Atmore, Alabama, Petite ville des États-Unis dans laquelle il ne se déroule rien. On y trouve des bars, une église, un casino et une prison. Un français débarque seul et se rend chaque jour devant cette dernière. Lui qui n'a aucune attache dans ce bled perdu, pourquoi cette prison semble-t-elle l'attirer comme un papillon l'est par une lumière? Ce court roman de 160 pages est un condensé de noirceur qui nous livre des personnages usés et écorchés par la vie. Il y a d'abord le personnage principal, ce français, qui guette cette prison et qui semble s'être perdu au pays des rednecks et des armes à feu. C'est par son regard d'étranger qu'on découvre cette petite bourgade américaine, pauvre, raciste, presque sans âme. Et c'est naturellement vers des personnages cabossés qu'il va se tourner en se liant notamment à une gamine, prostituée, qui pour se payer se dope, enchaîne les passes. Mais la plume de l'auteur insuffle une certaine humanité bienvenue à ses marginaux . Ces deux écorchés-vifs semblent s'être bien trouvés et développent un genre d'amitié très surprenant. Je me suis laissée saisir par cette intrigue simple mais finalement rudement bien menée. Et pour comprendre les raisons qui ont conduit notre personnage à se rendre à Atmore il faudra attendre les toutes dernières pages qui livreront les clés de l'énigme, comme une fulgurance évidente.