Plus rien à perdre – Jean-Luc LUCIANI

Par Lamouche

Plus rien à perdre
Par Jean-Luc LUCIANI
Chez Le Muscadier, collection « Rester vivant« 

Avertissements de contenu : Violences physiques, élitisme, racisme.

Nassim, Hichem, Sandro, Yasmine et François, amis depuis l’enfance, traînent leur ennui au pied des immeubles jusqu’au jour où l’un de leurs exploits va faire parler d’eux dans le quartier. Dès lors, ils vont être approchés par la mairie de secteur qui compte sur eux pour accomplir ses basses besognes. Mais les amis ne l’entendent pas de cette oreille, et ils n’hésiteront pas à entrer en conflit avec la mairie pour défendre leur intégrité.


La violence des quartiers n’est généralement pas créée par ses habitants. Il y a une question de systémique, de clichés crasses qui collent si bien à la peau qu’on devient ceux-ci. Jean-Luc Luciani l’a bien compris.

La spirale des violences, l’abandon qui amène à la sauvagerie, cette sensation d’appartenir nul part… c’est mené avec brio. Nous comprenons l’impulsivité de François, sa situation et la situation de son quartier offre de la lecture à ses actes malheureux.
Il reste attachant, François. Je le comprends dans cette sensation d’injustice et d’être au pied du mur.

Mais ce qui aurait pu devenir un roman coup de poing a finalement été très difficile à lire. Je n’ai vraiment pas accroché à la plume de Jean-Luc Luciani : je l’ai retrouvée surfaite, fausse. Dans les quartiers, on parle différemment que dans les centres-villes, c’est certain, mais dans Plus rien à perdre, le trait est poussé si fort qu’on dirait une farce. Une farce qui, pour le coup, desserre complètement le roman et ce qui aurait pu aider les lecteurs à mieux comprendre ou s’identifier avec nos camarades des quartiers.
Certains détails m’ont également semblé invraisemblables. Les caches d’armes existent mais comment des gamins qui – visiblement – ne sont dans aucune organisation savent leur emplacement ? Plus c’est gros, plus ça passe : ce que je me suis dit un bon trois-quart de ma lecture.

Plus rien à perdre aurait pu être un beau roman où les oubliés des quartiers auraient pu se reconnaître mais à la place, j’ai eu l’impression de lire une glamourisation de cette violence généralisée. Je ne recommande pas du tout ce roman.