Après un premier volume consacré à trois formes de résistance face à l’oppression, Toulmé aborde cette fois-ci la question du rapport au travail, une fois encore à travers trois exemples concrets sur trois continents différents. D’abord aux États-Unis, où s’est développé le phénomène de la grande démission, puis en Corée du Sud, où l’excès de travail entraine des souffrances pouvant aller jusqu’au suicide ou à la mort par épuisement et enfin aux Comores, où le développement économique tente de se conjuguer avec une certaine forme de durabilité.
Entre chaque reportage, les intermèdes où le dessinateur interroge la sociologue Dominique Méda offrent une remise en perspective passionnante des témoignages recueillis sur le terrain « à hauteur d’homme ». La combinaison entre le factuel et l’analyse à posteriori enrichit le propos et donne de l’épaisseur à l’ensemble. Et comme d’habitude Toulmé fait du Toulmé : respectueux de la parole de l’autre, curieux, sans jugement ni à priori, jamais avare d’autodérision et de petites pointes d’humour qui permettent quelques respirations au cœur de thématiques parfois pesantes.
Bref une fois de plus c’est un sans-faute. Vulgarisatrice, didactique, éclairante et débordante d’humanité, cette enquête sur la place du travail dans le monde ouvre les yeux sur des situations bien différentes de celles que l’on a l’habitude de connaître en France.
Les reflets du monde en lutte T2 : Et travailler et vivre de Fabien Toulmé. Delcourt, 2024. 350 pages. 25,95 euros.