La sexualité et les préjugés masculins à travers les yeux d’un homme qui se voit obligé de remplir les cases que la société lui impose.
╰☆ Résumé ☆╮
« Les femmes ne servent qu’à augmenter ton score ? Ah, bravo. T’es un poète. Ce score est si cher à tes yeux, c’est pour t’en vanter auprès des autres mecs ? Et après, tu fais quoi ? Tu ne seras pas plus heureux ». Henri a 26 ans lorsqu’il découvre les rapports intimes et les plaisirs charnels. Mais face aux normes sexuelles et sociales, surgissent ses doutes, ses interrogations et ses frustrations. Son histoire, jalonnée de conversations sans tabou avec son entourage et d’expériences variées, nous amène nous aussi à questionner les diktats de la société et l’obsession de la performance. Un parcours initiatique qui nous fait prendre conscience de la nécessité de déconstruire la sexualité.
✿ Mon avis ✿
« Moi et elles », une BD sur la sexualité écrite par un homme. Sur le principe, j’adhère complètement et j’espère que d’autres textes de ce type foisonneront bientôt dans nos librairies. Toutefois, je ressors un peu mitigée à la clôture de cette lecture.
Tout d’abord, sur le ‘packaging’, j’avoue avoir été un peu perplexe face à certains choix éditoriaux. Je ne sais pas quel est le but recherché mais en lisant la préface, j’ai eu l’impression que les auteur – ‘Sainte Paluche’ (ça ne s’invente pas :p) et Maximilien Mpoto – destinaient ce texte à un public masculin. Or, les couleurs pastel, le titre et toutes les nanas présentent sur la couv’ appellent plutôt l’oeil féminin. En tout cas d’un bref coup d’œil, c’est l’impression que j’en ai… Notons toutefois que je suis pour le fait que 100% des livres peuvent être lus par 100% des gens. Il n’y a pas de ‘cases’ de lecteurs. Mais d’un point de vue commercial, j’ai quelques doutes sur certains choix dans ce cas-ci.
Ensuite, j’avoue n’avoir pas été convaincue par la plume de l’auteur. Peut-être car je me suis sentie en décalage aussi bien par rapport au personnage principal qui ne me ‘parlait pas’ personnellement ; qu’au niveau du langage très ‘jeune’ utilisé. Les « frères », cimer (c’est merci pour ceux qui ne vivent pas sur la même planète…) et autres petits exemples qui me donnent l’impression d’être une mamie (à 32 ans seulement, ça pique). Mais j’ai aussi eu quelques moments où je me suis sentie mal à l’aise face à certaines scènes et dialogues. Un peu trop ‘bruts’, malsains… c’est certainement une œuvre qui est plus masculine que ce que j’ai l’habitude de lire et je l’ai ressentie.
Mais… Mais… je l’ai lu d’une seule traite ! Cela veut donc dire que certains points m’ont tenu sur ma chaise, envieuse de parcourir les pages et de voir comment ce garçon coincé et anxieux d’être un homme qui n’a pas un tableau de chasse à la hauteur de ses espérances allait progressé au fur et à mesure des pages.
Contrairement à la couverture qui est très colorée, les planches sont toutes réalisée en noir et bleue. Est-ce volontaire pour ne pas avoir un héros de race noire sans être techniquement colorié en noir ? Ou bien juste le style décidé par les auteurs… Je me pose la question.
Dans l’ensemble, je dirais que c’est une œuvre qui n’est pas pour tout le monde. Aussi bien au niveau du langage utilisé, des thèmes et des scènes que l’on découvre. Sainte Paluche nous parle du culte de la performance, de la virilité toxique et de l’impact de la pornographie sur les préjugés et esprits des jeunes hommes. Son héros est parfois touchant, parfois vraiment frustrant (en tout cas, c’est mon impression en tant que lectrice de sexe féminin). Les scènes de partouze ne sont au final pas celles qui m’ont le plus marquées (elles avaient l’air plutôt cool avec plein de gens sympa :D).
C’est plutôt de réaliser tout ce qui est mis dans les têtes des hommes à l’heure actuelle… Toutes ces obligations que la société leur impose : baisser avec plein de filles pour avoir l’air viril, ne pas perdre sa virginité trop tard sinon c’est la honte, tenir super longtemps au pieu pour ne pas perdre la face… Toutes ces choses qui atterrissent dans la tête des gens plutôt que ce qui compte vraiment : l’autre, le consentement, le plaisir, le fait d’être bien avec ses partenaires, sans tabou, sans objectif de performance ou de case à cocher sur un tableau de choses. Et cela, je suis convaincue que ces messages sont très bien abordés dans ce livre. Le plus important est là. Après, certains choix des auteurs dans la manière de raconter l’histoire m’ont un peu moins parlé. Un avis donc en demi-teinte.
Mais gardons surtout à l’esprit le principal : ces sujets sont importants. Il faut se renseigner, propager, s’informer. Pour une société plus informée, en pleine conscience de soi, de l’autre et en oubliant tous ces préjugés et ces on-dit qui ne font que ruiner des vies. Je suis donc contente d’avoir découvert ce récit de vie, sous l’oeil masculin d’Henri, 26 ans. Je vous laisse découvrir par vous-même ce que vous en pensez si vous êtes curieux d’en savoir plus 😉
Partenariat non rémunéré – Service de presse envoyé par la maison d’édition.
CHRONIQUE 915 – Juin 2024
- Parution : Mai 2024
- Editeur : Leduc
- Nombre de pages : 160 pages
- Genre : BD/Société