North Soul, Tome 1 : Désillusion de Manon Donaldson

Par Bib Hlm @bibHLM

Résumé :Les rêves de la jeune Breena ont toujours été peuplés d’aventure et d’amour passionné.Fille unique du baron de Novgorod, elle aurait dû mener une existence luxuriante. Mais la ruine qui menace sa famille a anéanti ses espoirs et fait d’elle une simple monnaie d’échange.
Son père a cédé sa main à un comte aussi hideux que détestable : Henry de Duharnais.Malgré la désillusion qu’engendre ce mariage arrangé, Breena, prisonnière de son rang et de son éducation, n’a d’autre choix que d’accepter son devoir.
Sitôt les noces célébrées, le couple prend la mer en direction du fief du comte, sous la protection d’un convoi viking. À la tête de celui-ci, Tov, guerrier légendaire, navigateur émérite et séducteur-né. Sa réputation le précède, rien ni personne ne lui résiste jamais. Ce qu’il désire, il le prend, le vole ou le pille sans aucun scrupule.
Escorter Henry de Duharnais où qu’il aille, c’est officiellement la mission du Viking. Officieusement, ses motivations sont bien plus sombres. Mais côtoyer la jeune et belle épouse complique ses plans. Breena ravive son passé, et le désespoir qu’elle tente de cacher réveille en lui un instinct de protection qu’il lui est impossible de brider.
Quant à Breena, elle doit se rendre à l’évidence. Ses promesses de demeurer une bonne épouse s’effritent au contact de cet étrange géant du Nord. Tout en lui est contraire à ses valeurs. De son aura sauvage à son corps de dieu, jusqu’à ses mœurs répréhensibles.Le Viking est là pour la protéger, mais dès le premier regard, elle sait qu’il sera son guide vers les abysses.
Tov préfère mourir que de perdre, alors comment expliquer que la douce et naïve Breena soit le seul combat qu’il craint de gagner ?
Mon avis :
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler que ce livre s’adresse à un lectorat averti en mesure de mettre une distance entre ce qui est présenté et la réalité. Ici, il n’est pas question d’une quelconque apologie de la violence ou des relations toxiques. Cette fiction décrit des relations évidemment problématiques, où la violence est omniprésente, la notion de consentement est inexistante. Cela dit, il ne s’agit pas de la juger ou de la comprendre (autant stopper les vagues avec ses mains), il s’agit d’apprécier (ou non) la façon dont l’auteur imagine cette histoire et la raconte avec ses tenants et ses aboutissants. Ses enjeux et ses dommages directs et collatéraux.

Une bonne histoire de Vikings faite de drame, de larmes et de sang avec des personnages entiers, tantôt cruels, tantôt touchants. L'autrice les raconte avec un souci de véracité, sans les édulcorer. Quand vient le moment des confrontations, elle ne lésine pas sur la violence et parvient à nous convaincre que c’était la seule issue possible !
D’une entrée en matière éculée : un père, au bord de la banqueroute, vend sa fille sans dot au plus offrant - un homme qui s’avère monstrueux et sadique -, l'autrice nous fait une proposition unique, notamment par la galerie de personnages qu’elle nous propose. L’héroïne y croit. Elle tente de convaincre son époux d’un avenir à deux. Sa foi l’a modelée à cette ténacité. Enfoiré ou non, sa situation de classe l’a modelée à encaisser. Elle est touchante dans sa détermination et dans sa naïveté.
Les premières étapes du schéma narratif s'installent et nous donnent un sentiment de “OK, s’il se passe ça : il ne peut rien se passer de pire”. Évidemment, les retournements de situation sont toujours imprévisibles et l'autrice va au bout des drames et le fait sans surenchère, avec un équilibre jusqu’au-boutiste.
L’histoire est construite à base de tension, de suspense et d’interrogations avec un équilibre qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page.
Je chipote : Par sororité, amies autrices, s’il vous plaît : arrêtez avec les TW sibyllins. On ne demande pas une annonce en style à l’ouverture de vos histoires, pour nous rappeler qu’elles s’adressent à des publics majeurs - ça vos éditeurs devraient le faire sur la quatrième de couv' -. On attend des termes précis pour nous préserver de thématiques qui peuvent nous mettre dans le mal ! Ici, il est question de viols conjugaux à répétition et explicites, de violence conjugale verbale et physique à répétition et explicite ; de pensées suicidaires ; de fausse couche…
Au plaisir.
Aux survivantes : On vous croit. Toujours. #MeToo.
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