La petite menteuse – Pascale Robert-Diard

Lisa Charvet se présente au cabinet d'Alice Keridreux, une avocate : elle ne veut être défendue que par une femme. Lorsqu'elle était adolescente, elle a accusé un ouvrier venu faire des travaux chez ses parents d'avoir abusé d'elle. Le plâtrier âgé de 32 ans au moment des faits a été condamné pour viol sur mineur à une peine de dix ans de prison. Ayant toujours nié les faits, il a fait appel et le nouveau procès est prévu dans quatre mois. Lisa décide alors de raconter la véritable histoire à Alice. Un récit bien différent de sa première version.

Aux yeux d'Alice, Lisa est une cliente inattendue, " une vie percutée " parmi d'autres, qu'elle reçoit froidement, un peu dépitée par les aléas de son métier: " les meilleures plaidoiries sont toujours celles que l'on refait après " avoue t-elle. Mais elle a une fille de l'âge de Lisa, et lorsque cette jeune femme mal dans sa peau lui raconte son parcours, Alice bouleversée, décide de la défendre. Car le cas de Lisa pose de multiples questions : à contre-courant des polémiques actuelles où l'on est plus enclin d'insister sur le fait que l'on ne croit pas suffisamment les enfants et les femmes en général, Lisa avoue avoir menti sur cette agression sexuelle. La vérité est toute autre et toute aussi sordide. Alice, tout comme les jurés et toute personne impliquée dans l'affaire, est consciente que le mensonge de Lisa décrédibilise la parole de victimes d'agressions sexuelles. Comment dans un tel contexte social gérer le cas du mensonge? Alice s'est battue pour trouver sa place dans ce milieu en tant que femme, elle est humaniste et altruiste et le prouve dans ce dossier qu'elle s'acharne à défendre, à l'encontre de tous. Sa plaidoirie sera saisissante car quelque soit sa version, l'enjeu pour Alice est bel et bien de sauver Lisa, qui, en dépit de ses torts reste une victime à défendre.

Le sujet est complexe, extrêmement actuel : comment distinguer la vérité du mensonge dans des cas où la science et la médecine viennent accréditer des propos qui en réalité sont faux. Les affirmations de Lisa lorsqu'elle avait quinze ans avaient été jugées authentiques par des experts psychiatres. De même que l'examen de médecine légale auquel s'est soumise la jeune fille a plaidé en faveur de ses dires. De plus elle a bénéficié de la bienveillance de deux de ses professeurs qui à l'époque l'ont écoutée et aidée. Ce roman subtil, à la plume précise et efficace remet en cause nos certitudes et invite à la réflexion sociale.