L'honorable collectionneur - Lize Spit
ACTES SUD
Parution : 02/05/24Traduit du néerlandais par Emmanuelle TardifPages : 144
ISBN : 978-2-330-19258-7
Prix : 16 €
Présentation de l'éditeur
Depuis que ses parents ont divorcé, Jimmy trompe la tristesse et la solitude en collectionnant les flippos, des vignettes qu’il trouve dans les paquets de chips. Quand Tristan, un réfugié kosovar, arrive dans sa classe, Jimmy, excellent élève, est chargé de l’aider. Les deux garçons deviennent très amis, mais bientôt la famille kosovare est menacée d’expulsion. Heureusement, Tristan a un plan pour obtenir le droit d’asile, un plan où un rôle crucial mais mystérieux est dévolu à Jimmy… Diffusé à des centaines de milliers d’exemplaires en langue néerlandaise, le nouveau texte de Lize Spit est un roman puissant sur l’amitié et l’immigration. Un véritable coup de poing narratif.
Lize SpitLize Spit (1988) a grandi dans la Campine anversoise, mais vit à Bruxelles depuis 2005. Elle a obtenu une maîtrise en scénarisation du RITCS. Elle a remporté le prix du public et du jury à Write Now! en 2013.
En 2016, son premier roman « Het Smelt » a été publié et s'est vendu à plus de 200 000 exemplaires. Des traductions dans douze pays et une adaptation cinématographique ont suivi. Le livre a remporté le Bronze Owl, le Book Trade Prize, le Hebban Debut Prize, est devenu livre de l'année du CNRC et a été sélectionné pour le prix de littérature Libris et le Premio Strega Europeo. Son deuxième roman « Je ne suis pas là » a été publié en décembre 2020.
Lize Spit travaille comme conférencière invitée en écriture créative pour la LUCA School Of Arts et le RITCS. Elle est chroniqueuse à De Morgen.
Source : site de l'autrice
Mon avis
Si vous avez lu le permier roman de Lize Spit - Débâcle - , retour dans ce petit village flamand de Bovenmeer dans les années 90.
On découvre Jimmy, 11 ans, il nous raconte cette histoire avec ses yeux de pré-adolescent. Jimmy est rejeté par ses parents divorcés, il trouve refuge dans sa précieuse collection de Flippo's. Dans les années 90 on trouvait ces petits disques cartonnés dans les paquets de chips. Jimmy les collectionne méticuleusement, il les bichonne, les classe dans des albums à cet effet. Il imagine déjà son heure de gloire lorsqu'il aura récolté la plus belle collection du pays.
Tristan, c'est un réfugié kosovar qui est arrivé au village avec sa famille et ses frères et soeurs il y a un an. Etant bon élève, c'est Jimmy qui a été désigné pour aider Tristan à apprendre la langue. Ils sont devenus inséparables, son meilleur ami à qui il envisage d'offrir les doubles de sa collection lorsqu'il apprend que la famille va être expulsée du pays.
Jimmy va régulièrement chez son ami, ce soir il va pouvoir y loger et se rendre compte de façon encore plus grande les traces laissées par la guerre. Tristan et sa soeur ont un plan pour rester en Belgique, ils sont prêts à tout pour ne pas retourner dans leur pays, Jimmy fait partie du plan.
On ressent très vite la tension au fil de l'écriture de ce court roman. On sent aussi que l'issue risque d'être tragique. Une fois encore Lize réussit brillament à nous capter par l'intensité de son écriture.
Au départ d'un fait réel elle nous raconte les séquelles de la guerre et ses traumas mais aussi une belle histoire d'amitié, de solidarité sous le regard candide des enfants. Intense et très bien mené.
Ma note : 9/10
Les jolies phrases
Jimmy tendait la main vers le paquet de chips recommandé par son instinct, ce paquet qui lui donnait l’impression qu’il le choisissait, lui, plutôt que l’inverse, ce paquet dont il pouvait jurer qu’il lui chuchotait à l’oreille, et même qu’il se penchait un peu vers lui, sauf qu’au tout dernier moment, juste avant de l’attraper, il changeait d’avis et saisissait au hasard un paquet voisin, silencieux et vide de promesses. De cette façon, Jimmy esquivait le sort, obtenant quelque chose qui en fait ne lui était pas destiné. Il avait la certitude qu’il aurait plus de chance avec ce qui ne lui était pas dévolu au départ.
Dans la famille Ibrahimi, on ne dormait pas chacun dans son lit, mais tous ensemble sur des matelas posés à même le sol. Jimmy l’avait vu de ses propres yeux au cours d’une partie de cache-cache, lorsqu’il s’était engouffré dans la chambre à la recherche d’une planque. La pièce ressemblait à un vœu exaucé, à une piste d’atterrissage tapissée de couvertures et d’oreillers sur lesquels on pouvait enchaîner les galipettes et faire la roue, ou le poirier, sans se casser le dos.
Le visage et les mains du père de Tristan étaient lacérés de cicatrices datant de la fois où il avait dû défendre ses filles contre des trafiquants d’êtres humains. La mère de Tristan, enceinte de sept mois au moment de quitter son pays, avait accouché au centre d’accueil et prénommé sa fille Paola, par gratitude pour les bons soins reçus en Belgique. La reine en avait été informée et son petit mot de remerciement trônait dorénavant, dans un cadre, sur le manteau de la cheminée
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