Amerika, également connu sous le titre Le Disparu est un roman inachevé de Franz Kafka, publié à titre posthume en 1927. Il vient d'être réédité, ainsi que tous ses autres romans, dans une nouvelle traduction, à l'occasion du centenaire de la disparition de l'écrivain.
Karl Rossmann, dix-sept ans, arrive de Prague à New York, expédié par ses parents pour échapper à un scandale où il aurait été séduit par une femme plus âgée que lui. Une terre étrangère dont il ne parle pas la langue, les mésaventures vont s'enchainer les unes aux autres. Encore sur le navire qui vient d'accoster dans le port où se profile au loin la statue de la Liberté, il fait la connaissance de son oncle Jakob, sénateur et entrepreneur aisé qui le prend sous son aile avant d'être chassé et redevenir un émigré à la recherche d'un job ; il tombe alors sous la coupe de deux types Delemarche un Français et Robinson un Irlandais qui vont lui attirer ennuis sur ennuis, tout en se prétendant ses mentors et l'initier à la vie du pays...
Je vais être franc et direct, je n'ai pas trop aimé ce bouquin !
Certes, de nombreuses excuses et raisons valables peuvent en expliquer mon jugement : c'est un roman inachevé donc par définition Kafka n'avait pas prévu de le faire publier tel quel ; ce premier point explique pourquoi certains passages sont peu compréhensibles ou s'enchainent bizarrement. Autre raison, la psychologie des acteurs ou les motifs expliquant leurs agissements sont difficiles à comprendre (pourquoi l'oncle chasse Karl ? etc.) et ce Karl, nunuche, naïf, m'a agacé au plus haut point (mais on peut éventuellement lui accorder le bénéfice de la jeunesse).
Sinon, qu'ai-je vu dans ce roman : Karl fait preuve de toute la bonne volonté du monde pour trouver un emploi et le faire du mieux qu'il peut mais sa naïveté le fait foirer tout ce qu'il entreprend, incapable de se défaire du tandem Franco-Irlandais. Kafka explore la difficulté à s'intégrer dans une société étrangère et la recherche d'une nouvelle vie. Roman initiatique, burlesque et picaresque, car précisons-le pour ceux qui ne l'ont jamais lu, Kafka sait distiller humour (le chapitre " Toilette de Brunelda ") et érotisme discrets (le " combat " au corps à corps entre Karl et Klara, fille d'un ami de son oncle). Pour en résumer le but, le livre aurait été une critique du rêve américain s'il avait été achevé, ici ce n'est qu'un brouillon touffu.
N'ayant pas vraiment aimé ce livre mais vu sa renommée, j'ai lu les critiques d'éminents spécialistes de son œuvre, dont je n'ai retenu que chacun y voyait ce qu'il voulait y voir. Qui suis-je pour critiquer... ?
" Lorsqu'à l'âge de dix-sept ans Karl Rossmann, qui avait été envoyé en Amérique par ses pauvres parents parce qu'une bonne l'avait séduit et avait eu un enfant de lui, entra dans le port de New York sur le bateau déjà passé à la petite vitesse, il aperçut la statue de la Liberté, qu'il observait depuis un bon moment, comme nimbée d'une lumière solaire devenue soudain plus forte. On aurait dit que son bras armé de l'épée venait tout juste d'être brandi tandis qu'autour d'elle les brises tournoyaient sans entrave. " Ce qu'elle est haute " se dit-il... "
Traduction nouvelle et édition de Jean-Pierre Lefebvre