Un policier bien ficelé avec une plume à la fois soutenue, douce et fluide.
Si ce thriller a bien failli s'intituler Saint-Barthélemy, c'est que ces massacres historiques ont laissé leur empreinte jusqu'à aujourd'hui. L'histoire débute par une incartade en 1572, l'année de création d'une toile du très particulier peintre Giuseppe Arcimboldo. On retrouve ensuite ce tableau de nos jours qui servira à cacher d'anciennes cicatrices du torse d'un riche héritier du bord du lac Léman. Il trouve le moyen de se faire greffer à même la peau cette toile achetée dans une vente aux enchères. Techniquement, et en un sens artistiquement, c'est un véritable exploit et une première mondiale. Sitôt présenté publiquement, l'héritier disparaît. On retrouvera son corps mutilé et réduit en charpie auquel il manquera le tableau. L'enquête s'avèrera difficile tant des horreurs qu'elle révèle que du manque de pistes. Elle sera confiée à la belle et talentueuse inspectrice Jasmine Biolay. Des investigations aux incessants rebondissements qui toucheront jusqu'à sa sphère privée et lui seront personnellement difficiles à surmonter.
Je voudrais tout d'abord commencer par remercier Christophe Terribilini pour m'avoir proposé son livre en SP via le site SimPlement, ainsi que les Éditions Cohen&Cohen pour l'envoi du livre papier (du double envoi, devrais-je dire, le premier ayant été égaré par la Poste... -_- ).
J'en profite pour valider la catégorie n°63 Concernant la couverture, même si je n'étais pas fan de prime abord, j'ai appris à l'apprécier. Et plus je la regarde et plus elle me parle. D'autant plus qu'elle représente un tableau qui existe bel et bien : Concernant la plume de Émilien, propriétaire d'une galerie d'art qui périclite, se rend à l'hôtel de
(Livre qui a bénéficié d'un soutien pour l'écriture, la traduction, l'édition (aides du Centre national du livre, résidences d'écrivain...)) du Défi Lecture 2024.
Christophe Terribilini, j'ai tout de suite accroché. Elle est soutenue, mais pour autant sans prétention, à la fois douce, fluide et agréable. Les mots glissent tout seuls et c'est un réel plaisir de tourner les pages. Sans compter qu'elle est accessible à tout le monde, que l'on apprécie l'art et/ou son histoire ou que l'on n'en ait aucune notion.
Inutile de vous dire qu'Émilien est dans tous ses états.C'est alors qu'une macabre découverte va avoir lieu dans le village de Saint-Barthélemy. Le côté sordide de l'affaire fait que le poste de Jasmine va être mis au courant. Cette dernière y voit un lien avec son affaire de disparition et demande à son chef à être mise sur l'enquête, ce qui va être fait.
Quelle idée saugrenue, n'est-ce pas ? Après, j'aurais tendance à vous dire : dans ce monde, plus rien ne me surprend. L'être humain est capable de tellement de choses...
Cependant, j'ai aimé le pourquoi d'une telle décision, autant physique qu'émotionnelle.
J'ai aimé le caractère de l'inspectrice, qui est vraiment professionnelle et ne néglige rien pour boucler son enquête. Elle est droite et déterminée. Par contre, elle ne supporte pas énormément la pression et va partir en vrille à un moment, se noyant entre autres choses dans l'alcool. J'avoue que mon estime pour elle en a pris un coup car c'est un trait de caractère que je n'aime pas, que ce soit chez un personnage fictif ou une personne réelle.
Cette dernière sera loin d'être de tout repos, entre indices inexistants, peu de pistes à explorer, aucun suspect... Pourtant, Jasmine ne laisse pas tomber et est bien décidée à explorer toutes les voies qui s'offrent à elle pour résoudre son affaire, même si une en particulier la touchera personnellement et sera difficile à surmonter.
Néanmoins, cela ne m'a pas empêchée de me prendre dans l'enquête et de la suivre avec intérêt, me demandant qui pouvait être l'auteur d'une telle atrocité et, surtout, pourquoi.
On ressent que l'auteur maitrise son sujet au niveau de l'art. Si j'ai bien compris sa ligne conductrice, il prend une œuvre, retrace son histoire et écrit un roman autour. J'aime bien cette idée, que je trouve très intéressante. Le résultat est, pour ma part, plus que concluant. Cela m'a, en outre, permis de découvrir un peintre que je ne connaissais pas et d'en apprendre plus sur lui.
J'ai aussi beaucoup apprécié le personnage d'Elio, un peu dans la lune, un peu extravagant aussi (d'une certaine manière), mais passionné par tout ce qui touche l'art ainsi qu'à son histoire et qui se mettra en quatre pour aider une amie.
Le commissaire Crettaz est aussi un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Il est droit, agréable, et amène pas mal d'humour avec ses répliques de films (pas toujours appréciées à leur juste valeur par ses collègues lol).
Par contre, ce n'est pas un livre que, personnellement, j'aurais qualifié de roman noir, encore moins de thriller. C'est néanmoins un bon policier.
En résumé, j'ai passé un très bon moment entre les pages de ce livre, que j'ai terminé assez rapidement tellement sa lecture est facile et fluide, malgré le fait que je ne connaisse rien à l'art. L'histoire est intéressante, le sujet innovant, et l'intrigue rondement menée. Les personnages sont attachants, même si je n'ai pas approuvé les petits travers de Jasmine.