînerai, rugit-il soudain.
– Si tu m’enchaînes, dit-elle d’un ton déterminé, je me jetterai dans le Wouri avec ma fille.
– Fais donc ! hurla-t-il.
– Andoun, mais tu es folle ! Qu’est-ce qui te prend, s’exclama Madeleine en essayant de lui attraper le bras. Mais Anne-Marie se dégagea sèchement, soutenant le regard de Koundéré. Un silence passa. Madeleine assistait horrifiée au refus d’obéir de sa sœur, au refus de plier.
– J’ai payé ta dot… dit-il enfin. » p. 183
« La réalité était sombre. Elle n’avait plus rien. Plus de passeport, plus d’économies, plus de lien avec son frère, aucun moyen de rentrer au Cameroun et à peine de quoi vivre ici. Elle eut soudain très froid. La panique se répandit dans ses veines, sa vue se troubla et des larmes se
mirent à couler toutes seules. Elle sentait un poids appuyer sur son cœur et, sous ses pieds, la terre se dérobait. » p. 232
« Elles se taisent beaucoup, les mères. Leurs silences sont des offrandes.
Elles ne disent pas qu’une partie de leur métier de mère, c’est tisser des bâillons pour soi-même. Alors on se muselle, pour le bien de ceux qu’on aime. On accepte, un instant seulement, d’abandonner son droit à la parole. On offre sa voix à la terre en espérant voir ses enfants fleurir. Comme toutes les mères avant elle, c’est ce que fit Anne-Marie. Puisqu’il le fallait, elle s’enracinerait elle aussi, pour voir sa fille grandir. » p. 330
À propos de l’autrice
Kiyémis © Photo Philippe Matsas
Kiyémis est poétesse et essayiste. Ayant à cœur de transmettre un message d’émancipation des normes de beauté et d’épanouissement des femmes, elle participe à des conférences en France et à l’étranger, et anime des ateliers d’écriture. En 2018 elle publie son premier recueil de poésie, À nos humanités révoltées (éditions Métagraphes), suivi en 2022 de son essai Je suis ton pire cauchemar (Albin Michel). Depuis mars 2023, elle présente l’émission « Rends la joie » sur Mediapart. Et, refleurir est son premier roman. (Source : Éditions Philippe Rey)
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