Une famille de grands propriétaires terriens se retrouve ruinée. Sa seule richesse réside dans la possession d'un magnifique bateau en bois-sorcier, La Vivacia, jusqu'ici consacré au transport de marchandises. Or, peu avant de mourir, le capitaine Vestrit le lègue à l'époux de sa fille aînée, homme autoritaire et entêté, qui tente honteusement de restaurer la fortune d'antan en se livrant au transport d'esclaves. Cet héritage lèse ainsi la cadette, Althéa, qui entretient pourtant une complicité étroite et des liens passionnés avec le bateau sur lequel elle navigue depuis sa plus tendre enfance. Elle jure alors de le reconquérir coûte que coûte. Emportée dans une spirale de malheurs, la famille Vestrit va affronter les épreuves les plus terribles. Car la discorde divise désormais ses membres. Dans une atmosphère de plus en plus dramatique, Robin Hobb distille un suspense qui ne cesse de croître au fil des pages.
Pourquoi ce livre ? C’est pas souvent que cela m’arrive, ainsi je mets ce fait sur le compte de la magie appelée Hobb. Enchaîner les tomes d’une même saga, c’est un miracle comme on n’en attendait plus par ici !
Et pourtant, le premier tome n’avait pas été l'entière réussite que j’eusse espérée, en raison d’un contenu trop inducteur pour être totalement rythmé… Ce fut néanmoins intrigant pour ne laisser passer aucun temps entre les deux tomes.
Le Navire aux esclaves reprend exactement là où on a abandonné les personnages, à un point où je me suis demandée s’il y avait eu une coupe dans la version originale. C'était déjà le cas dans le premier cycle de L’Assassin royal mais l’autrice usait toujours de quelques pages pour repréciser un contexte. Ici, nada, si bien que j'étais très contente de ne pas avoir laissé passer quelques années entre les tomes.
J’ai le même reproche à formuler qu’au sujet du précédent opus. Je ne me suis pas ennuyée mais il s’y passe encore bien peu de choses… Certes, l’arc de la plupart des personnages progresse. Ça pimente un peu la donne, surtout du côté d’Althéa, qui me fascine toujours autant. Cependant ça manque toujours de péripéties retentissantes, d’un élément déclencheur qui viendrait bousculer les pions et relancer le plateau.
Je n’arrive même pas à dire que j'ai apprécié la fin à sa juste valeur car je suis restée focalisée sur le fait que ce serait une fin tronquée. Le prochain tome reprendra probablement exactement là où on s’est arrêtés. Cela ne m’a empêchée d'éprouver une certaine émotion concernant la situation d’Althéa (eh oui, encore elle !). C’est celle qui a obtenu ma plus grande sympathie. Apprendre ce qu’elle a traversé et constater la manière dont elle s’abandonne l’espace de quelques heures a soulevé quelque chose en moi. Les mots de Robin Hobb à ce moment-là m’ont d’ailleurs ravis, par le tourbillon d'émotions formulé avec pudeur.
Rien à changer pour les personnages. Vous l’aurez compris, j’adore ce qu’incarne Althéa. J’aime également la fidélité de Brashen, malgré ses côtés marins pochtrons. Ronica me plaît toujours, Keffria évolue enfin. Hiémain se cherche mais c’est un arc important pour lui : peu importe la décision qu’il prend, je suis curieuse de voir la route qu’il compte emprunter. Kennit est toujours le pirate qui joue les gros durs mais qui éprouve parfois une émotion tendre. J’ai plus de mal avec Kyle et sa fille Malta. Leur arc est pourtant intéressant. Quand le premier affirme son véritable caractère aux yeux de tous, maintenant que le pouvoir repose dans ses mains, la seconde se crée un chemin mouvementé et difficile, et je devine déjà la réaction du père face à ses frasques. Cela ne la rend pas attachante, loin de là, j’ai plutôt envie de lui administrer une correction…
Heureusement, l’intrigue n’avance pas mais le style est toujours entraînant, je prends plaisir à parcourir l’imaginaire de l’autrice et sa façon de raconter des histoires, avec toujours autant de justesse et de lexiques précis.
On avance avec toujours plus d’empressement dans cet univers, pourtant nous sommes tous deux (Mister et moi-même) dans l’attente d’un réel décollage de l’intrigue. Oui, les arcs se mettent en place et oui, on prend plaisir à suivre les personnages qui fourmillent sur les eaux et dans les ports. On attend avec impatience qu’un grand coup de pied vienne créer du remous dans la fourmilière… On se fait une pause d’une semaine, le temps de lire quelques autres petites choses, et on reprend l’aventure avec le troisième opus !
14/20
Les autres titres de la saga :
1. Le Vaisseau magique
2. Le Navire aux esclaves
3. La Conquête de la liberté
4. Brumes et tempêtes
5. Prisons d'eau et de bois
6. L'Éveil des eaux dormantes
7. Le Seigneur des Trois Règnes
8. Ombres et flammes
9. Les Marches du trône
- saga terminée -