Publié aux éditions de Minuit, 2020, 640 pages. La Bassée, un hameau isolé de trois maisons: Celle de Patrice Bergogne, de sa femme Marion et de leur fille Ida. Il y a aussi celle de Christine, une artiste peinte parisienne, venue trouver refuge dans ce coin perdu et rural. La dernière bâtisse est à vendre. Alors qu'on s'apprête à fêter les quarante ans de Marion, deux hommes attendent leur heure, au crépuscule. Le piège se referme alors... Quelle lecture fulgurante! J'appréhendais de lire ce roman parce que le style de l'auteur est assez singulier. Ses phrases sont longues, faites de détours, de parenthèses. Il faut s'y faire mais c'est le temps de quelques chapitres. Alors l'intrigue nous prend aux tripes. Laurent Mauvignier tient en haleine son lecteur sur 640 pages avec une intrigue, ma foi, minimaliste. Je me suis sentie oppressée, comme en apnée alors que les chapitres et les pages se tournaient. Cette manière d'écrire, si singulière, embarque le lecteur dans une histoire sombre. Au fil des pages, les ombres qui entourent les personnages se dévoilent. Le huis-clos prend tout son sens dans ce hameau perdu. Les secrets enfouis réapparaissent comme des cadavres flottants sur l'eau. Cette tension, ce phrasé puissant, les mots toujours justes viennent frapper le lecteur de plein fouet et le faire basculer dans le roman noir le plus total. L'angoisse devient assourdissante au fil des pages. On sent le drame, la chute, la fin qui se profile à l'horizon sans qu'on ne puisse rien faire pour l'endiguer. On assiste, impuissant, au déroulement inexorable de l'intrigue cruelle. Roman poignant, fulgurant et sombre, " Histoires de la nuit " est une vraie pépite.